
Juin 2025
Il y a tant à voir en Colombie… Nous n’y resterons qu’un petit mois, malheureusement. Mais quel mois ! Comme annoncé, nous arrivons à Carthagène des Indes. Cette ville, extraordinaire, nécessite un article rien que pour elle.
Suivra l’article sur notre périple de 15 jours dans les terres de Colombie, dense, magnifique, et d’une diversité incroyable.
Je vous emmène donc, dans un premier temps à la découverte de Carthagène des Indes !
Une ville dont le nom m’a fait rêver toute ma vie, comme Saint-Malo ou Essaouira. Il y a des destinations prédestinées. Celle-ci en fait parti !
L’arrivée sur la ville en voilier est magique.



Et le mouillage avec vue sur la vieille ville incroyable.



Nous y arrivons le week end de la célébration des 492 ans de sa fondation.


Le 1er juin 1533 a marqué un tournant dans l’histoire des Caraïbes colombiennes. Ce jour-là, le conquistador espagnol Pedro de Heredia fondait la ville de Carthagène des Indes, un joyau colonial qui allait devenir l’un des ports les plus importants des Amériques, un pôle de commerce, de défense militaire et de résistance culturelle. Aujourd’hui, 492 ans plus tard, Carthagène continue de briller comme l’une des destinations les plus emblématiques de Colombie, et son anniversaire est célébré par un programme culturel dynamique qui met en valeur son histoire, son art et l’esprit de son peuple.
Que représente l’anniversaire de Carthagène ?
Plus qu’une simple date commémorative, l’anniversaire de Carthagène est l’occasion de réfléchir et de célébrer la résilience et la diversité de sa population. Il incarne la fierté d’une ville qui, malgré les difficultés sociales, est restée un symbole culturel et touristique de la Colombie. C’est aussi l’occasion de célébrer son identité unique, façonnée par un puissant mélange de racines africaines, autochtones et européennes qui influencent sa musique, sa cuisine, sa langue et ses traditions.
Mais pourquoi Carthagène des Indes ?
Carthagène doit son nom à la ville espagnole de Carthagène, en Murcie, mais elle s’est rapidement forgée une identité propre. Durant la période coloniale, elle joua un rôle central dans le commerce d’esclaves et de marchandises africaines entre l’Europe et les Amériques. Sa situation stratégique sur la côte caraïbe en fit une cible pour les pirates et les puissances rivales, ce qui conduisit à la construction d’un impressionnant système de murailles, de bastions et de forts, comme le Castillo de San Felipe de Barajas. Ces fortifications sont aujourd’hui inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984.
Au-delà de sa richesse architecturale, Carthagène a une profonde valeur symbolique pour la Colombie, car elle fut l’une des premières villes du pays à déclarer son indépendance de la domination espagnole le 11 novembre 1811, un geste audacieux qui souligne son esprit combatif.
Mais ça se mérite, car le mouillage en question n’est pas de toute tranquillité. Le ballet incessant, de jour comme de nuit, des lanchas, vedettes, zodiacs, catamarans transportant des colombiens joyeux, bruyant avec toute sorte de musiques à fond, des sonos comme nous n’en avions plus connues depuis le Brésil. Les watts se déchaînent. (video)




Toutes ces embarcations s’amusent à passer au plus près des voiliers à l’ancre, au risque, nous alarme t’on, de se prendre dans nos chaînes. Et les remous vont avec. En mono ça ne doit pas être très confortable !

Les premiers jours, nous avons hésité à quitter Maverick, d’autant que les orages ont frappé fort pendant 3 jours (video). Grosses pluies, tonnerre, éclairs et les bateaux tournant dans tous les sens. Ce qui a occasionné un incident, qui aurait pu être beaucoup plus grave.
En voici le résumé..
« Péripéties de notre première nuit au mouillage de Carthagena. Le danger est moins en mer qu’au mouillage…
En plein orage, sous un fort grain et gros vent, nous sommes réveillés par un bruit sourd sur la coque tribord, où nous dormons. Nous sortons en catastrophe, et que voit-on ?
Un monocoque acier, lourd, collé à nous, son ancre toujours accrochée. Il « chasse « , donc dérive…Mais que faire sous ces trombes d’eau? Par battages installés en catastrophe, moteurs allumés, toujours sous des trombes d’eau, nus comme Adam et Eve, on avance pour essayer de s’écarter sans provoquer de dégâts irréversibles…
Le plus gros danger : que sa chaîne passe sous la coque et arrache safran et hélice. Il est seul sur son bateau, moteurs en panne. Les voisins sont tous réveillés.
Au prix de manœuvres et de force de la part de Jean Benoît pour l’écarter de nous, j’avance sur notre chaîne.
Ouf, il est derrière. Maintenant il faut maintenir la distance car avec l’orage ça tourne dans tous les sens. Nous décidons de relever l’ancre et de nous installer à sa place antérieure, bien devant… Manœuvre réussie.
Il est 2h du matin et le sommeil a fuit. Et la peur rétrospectivement d’avoir échappé au pire. Il se serait encastré sur notre martingale, entre nos deux coques, notre voyage était fini pour un bon moment…Mais maintenant tout va bien. Nous nous sommes rendormis, nous avons récupéré et nous partons visiter Carthagène. Advienne que pourra.
Et malheureusement, pas de morale de l’histoire… Ça peut arriver à tout le monde, sauf dans les îles désertes, comme Blanquilla !
Le bateau en question. Je n’ai pas pris de photo dans l’action. Vous ne m’en voudrez pas… »

Mais, tous ces désagréments s’effacent devant la beauté de cette ville!
Le premier soir, bien évidemment, nous allons prendre le pouls de la vieille ville.
Nous avons 2 km à faire pour la rejoindre. Et c’est la fête pendant 3 jours : des concerts, défilés, danses : la ville commémore le 1er juin, ses 492 ans d’existence.
Nous aurons notre feu d’artifice. Nous n’en demandions pas tant!
Nous découvrons un magnifique bar sur un toit terrasse avec une vue magique sur carthagène et sa baie. On verrait presque Maverick!




Le jour suivant, à nous Carthagène, car les musées sont gratuits, ou presque, du fait de la commémoration. Visite du musée de l’inquisition et du musée de l’or. Nous nous réservons le musée naval, payant, pour un autre jour, avec moins d’affluence.
La fête bat son plein mais nous nous éclipsons vite pour une soirée tranquille sur Maverick. Après notre mésaventure de la nuit, nous ne sommes pas trop sereins.
Et en direct, installés sur notre trempoline un second feu d’artifice, presque pour nous ! (video).
Le lundi est un jour très orageux. Ça tonne fort et notre ami le bateau en acier a de nouveau chassé après avoir repris sa place devant nous. Pas sur nous, fort heureusement mais il s’est fait rappelé à l’ordre. Le voila parti loin de nous. Tant mieux !
Nous ne quitterons le bateau que pour la soirée pour découvrir le quartier festif de Getsenami.
Getsenami,
C’est dans ce quartier situé entre le Castillo San Felipe et le centre historique qu’est né le mouvement indépendantiste en 1811. Aujourd’hui ces ruelles aux maisons coloniales souvent décorées de peintures murales et de graffitis accueillent la jeunesse festive dans une ambiance bohème. Bars, restaurants typiques, spectacles de rue… la place de la Trinidad est l’une des plus animées de Carthagène des Indes.






Les jours suivants, nous décidons de descendre à terre très tôt, avant la forte chaleur. Évidemment nous ferons le tour des remparts plusieurs fois. C’est une bonne séance de sport car il nous faut nous préparer pour notre séjour à Bogota et notre Trek en altitude de 3 jours dans les montagnes au dessus de Salento. Nous ferons entre 12 et 14 km par jour, ce qui est plutôt pas mal. Ça faisait bien longtemps!
Première étape : les remparts.
C’est la fortification la mieux conservée et la plus complète d’Amérique du Sud, et l’un des meilleurs murs des villes fortifiées au monde. Nous parcourrons les 11 kilomètres du cordon fortifié préservé, l’une des attractions les plus importantes de Cartagena, déclarée patrimoine culturel de l’humanité, un trésor inestimable qui n’a pas seulement résisté aux attaques des envahisseurs, du temps et de la nature.




Construits pour éloigner les ennemis, aujourd’hui les murs sont un symbole de Cartagena, invitant les voyageurs à pénétrer dans une ville pleine d’histoire et de détails uniques.






En 2020, les murs préservés de Cartagena ont 406 ans d’existence. Ces murs ont été témoins de diverses luttes et de l’évolution de Cartagena, qui est reconnue sous le nom de « La Heroíca ». C’est un joyau d’architecture et d’ingénierie militaire.


Visiter la ville historique
Après nos 10 minutes de marches quotidiennes pour rejoindre le centre historique, nous passons dans un premier temps devant le palais de la convention et le patio de la Banderas. Magnifique !



Puis direction la vieille ville. Pour se faire, nous nous présentons sur la Place de Los Coche, autrefois place où se vendait les esclaves.



Il nous faut passer ensuite sous la tour de l’horloge qui est la porte principale d’entrée à la vieille ville de Carthagène. Elle a été construite par Juan de Herrera y Sotomayor. L’ingénieur militaire a choisi une architecture de style postclassique avec des colonnes toscanes et des arcs semi-circulaires romains. Cette porte est un des chefs-d’œuvre hispano-américains les mieux conservés au monde, même si les habitants racontent qu’il s’agit simplement de la « Puerta del Reloj ».
Ornée de maisons coloniales à balconnet de plusieurs couleurs, cette place de forme triangulaire est la porte d’entrée de la vieille ville.


Nous nous enfonçons dans les ruelles et rejoignons la cathédrale Santa Catalina. Construite en 1577, la cathédrale Sainte-Catherine d’Alexandrie est l’une des plus anciennes cathédrales d’Amérique. Au fil des années, elle a subi de nombreuses transformations. La plus remarquable est sa couverture en stuc qui lui donne une apparence de marbre.



Puis découverte de la place Bolivar, ornée d’une statue équestre de Simon Bolivar. C’est l’une des place les plus vivantes de Carthagène, où de nombreux artistes de rue viennent danser et chanter sur des rythmes de cumbia colombienne, lorsque le soleil décline (video). Elle est entourée du palais de l’Inquisition et du musée de l’or.






Le saviez-vous? Sous la statue, on peut lire les paroles du libérateur “Si Caracas m’a donné la vie, vous m’avez donné la gloire”.

Nos pas nous mènent ensuite à la magnifique église de San Pedro Claver construite au début du XVIIe siècle par des religieux de la communauté jésuite. Le nom est un hommage à San Pedro Claver qui a lutté pour les deshérités, les opprimés et la libération des esclaves. Ce prêtre a consacré sa vie à l’évangélisation des esclaves noirs de la Nouvelle-Grenade. Les restes du missionnaire sont conservés dans une urne du maître-autel.







Puis nous flânons dans les rues, y découvrons les multiples métiers, -tels que le cordonnier, les carrossiers, les artistes-, le monde, la circulation, les marchands ambulants. Et les spectacles de rue (video). Bref, la vraie vie !












Y compris, la séance de sport tous les matins, avant les grosses chaleurs de la journée !


Et surtout visiter le fort San Felipe de Barajas
Son histoire
Cette forteresse a été construite lors de la colonisation des Espagnols. Ce château est le plus grand complexe militaire construit par les Espagnols sur le continent américain.
Cette forteresse a été déclarée site du patrimoine mondial par l’UNESCO en 1984, tout comme le centre de Carthagène des Indes et toutes les fortifications qui s’y trouvent. Le Chateau de San Felipe est situé sur la colline de San Lázaro, juste à l’extérieur de la ville fortifiée de Carthagène des Indes. La construction de cette fortification, commencée en 1536 et achevée en 1657, a duré plus d’un siècle. Il a été construit pour faciliter l’observation et la défense contre les invasions et les attaques continues que la ville a subies de la part des armées anglaises et françaises, ainsi que des pirates.
Au fil des ans, il a résisté à une grande variété d’attaques. L’une des plus célèbres est celle subie aux mains des Britanniques en 1741. Cette année-là, Edward Vernon attaque Carthagène des Indes avec une armée de plus de 27 000 soldats, 186 navires de guerre et 2 000 canons. Sir Vernon n’a pas atteint son but. L’Espagnol Blas de Lezo, avec seulement 3 600 hommes et six navires, a réussi à vaincre la marine anglaise dans l’un des actes héroïques les plus spectaculaires de l’histoire militaire.
Cette structure, construite en briques et en pierres, est considérée aujourd’hui comme l’une des meilleures en termes de stratégie militaire. Sa construction quasi impénétrable lui a permis de rester debout au fil des ans, malgré les nombreuses attaques dont la ville a fait l’objet.
Le château possède également des ravins qui ont été créés pour piéger les intrus qui tentaient d’escalader les remparts. L’intérieur est un système labyrinthique de tunnels souterrains dans lesquels les troupes pouvaient se déplacer sans être vues par l’ennemi. Ces tunnels étaient également utilisés pour des embuscades lorsque l’ennemi parvenait à s’infiltrer.
Le système de tunnel a été conçu pour être un piège mortel pour l’ennemi. Ils ont dû y pénétrer pour atteindre les niveaux supérieurs, et ont rencontré des couloirs étroits pleins de recoins où se cachaient les défenseurs, des irrégularités et une disposition où il est très facile de se perdre et de se désorienter, dans le but de faciliter les embuscades. La forteresse possède également des casernes souterraines pouvant accueillir jusqu’à 350 hommes, des armes et de la nourriture pour survivre à un siège de plusieurs mois.
Et en image…
De l’extérieur,




Sur les murs,








Trop chouette la visite de l’école au fort (video)

Le dimanche suivant, comme tout est fermé, ce sera plage. Nous décidons d’aller au nord et non pas à Bocagrande où le tourisme est roi.
Uber fonctionne parfaitement bien ici. C’est bien pratique.
Nous nous retrouvons sur une plage bon enfant, joyeuse, chaque famille s’installant comme nous sur fauteuil et transat.
Les marchands ambulants passent mais sans être trop insistants.
L’eau n’est pas trop claire mais ça rafraîchit.


Car j’ai oublié de préciser : au mouillage, il est hors de question de se mettre à l’eau. Nous sommes en fond de baie.
Notre séjour carthagenois prend fin puisque nous quittons Maverick 15 jours pour découvrir la Colombie côté terre.
Pour ce faire, j’ai trouvé une marina à 5 miles nautiques du centre ville, Manzanillo (video)
La navigation n’est pas trop simple pour s’y rendre. Il faut bien suivre le chenal indiqué sur leur site car les fonds remontent très vite et ne pas imaginer raccourcir la route. (lien vers leur site)

Cette marina est très pratique pour laisser le bateau en sécurité, sans avoir à le sortir, pour un coût bien moins élevé qu’au club de pêche de Carthagène ou à Santa Marta. Par contre les abords ne sont absolument pas recommandables. Il ne s’agit donc que d’une marina de repli pour partir à la découverte de la Colombie.
Coté pratique pour les navigateurs
- Petite précision sur le mouillage : à ce jour, il n’est possible de laisser l’annexe qu’au club nautico, contre une cotisation de 30 dollars la semaine. Pour cette somme, vous pouvez la laisser en toute sécurité, à toute heure, et prendre les douches aux sanitaires. Le club de pêche, qui acceptait apparemment auparavant les annexes, les refusent maintenant systématiquement et est fermé le week-end, sauf si vous y laisser votre voilier. Il est par ailleurs impossible de laisser l’annexe au cœur de la vieille ville même si cela paraît très tentant. Ce qui veut dire que pour se rendre à la tour de l’horloge, à la vieille ville, il y a un peu moins de 2 km à faire à pied, soit une bonne vingtaine de minutes par trajet, ou demander un uber, qui fonctionne très bien en Colombie.
- Pour faire un avitaillement de rêve, n’hésitez pas à vous rendre au mercado Bazurto en uber. Le marché est immense, très populaire et se partage en différente partie, selon ce que vous cherchez. Il faut avoir le cœur bien accroché, mais les produits et les prix défient toute concurrence !
Nous avons adoré cette étape à Carthagène qui fut, à mon sens, bien trop courte mais les vents et courants n’attendent pas. Et notre vol de retour en France encore moins !
Mais, promis, les articles sur notre voyage dans la Colombie profonde vont suivre très vite.
Très intéressant ! Jai trouvé lhistoire drôle et le récit de lincident avec le monocoque très vivant. La beauté de Carthagène est bien décrite, mais la partie sur lorage ma un peu fait peur. Parfait pour motiver le voyage !
Mille mercis. Amities