Le mot du capitaine

Le départ
Cela faisait 3 jours que les autorités du port interdisaient toute entrée sortie de bateaux d’une longueur inférieure à 30m. Il est vrai que l’embouchure du Douro, quand elle rencontre une houle du large, alliée avec la remontée des fonds, lève une « barre » de vagues assez impressionnantes.
Une petite fenêtre de sortie était promise, la houle faiblissant le temps d’une marée. Nous devions partir à 14h pour espérer arriver de jour à Cascais, nous n’avons eu l’autorisation de sortie qu’à 15h…
Nous voila partis, sitôt passés les brises lames on voit la houle grossir à vue d’œil, c’est assez impressionnant, mais peu dangereux (sauf cas de panne moteur, mais un diesel qui cale ca n’existe pas m’ont assuré de savants mécanos !), la houle est bien espacée, pas de vent pour créer un clapot, et rien ne déferle. On aura quand même au moins 10m de creux au pire moment.
La route
Sitôt passé la barre on envoie la grand-voile avec un ri en prévision de la nuit. Le vent tarde à venir, les prévisions météos sont fiables mais visiblement on a deux heures de retard… Moteur donc.
Et la houle ne faiblit pas, entre 4 et 5m, c’est assez usant, tout est compliqué, je lance la réalisation d’une de mes spécialités : patates au lard. Pas facile mais avec Isa en renfort on est assurés d’avoir un bon plat chaud pour le diner.
Le vent est à l’ouest mais trop faible pour nous permettre de couper ce satané moteur, on évolue juste avec la grand voile, qui nous aide quand même un peu, et stabilise le bateau dans la houle. Impossible d’envoyer le génois il est déventé en creux de houle, totalement inefficace.
La nuit
On passe en mode nuit à 19h00. Çà veut dire gilets et harnais (on les avait déjà vu l’état de la mer), lampes de sécurité individuelle, frontale, dispositif de détection d’homme à la mer. Les siestes commencent, le diner sera pris en commun vers 21h.
A partir de minuit on passe dans un ciel de traine de la dépression, ce qui signifie des successions de grains. Pour ceux qui ne connaissent pas, un grain en mer c’est une augmentation de la taille des vagues et du vent entre 20 et 40% (voire plus sous certaines latitudes). Vu que le vent est faible ce n’est pas un vrai problème, mais on essaie d’en profiter pour mettre à la voile le temps du grain. Ca fait manœuvrer mais quel bonheur d’éteindre le moteur…
La nuit est longue et fatigante mais passe finalement sans grand changement de temps. Les quarts défilent sur un rythme devenant habituel, entre 1h30 et 2h, toujours sur le rythme naturel du dormeur.
La journée et l’arrivée
Jusqu’au bout le régime de grains nous suivra. Le soleil revient un peu, la température est en hausse, et en plus on retrouve un ban de dauphins sauteurs très impressionnant. Il y en avait partout autour de nous sur au moins 3-400m…
On passe les iles Berlangas, deux ilots rocheux dont l’un présente un phare très ressemblant au phare des Poulains à Belle-Isle. Ça sent l’arrivée, plus qu’une dizaine d’heures…

La houle finit par réduire un peu, seulement 2-3m, on alterne petites périodes de voile et longues tirées au moteur… Le vent refuse de venir comme prévu, ou un peu plus faible… Heureusement qu’il y a les grains…
Arrivée de nuit à Cascais, pas idéal d’arriver de nuit sur un mouillage mais il y a peu de monde, la lune éclaire le site, on pose notre ancre et dodo.
Petite satisfaction : on mouillera l’ancre à l’endroit exact prévu sur ma route (waypoint 15), joli non ?

PS : j’ai encore progressé en pêche. Je suis parvenu à mettre en place une ligne de traine, et testé plusieurs leurres. La prochaine fois j’essaie d’attraper un poisson…
Le mot du second

Au revoir Porto !
Notre départ de Porto n’a pas été des plus agréable ! Dès l’instant où nous avons décidé de partir et qu’il nous a été indiqué que la passe était fermée, la pression, pour moi, est montée…
Dès l’autorisation donnée aux voiliers de partir à 14h30, nous avons abordé cette sortie…. sous un grain ! Que dire lorsque nous nous sommes retrouvés dans le jus ? Des vagues énormes nous bousculant comme une coque de noix, mais le capitaine à la manœuvre concentré et serein. Çà aide à ne pas angoisser…
Après la passe, toujours une grosse houle et Jb de me dire que nous avions passé des creux de 10 mètres… et que çà n’allait pas se calmer de si peu… En effet, durant les premières heures, la houle est toujours très importante, les grains se succèdent, mais surtout à terre, d’où ces lumières.


Les heures passent, le soleil se couche. C’est magnifique !




Nous rencontrons peu de bateaux, mais pas des plus petits : un gros cargo et des pêcheurs qui vont et viennent sur notre route !


Nuit fatigante, même si nous restons sur le rythme que nous avons apprécié lors de la traversée du golfe. Nous nous réveillons chacun au bout d’une heure et demie. Mais la houle est toujours importante et l’estomac doit rester bien accrocher.
Nous continuons notre route tant bien que mal. Heureusement, des dauphins viennent perturber cette dure traversée. Absolument exceptionnel, vidéo à l’appui sur les réseaux sociaux. Il y en a partout, tout autour de nous, qui sautent, nous suivent, nous poursuivent… Malheureusement je n’ai pu prendre qu’une photo, vu l’état de la mer !

Et nous avons toujours le vent de face, donc que du moteur. C’est saoulant !
Le temps est changeant et occasionne un bel arc-en-ciel et du ciel bleu d’un côté et de gros nuages sur la côte.



Les miles nautiques défilent si lentement… Nous avons vraiment hâte d’arriver à Cascais. Nous y serons de nuit, jetterons l’ancre et essaierons de dormir mais… la houle est toujours là !

Vivement que l’on parte sur le Tage se cacher à Lisbonne. Et vivement la terre ferme !
Super votre récit à deux voix ! Merci de nous faire partager ce fabuleux voyage.
Merci! On va essayer de continuer… bisouxxx
Salut les marins ! Comme chaque jour, je vous suis en découvrant vos récits qui me permettent de rêver à un temps meilleur où je pourrai reprendre un peu la mer mais ce n’est pas pour demain ! Plus vous allez descendre et plus la houle risque d’être importante ! Lisbonne est très belle mais avec la covid, je suppose que ça ne va pas faciliter votre séjour.
En Auvergne, le soleil est de retour depuis quelques jours. Notre séjour en Bretagne annulé. On ne peut plus voyager et nos journées sont parfois un peu trop monotones ! Alors, comme chaque jour, j’en profite pour vous suivre !
A bientôt sur le net !
Bisous à Madame ?
Merci pour ton message. Esperons que cette situation ne dure pas trop même si ça paraît mal parti! Les mesures évoluent tous les jours, y compris ici au Portugal même si c’est beaucoup plus light ! Tt pl1 de courage.
Bises
Bravo les Maverick ! Gonflés de sortir de Porto avec ces creux là ! A très bientôt !
A bientôt sur. On devrait arriver vers Lagos mercredi…
Trop chouette de vous retrouver a Lagos!