
L’archipel des Bijagos, terre de contrastes, entre plages à perte de vue, eau à 27 degrés et navigation exigeante pour les passionnés de voile, et ses villages, sa population si pauvre, mais si attachante.
Et ses hôtels éco lodge, toujours plus près de la nature. Ici, les entrepreneurs au long court s’en donne à cœur joie. Certains achètent une île, après avoir été acceptés par les habitants des lieux, comme Laurent et Sonia sur l’île de Kéré, ou Claude sur Joao Vieira. Ou cet italien que nous n’avons pu voir sur l’île d’Andaman. Et d’autres français sur d’autres iles, que nous n’avons pu visiter.
Et il y a Solange, l’hôtel Ponta Anchaca, sur l’île de Rubane, en face de l’île de Bubaque, l’ile centrale de l’archipel, où les voiliers ne peuvent se rendre, les demandes de bakchichs étant à ce jour trop élevés.

Solange, le coup de cœur de notre séjour aux Bijagos, que nous avons sollicitée pour venir nous chercher en pirogue.


Direction Bubaque pour faire nos courses alimentaires où nous découvrons notre première vraie supérette depuis notre départ de Casamance. Rien à voir avec celles que l’on trouvent chez nous. Pas de frais, pas de viande, pas de fromage. Mais il y a un minimum et quelques paysans qui vendent des légumes au compte goutte ! Les rues ne sont pas goudronnées et rencontre avec toutes sortes de cochons, poules faméliques et chèvres.





Puis arrivée devant l’eco-lodge pour y passer la journée et y déjeuner.



Le site est extraordinaire et le déjeuner délicieux !


Nous décidons à l’unanimité d’y rester la nuit, alors que nous n’avons prévu aucun change ni trousse de toilette.

Le site, comme ceux de ses collègues, se fond dans la nature, épouse la végétation, dans un respect profond de l’environnement. Les terrasses se lovent autour des arbres, que Solange a précieusement conservés lors de son installation il y a 10 ans. Elle a planté ensuite toutes sortes de fleurs et d’arbres fruitiers.


Le plus : une jolie piscine, car l’île a été forée et l’eau coule à flot, à la différence de l’île de kéré.

Le personnel est adorable et heureux. Et le cuisinier, un vrai chef qui a appris avec des chefs français. Sa cuisine est succulente et très variée.
Farniente et mise à jour du blog, règlement des problèmes administratifs divers et variés grâce au puissant wifi sur place. Vous l’aurez compris : impossible de ne pas profiter de ce site unique, luxueux tout en restant si près de la nature. Joli bureau non ?

Solange est partout et très attentive à sa clientèle formée pour l’essentiel de pêcheurs au gros. Les couples s’y sentent si bien, chacun y trouvant son activité. Nous retrouverons d’ailleurs nos amis pêcheurs, croisés à Kéré puis à Joâo Vieira, ceux qui ont emmené le capitaine pêcher sur le site de Alcatraz une journée entière.

Découverte d’un autre eco-lodge au bout de la plage, face à Bubaque, Bob Fishing. Lui aussi est un personnage. Bob est arrivé avec Solange, puis s’est installé dans l’anse voisine. Il y a construit lui aussi de jolies cases. C’est un ancien électricien de génie. On trouve pratiquement tout chez lui !





Lors de notre retour à pied, nous découvrons une « amie » de bob, une biche cochon… Trop mimi


Mais tout à une fin ! Il nous faut penser à revenir sur nos bateaux. Les adieux sont sincères. Solange nous remet, à chacune de nous, un tissus fait main magnifique et une bouteille de vin rouge aux hommes. Quelle gentillesse ! Dans notre euphorie, nous oublierons juste de faire une photo tous ensemble.
Nous ne pouvons que recommander chaudement son établissement, comme celui de Kéré. il suffit juste d’acheter le billet pour Bissau, puis ils s’occupent de tout en lien les uns avec les autres.
Nous quittons notre magnifique mouillage de Ilheu dos Porcos, après une jolie soirée créole sur Ystaffel… Quel accueil !

Pour Bolama, l’ancienne capitale de guinée Bissau. Nous nous attendions à une ville pauvre et désuète. C’est bien plus que cela : c’est une ville fantôme, avec ses monuments a l’abandon. Et un pauvre marché où il n’y a absolument rien à vendre, même pas de légumes.


Rien…. Pas de bar, pas de restaurant. Nothing ! Cette étape nous coutera quand même un bakchich de 5000 cfa après le tour de toutes les autorités et la visite par celles-ci des bateaux. Nous aurions su, nous n’y serions pas venus… Nous en prévenons nos amis catamarans qui nous suivent : ils n’y viendront pas ! Juste une curiosité, un drame pour eux : les chauves souris. Voyez et écoutez !



Nous n’y dormirons même pas. Nous nous avançons dans le bolon pour un passage très délicat à ne passer qu’à marée montante le jour suivant.


Comme vous le voyez, nous passons sur.. la terre. Des balises apparaissent sur la carte qui n’existent plus. Nous terminons grâce à l’application Navily qui nous fait retrouver un peu d’eau. Nous passons à N-1h de la marée haute ce qui est plus sûr, car si nous nous posons nous aurons toujours quelques cms supplémentaires pour nous dégager. Nous sommes passés à moins de 1,2m de hauteur… chaud chaud chaud !
Le second point essentiel pour naviguer aux Bijagos :
L’avitaillement



L’avitaillement est une vraie gageure. Les dernières grandes surfaces, qui sont bien moins grandes et plus chères que celles que nous connaissons en Europe, dans lesquelles nous sommes allés étaient à Dakar, il y a donc pratiquement 2 mois. Nous avons acheté le maximum mais pas tout le magasin !…
En Casamance nous sommes descendus d’un cran. Plus que des petites supérettes vendant juste le minimum. Pourtant nous sommes allés à cap skirring, où on nous annonçait les seules supérettes achalandées de Casamance. Nous avons pris le maximum du minimum, ce que nous ne trouvions ailleurs, à des prix exorbitants, y compris des produits Netto que nous n’aurions jamais achetés auparavant. Mais nous étions tellement heureux de trouver du gouda, du jambon et des paquets de gâteaux ou des conserves, ou des capsules de café.
Et des petits marchés où nous avons trouvé quelques légumes et fruits qui se sont conservés bien mieux que chez nous mais nous ne pouvions en prendre des tonnes. Et les boites de conserve de haricots verts et autres légumes ne se reproduisent pas… Enfin pour ce qui est du fromage, gruyère râpé, yaourts, lait, charcuterie, nos réserves se sont amenuisées très vite. Nous avons bien retrouvé quelques pépites dans les fonds mais ce n’était pas suffisant pour les repas de tous les jours. Et ne parlons pas de viande : Il n’y en a pas… Quelques poulets maigrichons courent par ci par là mais ne satisferaient pas nos appétits. Et les œufs achetés sur place, une vraie richesse pour les locaux qui s’en séparent difficilement, sont souvent déjà formés.
Ici aux Bijagos, vous l’aurez compris : point de marchés. Juste ce qui pousse en cette saison, soit actuellement quelques papayes et bananes. Pas de tomates ou de légumes frais.
Heureusement, les repas pris à Kéré et les poissons péchés ou achetés ont complété nos repas. Mais nous sommes loin de nos standards européens. Nous devons nous contenter de peu et les mots régîmes ou repas équilibrés ne sont pas de mise ici. Riz, pâtes et semoule sont de tous les repas…. Nous avons l’impression d’être en mode « traversée » même si, comme Cathy et Fanch nous le précisent, qui dit traversée dit auparavant gros ravitaillement, ce qui n’a pas été notre cas comme dit plus haut… Et les traversées ne durent en général pas 2 mois.
Mais nous avons découvert un monde différent du nôtre, vivant en autarcie et en symbiose avec la nature qui leur donne le minimum vital sans se créer de besoins inutiles et futiles. La nature s’en ressent puisqu’il y a très peu de déchet et bien peu de plastic. Aucune décharge aux portes des villages. Les enfants sont habillés de rien, inconcevable pour nous. Mais ils ne s’en plaignent pas puisqu’ils ne connaissent ni internet ni la télévision qui ne vient pas jusqu’à eux faute d’électricité. Doit on en être tristes ? Ont-ils l’air malheureux ? Je me garderai bien d’y apporter un jugement…

Nous quittons l’archipel pour rejoindre le continent pour obtenir nos tampons de sortie de territoire.
Notre idée était de nous rendre à Bissau pour effectuer ces formalités, mais il était nécessaire de trouver un mouillage à une vingtaine de kilomètres pour éviter les tracasseries administratives, connues pour être nombreuses et très couteuses.
Malheureusement, devant les plages recouvertes de mangroves et les routes inexistantes, nous renonçons et remontons en deux jours à Cacheu, sur le continent, là où nous sommes sûrs d’obtenir nos tampons de sortie.
Ce fut deux jours très peu agréables, aussi bien au niveau navigation, qu’au niveau mouillage, et bien peu confortables du fait de forts courants dus aux grandes marées.
Nous retrouvons avec plaisir Cacheu et décidons de visiter cette petite ville que nous n’avions qu’aperçue à l’arrivée.



Nous y découvrirons un restaurant tenu par Karim, qui parle français comme beaucoup ici, chez qui nous déjeunons par deux fois et qui nous a préparé ce qu’il pouvait : une salade de pommes de terre avec feuilles de salade et tomates à la mayonnaise et assiettes de frites. il n’a rien d’autre, même pas de poulet, nous dit il difficile à trouver et bien trop cher.


Petite précision : ces repas, nous ne les aurions jamais apprécier autant auparavant car: manger des crudités, que diable c’est dangereux quand on ne sait pas comment celles-ci sont rincées ; la mayonnaise dans de gros pots industriels, jamais au grand jamais, nous ne l’aurions goûtée ; et les assiettes et couverts nettoyés dans la rue à côté grâce à une réserve de bidons d’eau puisqu’il n’y a pas d’eau courante comme je l’ai dit plus haut : horreur !. Et aucun de nous ne sera malade, d’ailleurs sur tout le séjour aux Bijagos ! Nous nous sommes donc endurcis, mais le manque de produits « frais » et la confiance y sont certainement aussi pour quelque chose..
Direction le marché où nous ne pourrons acheter que bien peu de chose, mais ce sera mieux que rien ! Que la Guinée Bissau est pauvre… Mais tous sont toujours très gentils et avenants.


Jean-Benoit trouve Ousmann qui nous fournit en gasoil pour le lendemain en allant avec les bidons à une station service de la capitale.
Et nous avons la possibilité de faire de l’eau. Nous descendons avec nos bidons, que nous remplirons par trois fois, soit… 400 litres !


Et là nous découvrons la problématique de l’eau. Elle ne coule au robinet public qu’une heure par jour et encore. C’est pour cela qu’ils sont tous tant friands de nos bouteilles d’eau.

Nous nous attelons à la tâche, tout en permettant aux habitants de se ravitailler quand ils le souhaitent. Nous arrivons à faire 200 litres le premier jour. Il nous en faut encore au moins 200 que nous pensons faire le lendemain mais… Le lendemain il n’y a pas d’eau !
Luis, le capitaine du port, nous propose son aide fort précieuse. Il met à disposition sa moto.

Elle sera conduite par un collègue, avec les bidons d’eau posés dans une bassine et les autres derrière. Direction la ville voisine où l’eau est disponible.. le collègue fera 4 tours pour les 240 litres nécessaires. Un grand merci à Luis qui ne souhaitait aucune rétribution.
Nous l’attendrons, nous les filles, sur la place principale, pendant que les hommes gèrent le gasoil.


Nous profitons à cette occasion, des gamines et gamins friands de venir s’installer avec nous… Iliana, notre vendeuse de glace. Car ici, comme en Casamance, nous dégustons des glaces à l’eau. A ce jour, nous goutons à tout, l’eau, les crudités, les glaces…




Découverte du fort de Cacheu et de son musée sur l’esclavage car ici, en Afrique, c’était, comme Gorée, de hauts lieux de la traite négrière. D’ailleurs, les îles Bijagos étaient très actives dans cette traite puisqu’ils étaient des fournisseurs renommés d’esclaves…

Le fort


et ses illustres personnages. A vous de les identifier…




Avant notre départ à 17h00 pour remonter le fleuve dans le courant (très important car sinon, c’est le sur place assuré),

un local nous amène 3 kilos de grosses gambas. Nous ne discutons même pas le prix à 13€ le kilo : elles sont magnifiques et toutes fraîches, elles sautent même hors du sac !
Pour notre dernier repas tous ensemble, puisque Cathy et Fanch sur Ystaffel nous quittent pour le Cap Vert, nous allons nous régaler !


Une page se tourne. Quelle aventure, quelle expérience, quelle découverte humaine face à cette pauvreté.
Outre les difficultés de navigation, nous savons que nous aurons vécus une expérience hors norme et unique. A la vue de notre programme de tour du monde, et même si nous prévoyions le grand sud, nous ne pensons pas retrouver des lieux aussi isolés, mais aussi si chaleureux.
Demain est un autre jour ! Direction la Gambie et son fleuve où nous espérons voir des hippopotames, singes, crocodiles et autre…
En attendant, il faut « remonter » vers le nord, et la navigation s’annonce mouvementée mais à la voile, enfin ! A suivre dans le prochain article !
