
La navigation dans ce bel archipel est à la hauteur de ce qui est annoncé dans tous les guides et instructions nautiques. Mais finalement assez proche des conditions que nous rencontrons en Bretagne nord : marées, courants, vents erratiques, bancs de sables, roches, sans le mauvais temps !
LA vraie différence c’est la cartographie bien moins précise et l’absence totale – ou presque – de phares et balises…. Certaines de ces dernières sont présentes sur la carte, jamais sur le « terrain ». Ces marques restent toutefois utiles, à condition de disposer d’une bonne cartographie numérique.
Nous disposions d’une carte CMAP vecteur de la zone, présentée par TZ. Plutôt précise mais peu détaillée pour le fond de carte. Attention les fonds sont systématiquement surévalués d’un à 2m. Un des membres de la flottille (nous étions 3 dériveurs, dont 1 catamaran alu) disposait d’une carte navionics, parfois plus précise sur les fonds.

Le fait que nous soyons trois bateaux avec un tirant d’eau allant de 0.7m pour nous à 1.30m pour le plus lourd a été un véritable atout. Nous permettant de naviguer souvent sur l’estran, et de gagner de précieux miles. Des bateaux à fort tirant d’eau peuvent naviguer aux Bijagos mais sans sortir des grandes « voies » de circulation, donc dans le blanc des cartes ….
Coté marées les horaires TZ sont fiables. Il faut adopter la même stratégie qu’en Bretagne à savoir naviguer toujours avec le courant portant, tricher un peu pour les navigations de plus de 6h. Nous avons navigué ainsi même avec un coefficient de +100 sans souci. Le marnage est important et variable du nord au sud, entre 2 et 5 mètres constatés, surtout lors des grandes marées. Il y a de quoi se faire surprendre si l’on n’y prend garde.
Les ancrages tiennent toujours bien, dans la vase ou le sable. Attention au courant, il faut mettre pas mal de chaine. Mais comme les mouillages sont « privatifs » çà ne pose pas de problème (sauf si comme moi vous tombez en panne de guindeau au milieu du périple…..).
Sur le sujet sécurité nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité, ni pour nous ni pour les bateaux et annexes. Par contre nous avons toujours acheté du poisson aux pêcheurs, ou fait des petits cadeaux aux pirogues rencontrées. Ça doit aider, les informations passent vite d’iles en ile.
Coté instructions nautiques nous avions le Jones « cruising guide to west africa » et le « guide de navigation en Guinée-Bissau et aux iles Bijagos » . Mines de bons conseils et d’infos, même si certaines sont un peu datées.
Complétons juste en disant que les bakchichs ont été moins fréquents ou élevés que décrit dans ces guides. Nous avons fait l’entrée et la sortie à Cacheu, 10000 cfa (environ 15 €) par bateau, puis 5000 cfa par personne dans chacun des parcs naturels. A Bolama une visite de bateau nous a couté 5000 cfa par bateau, pour rien en fait, juste pour visiter la ville fantôme, où il y si peu à visiter et aucune denrée à acheter…. Nous avons évité Bubaque, du moins avec les bateaux, car nous y sommes allés en pirogue pour avitailler.
Il convient aussi d’arriver dans l’archipel avec un avitaillement digne de celui d’une transat (voir article Isa). Le seul point d’avitaillement sérieux est Bubaque, ou Bissau.
Concernant les ilots certains sont déserts, d’autres habités par des villageois extrêmement pauvres. Inutile de rêver faire de l’avitaillement, vous ne trouverez rien, et s’il y a quelque chose dans les épiceries nous avions scrupule à l’acheter pour ne pas la démunir. Les iles ne sont ravitaillées qu’occasionnellement par pirogue, qui sont les seules vecteurs des flux économiques.
Le mieux serait de pouvoir faire la sortie du territoire à Bubaque. Nous n’avons pas osé car les autorités sont connues pour être très gourmandes de bakchich… Nous ferons donc deux jours de navigation au près pour remonter à Cacheu.
En conclusion c’est un archipel plein de surprise, hors du temps, agréable à naviguer à condition de toujours rester attentif.
Nous n’avons passé qu’un mois dans l’archipel. Suffisant mais avec le recul on se dit qu’on aurai bien pu y rester deux. La stratégie dans ce cas est d’aller de campement en campement, avec des pauses en mouillage nature entre deux. Les personnages rencontrés dans ces campements vous donnent aussi tout un tas de renseignements utiles. Commencer par Kéré, par exemple, est précieux car Laurent et Sonia sont particulièrement au fait des us et coutumes locales et des navigations possibles -ou non- entre les différentes iles. Précisons que beaucoup de zones abritées sont disponibles mais les descentes à terre sont souvent impossibles à cause de la mangrove.