
Il y a un an nous n’aurions jamais imaginé venir en Afrique, encore moins dans l’archipel des Bigagos. Et pour cause : bruits persistants d’insécurité car il s’agit de la guinée Bissau juste avant le golf de Guinée gangrenée par les pirates, cartographie très limitée, voire inexistante, paludisme endémique et surtout écho de toutes sortes de bakchich…
On verra bien!
La Casamance nous a déjà préparé à un avitaillement limité. Nous courrons après le frais, à savoir fruits, légumes et œufs. Et parfois un poulet mais c’est rare. Et ne parlons pas de fromage, de lait ou de yaourt frais. ÇaCn’existe pas. Nous achetons de la vache qui rit et des yaourts qui se conservent hors frigo quand on en trouve. Mais nous savons qu’aux Bijagos il y aura encore moins, voire rien !
Et bien évidemment, il nous faut des francs CFA, car au Bijagos aucun distributeurs, aucune banque. Et des petites coupures indispensables, difficile quand dans l’un des seuls distributeurs de Casamance ne nous est délivré que des gros billets de 5000 CFA!
Pour cette aventure, nous décidons de partir à 3 bateaux dériveurs : nos amis Cathy et François ou Fanch pour les intimes, sur leur catamaran en alu, Ystaffel 2 venus nous rejoindre des Canaries, et de nouveaux amis rencontrés à Dakar, Anne et Hugues sur Vanuilly, un Allure 45, qui n’avaient pas du tout prévu de descendre aussi bas mais les projets changent. C’est ça les joies du voyage !
Et voilà, la date butoir de notre passavant au Sénégal est arrivée. En route pour cette nouvelle aventure.
L’archipel est composé de 88 îles. seule une dizaine sont accessibles et encore, certaines fermées étant sacrées.
En voici un bref historique.


Nous devons dans un premier temps nous rendre sur le continent à Cacheu, afin de faire les modalités d’entrée dans le pays : police maritime, immigration, douanes… Nous nous appuyons sur le seul guide maritime de l’Afrique de l’ouest, le guide Jones, en anglais, ainsi que d’un pdf de 64 pages, disponible gratuitement sur internet, réalisé par un premier navigateur il y a une dizaine d’années, enrichi par un second il y a 3 ans, sur leurs expériences dans leur voyage aux bijagos. Ce sera notre bible : tout y est : l’histoire, la géographie, la santé et surtout leur navigation entre chaque île visitée et leurs commentaires quant aux différentes formalités à accomplir et le montant des bakchichs, très variable. Ça nous donne un ordre d’idée quant aux îles à visiter et celles à « éviter » car trop chères en bakchichs à remettre aux différentes autorités. La principale, Bubaque, sera écartée car étant réputée la plus onéreuse. A suivre !
Arrivés a Cacheu,


il nous a fallu nous rendre en aluguer à Bula, à 65km pour voir les services d’immigration.

Nous aurons affaire à Mme Abi qui nous fera escorter par un policier en ville, le temps que les tampons se fassent….




Nous achetons cartes téléphoniques et pain et allons la retrouver à 18h00. Pourquoi 18h00 ? parce qu’avant cette heure il n’y a pas d’électricité. Elle ne peut donc nous imprimer les autorisations. Nous sommes pourtant sur le continent mais la guinée bissau est tellement pauvre. Nous le voyons lorsque nous circulons dans notre aluguer. Il n’y a aucun fils électriques, donc aucune lumières ni télévision. Pas de réseau d’eau potable. Et aucune déchèterie, tout comme en Casamance. Le maximum des déchets est brûlé et les jeunes ne sont pas encore éduqués à jeter dans les poubelles, qui d’ailleurs n’existent pas. L’important pour eux, avant tout, est de subsister.
Le jour suivant voit monter sur nos bateaux la police et la douane pour vérifier passeports, papiers du bateau et assurances. Nous leur déroulons le tapis rouge. Ça commence chez nous, avec un café et des petits gâteaux, accompagnés de cigarettes pour les fumeurs. Ils sont enchantés et poursuivent sur Vanuilly qui les reçoivent pareillement. Et ils terminent sur ystaffel quî, pour faire gagner du temps puisqu’il n’y a pas d’électricité imprime les papiers directement pour le policier. Un petit bakchich est demandé que nous leur remettons sans aucun problème.

Départ dans la foulée pour mouiller à la sortie de la rivière pour nous permettre ensuite de naviguer dans l’archipel à la bonne marée et par les bons courants.
Nous avons la joie de croiser Oaoatimka qui remonte sur Cacheu avec les deux catamarans amis belges en décalage avec nous pour faire les formalités, ce dont nous avions convenus, car à trois bateaux ça passe, mais à six peut être moins bien.
Joie de dîner avec JC, Aurore et Timothé. Nous dégustons le poulet livré par papis lors de notre départ de Casamance. Que du bonheur !
Nuit très tranquille et départ vers l’archipel des Bijagos. Nos trois capitaines se sont concertés : direction Caravella, dans le courant et selon la marée.
Belle navigation avec les dauphins et arrivée devant une magnifique plage.




Nous ne pourrons malheureusement pas débarquer : bien trop de houle, que nous aurons amplifiée la nuit. Elle sera horrible. Sauve qui peu !
Fanch propose d’aller découvrir l’île de Kéré qu’un ami pêcheur breton lui a fortement conseillée. Je recherche sur google heart mais je ne la trouve pas, ni sur Navily d’ailleurs. Je ne vois qu’un caillou… Avant d’y arriver, nous nous « posons » sur un banc de sable. Parfait ! Nous en profitons pour nettoyer notre coque bien habitée par toute sort d’herbes folles et petit mollusques. La marée remontant nous nous approchons de l’île si bien surnommée l’île de Peter Pan.



Nous y resterons 5 jours tellement il y fait bon vivre.
Cette ile, inhabitée et territoire sacré il y a 20 ans, a été découverte par un français, Laurent, qui a décidé d’y construire une case, puis deux, jusqu’à créer un éco lodge destiné plus particulièrement aux pêcheurs passionnés. Un vrai paradis.
Une île où les arbres poussent, les oiseaux chantent et qui accueille merveilleusement bien tout le personnel local utile au bon fonctionnement du site soit plus de 40 personnes.






La seule dépendance est l’eau. Laurent doit la faire venir chaque jour de l’île voisine, par pirogue. Nous parlons de 2000 litres d’eau par jour. C’est dire que c’est une denrée précieuse. Pour ce qui est du ravitaillement, il est réalisé lorsqu’il se rend à Bissau pour aller chercher les clients et pour les produits frais sur les deux îles voisines. Et le plus important pour la venue du touriste européen : le téléphone et le wifi. Nous pourrons en mesurer la prouesse technique tout au long de notre séjour aux Bijagos où les réseaux sont extrêmement limités. Laurent doit y laisser quelques billets pour ne pas être isolé du monde comme l’archipel l’est dans son ensemble, même si le téléphone passe un peu ce qui est déjà pas mal…
Farniente, mise à jour du blog en bonne compagnie. Vous reconnaîtrez Aurore…

Et fête de nos anniversaires à moi-même et à Fanch, en compagnie de tous nos amis arrivés 3 jours après nous.



Quel magnifique lieu pour fêter le passage à une année supplémentaire ! Le souvenir sera inoubliable d’autant que nous dormirons dans une des cases si bien aménagées grâce au bon goût de Sonia, la maîtresse de maison.





Les repas servis sont de grande qualité et les clients présents d’une fidélité hors normes! Le capitaine sera invité à une partie de pêche, poissons indispensables aux repas servis à la clientèle.





Cherchez les intrus !


Pendant ce temps, les coefficients étant très élevés, nous allons gratter les coques des bateaux copains, pour ma part celui d’Ystaffel. Il nous faut juste nous prémunir des raies qui traînent sur les plages et dont le dard est très douloureux en cas de piqûres.

Nous profitons de Laurent pour lui demander une excursion en pirogue sur Caravella puisque nous n’avons pas pu y accéder lors de notre mouillage.





Après une navigation musclée dans une belle pirogue en alu, nous sommes déposés sur une plage magnifique, totalement déserte et accompagnés par Théophile, serveur, voire second, de Laurent, qui sera notre guide local. Il parle français. C’est le top.


Nous nous chaussons, enfilons pantalon et t-shirt pour nous prémunir des serpents susceptibles d’être rencontrés et direction Ancopoc puis Bichau. Le chemin nous fait passer par des rizières au pied des arbres de noix de cajou.




Toute culture est utile car, comme nous le verrons ici mais surtout sur les îles plus au sud, les habitants vivent presque totalement en autarcie.
Arrivée à Ancopoc, un autre monde.






Mais quelle est l’utilité de ces containers insérés dans les huttes ? Il s’agit des réserves de riz, bien gardées par la famille cochons !




Très peu d’hommes, partis travailler en forêt, que des femmes et des petits enfants. Pas d’anciens. L’espérance de vie, au Bijagos est de…. 52 ans !
Nous poursuivons notre chemin vers Bichau et passons devant l’école, où les élèves travaillent.


Après 10 minutes de marche, nous sommes rejoints par les élèves qui ont terminé leur classe. Et là c’est le festival ! Nous sortons bombons et sucettes. Chaque enfant est servi et nous remettent les papiers que nous leur demandons de ne pas jeter parterre. Puis ils nous accompagnent, en grappe autour de nous, et en nous prenant la main. De petites séquences photos nous ralentissent. Ils adorent se voir sur les écrans. Les petites filles autour de moi me présentent avec fierté leurs cahiers d’écriture et « le » livre d’école. Sur le groupe, il n’y en a que deux.





Nous nous dirigeons tant bien que mal vers Bichau. Les enfants nous quittent tous à l’entrée du village et Théo nous mène à la forêt de fromagers. Extraordinaire ! Il n’y a pas de mots pour décrire le gigantisme de ces arbres centenaires et de la beauté de cette nature exempte de toute pollution.




Nous devons nous arracher à leur contemplation et repartir sur nos pas en passant par le village où nous retrouvons quelques enfants dont l’une des jeunes filles qui me tenait la main. Les habitants nous présentent des papayes que nous avons grand plaisir à leur acheter. Il suffit d’avoir la monnaie car ici, comme dans l’autre village, il n’y a aucune boutique. Donc très peu d’argent en circulation et surtout pas nos gros billets de 5000 francs CFA (7€).




Retour vers notre pirogue. Et surprise : celle ci ne nous attend pas au même endroit mais sur la plage qui était face à notre premier mouillage où nous n’avions pu débarquer. C’est trop chouette.

Retour en pirogue vers notre premier lieu de débarquement où nous attend le cuistot avec le repas qu’il nous a concocté : salade et barracuda grillé. Et ananas en dessert. appréciez la vue !



Petite baignade puis retour à Kéré. Quelle journée exceptionnelle ! Merci à Laurent, à Théo et a toute l’équipe. Jusqu’au bout ils seront attentifs à notre confort, jusqu’à l’échelle pour descendre de la pirogue !




Après ces si bons moments passés avec Laurent, les amis pêcheurs, dont Jean de St Malo (le monde est petit !) et de Jean Christophe, Aurore, Timothé et les amis belges arrivés 3 jours après nous, il nous faut penser à avancer.
Prochaine destination : un mouillage au nord de l’île d’Orango, parc naturel reconnu pour sa faune… visible en période de pluie. Nous ne verrons ni hippopotames ni tortues, juste un crocodile de loin mais c’est mieux ainsi !
Nous sommes toujours accompagnés par les dauphins qui se donnent en spectacle.



Toujours pas de requins en vue. Pourtant, comme les serpents, il parait qu’il y en a de toute sorte. Ce qui nous empêche de nous baigner ou, pour, le capitaine, de faire de la chasse sous marine. Ce sera le grand regret de ce séjour sur l’archipel.
La navigation est technique, deux passages de chenal nécessitant un minimum d’eau étant à passer.



Arrivés et mouillés près de l’hôtel nous ne perdons pas de temps pour descendre.


Malheureusement, les clients n’étant pas au rendez-vous, l’hôtel est fermé. Mais très
vite, le personnel chargé de le garder, vient s’enquérir de nous. Nous devons nous procurer le pass pour naviguer dans ce parc naturel. Nous irons l’acheter le lendemain auprès de la reine à Eticoga, a 4 kms de là.
Les oiseaux font le spectacle. ce sont des tisserands nous dit-on.

Les gardiens de l’hôtel nous attendent à notre descente et nous propose un guide à 4500 CFA par personne et un repas au village à 9000 CFA. Ils nous prennent pour des touristes. Nous refusons le tout et partons accompagné d’un des leur parti pour faire quelques courses. Trop chouette car il sera un accompagnateur pour nous mais au pourboire qui ira dans sa poche.
Il nous fera découvrir les fruits de la noix de cajou. succulents et très hydratants. Nous n’aurions jamais osé y toucher !


Arrivés au village, il nous mène directement à la reine chargée de nous délivrer les pass que nous obtiendrons au prix annoncé par Laurent, soit 5000 CFA (soit 7,5€), par personne. Le village est encore différent des autres vus à Caravella.



Certains murs sont couverts de peintures rupestres, plutôt jolies…


Des jardins individuels sont accolés à certaines maisons. Les pots sont rustiques…


Nous nous dirigeons ensuite vers le centre du village, accompagnés là aussi par les enfants. A la seule épicerie, nous ne trouverons que des bananes et du lait concentré pour le capitaine dont il raffole.


Le bouche à oreille est lancé : des œufs arrivent d’un côté, des citrons de l’autre, des papayes aussi. Nous distribuons bombons et cigarettes.
Nous rencontrons l’ancien du village, de 82 ans, qui n’est autre que le père de Théo, notre guide de Caravella. Nous rencontrons également son épouse que nous sommes fiers de prendre en photo avec nous et de la lui envoyer !

Un repas a également été préparé pour nous, à nos conditions, pour 10.000 CFA pour tous (15€). C’est très simple mais c’est ce que nous voulions : un plat de riz à l’huile de palme et aux épices, accompagné de coques.


C’est typique et nous ne mangerons ce plat nulle part ailleurs. Les femmes sont fières et nous partageons les gâteaux apportés avec elles. Que du bonheur.

Au retour le fils d’un sculpteur nous rejoint et nous propose de jolies statues. Nous ne résisterons pas mais nous sommes limités car, comme partout ici, il nous faut payer avec des petites coupures que nous n’avons plus… Nous n’en prendrons qu’une, dont les yeux et la bouche seront ouverts par le sculpteur avant de nous la remettre.

Bien du monde sur le chemin du retour. Et pour cause : une pirogue vient d’arriver de Bissau. C’est la fête ! Le ravitaillement du village est assuré. De nombreux sacs de riz, des bagages, des sacs, un vélo pour enfant et même une baffle de musique. Tout est transporté à dos d’homme, d’enfants ou sur la tête des femmes, sous une chaleur écrasante.



Nous rejoignons avec bonheur nos bateaux et prévoyons notre navigation pour les jours suivants.
Un petit mot sur la navigation dans l’archipel.

Étant habitués en Bretagne aux courants, marées et forts marnages, nous ne devrions pas être surpris. Mais quand même ! Nous sommes sur de gros coefficients de marées (un peu plus de 100), ce qui occasionne des différences de hauteurs importantes. La difficulté réside dans le fait que nous n’avons que peu de carte, très peu précises. Et les bans de sable indiqués sur nos guides ne sont pas toujours là où on les attend. L’application Navily nous a été fort précieuse. Heureusement qu’il y avait un peu de réseau lors des passages délicats. Et l’impératif, pour venir en toute tranquillité sur cet archipel, est de naviguer en dériveur. C’est à dire ne pas avoir de tirant d’eau de plus de 1,50 m. Sur Maverick, la dérive relevée, nous talonnons à 0,70 cm. Nous sommes donc, sur les trois bateaux, le plus apte à tenter les passages délicats. Ce qui ne nous a pas empêcher de nous poser avant Kéré, mais c’était en même temps, un peu voulu puisque cela nous a permis de nettoyer la coque dans 70cm d’eau. Il faut donc que les capitaines se concertent et choisissent la meilleure heure pour naviguer et passer les passages qui peuvent être délicats. Mais, inutile de vous dire que lorsque nous sommes dans des profondeurs de moins de 2m, c’est le capitaine qui est à la barre, moteur au ralenti, à essayer de trouver le chenal le plus profond. Et le soulagement lorsque nous retrouvons 4, 5 ou 6 mètres de fond. Enfin, je parle plus pour moi que pour le capitaine qui n’a à aucun moment paru en difficulté !
Et c’est aussi pour cela que nous sommes venus aux Bijagos. Pour y trouver une navigation exigeante et intéressante. D’autant qu’a la différence de nos contrées, le facteur météo est inexistant puisque nous sommes en saison sèche.
Retour sur notre programme.
Après un joli mouillage dans le rio près de Meneque,

Nous décidons de nous approcher de la zone de vie des hippopotames. Malheureusement à la vue de déferlantes et de fonds peu engageants, nous changeons de destination et nous nous dirigeons vers la Punta Canapa, sur l’île d’Orangosinho.




Après deux passages un peu délicats, nous sommes escortés de nouveau par les dauphins. Quel spectacle ! Puis nous suivons de magnifiques plages avant de poser notre ancre.





Après un joli diner sur ystaffel avec nos dernières denrées fraîches et un très beau mérou acheté à des pêcheurs au mouillage précédent,

Nous décidons d’aller visiter le lendemain le village de Uite.
Pour ce faire, nous nous avançons en annexe, les chemins étant inexistants près de notre mouillage. Nous savons que ce village, loin des zones d’observation de la faune sauvage, sera encore différent de ceux visités jusque maintenant.

Et pour cause : aucune route, aucun lodge ou restaurant, évidemment pas de grands magasins, donc aucun visiteur. Nous sommes dans une autre dimension ! Ils ne pourront même pas nous prévoir le déjeuner car ils ont tout juste assez pour eux…
Les 4 kms pour arriver au village se font sous un soleil de plomb. Nous retrouvons les rizières, la savane, les anacardiers, les palmiers… Un singe que nous apercevons sauter et enfin l’orée du village.



Les jeunes garçons arrivent très vite et nous entourent.

Ils nous prennent la main, nous touchent, caressent les poils des bras du capitaine, s’extasient devant nos tatouages au poignet. Ils sont habillés de bric et de broc mais joyeux et intéressés par tout. Il y a moins de 10 ans, les habitants n’étaient encore habillés que de jupes tressées et de pagne.
Évidemment dès que nous sortons les téléphones pour prendre des photos c’est le jackpot ! Ils adorent se voir en photo, avec langage de geste et de sourire surtout… Quelle joie de vivre, même avec si peu. Et quelle chaleur !






Nous avançons vers le centre du village pour en saluer le chef. Un local qui parle un peu français nous prend en charge et nous mène à la seule épicerie bien peu achalandée. Il y a juste ce qu’il faut : des sucettes pour les enfants. Nous en prenons 60, avec le peu de petites coupures qu’il nous reste. Et là c’est la distribution : chaque enfant en reçoit une, les fillettes sont arrivées et ont également leur part. Que du bonheur !


Ne pouvant rester déjeuner, nous repartons assez rapidement car nous perturbons la vie du village. Les enfants nous accompagnent jusqu’à la sortie et un adulte leur dit de s’arrêter : tous se mettent en ligne et nous font de grands au revoir. Souvenir incroyable !
1h de marche sous une chaleur exténuante et nous retrouvons notre annexe. Fanch au manche, nous sommes escortés par les dauphins, à pratiquement les toucher… quelle journée !

Départ le jour suivant, vers Joâo Vieira: qu’y trouverons nous ? Mystère, mais nous avons maintenant une vraie vision de l’archipel.
Nous y trouverons le campement de pêche sportive de Claude, un autre français installé dans l’archipel depuis une vingtaine d’années. Impossible à joindre par mail ou téléphone, nous arrivons à 17h00 en demandant à y dîner.
Le campement est bien plus sommaire que celui de Laurent. Nous mesurons les prouesses techniques qu’il a réalisées et la volonté de fer qu’il a dû démontrer ! Ici, très peu de téléphone et pas de wifi. Comment fait il pour gérer les réservations ? Nous ne savons pas trop.
Claude est à Bissau pour le ravitaillement et c’est Marie, son épouse sénégalaise qui nous accueille. Elle est originaire de Carabane, en Casamance, où nous sommes allés. Nous lui montrons les photos :elle est enchantée.



Apaty, le cuisinier, nous dit qu’il n’y a pas de problème pour diner, qu’il y a de tout. Jean benoit le prend au mot et lui dit : « en entrée je veux une pizza, puis un steak avec des frites et un gâteau anniversaire pour Hugues ».
Après un apéritif avec les 4 seules bières restantes, le repas est annoncé : pizza maison en entrée, steak de carangue avec frites et …. gâteau d’anniversaire ! Énorme ! Apati est un cuisinier hors pair !


Joâo Viera est la plus grande île d’un petit archipel, parc naturel, qu’il nous faut payer pour pouvoir naviguer. 5000 CFA/p auprès de Claude que nous verrons le lendemain. Et pour changer, remplissage de bidons d’eau car il y a une source sur Joao Vieira.

Pas de village sur ces îles. Juste des locaux en famille qui travaillent pour le parc et pour l’eco lodge. Nous n’aurons donc aucun ravitaillement.


Pendant que le capitaine est invité par Bernard et Alain, des pêcheurs français, habitués à venir pêchés au gros dans les eaux poissonneuse de l’archipel, à une journée « pêche », nous nous promenons avec Fanch et Cathy sur les plages de l’île, bien peu à voir mais les palétuviers avec leurs racines dans l’océan sont une vraie curiosité.





Nous retrouvons nos pêcheurs sur Maverick, heureux de leurs prises et heureux de découvrir notre voilier et notre mode de vie. chouette de partager autour d’un petit verre !


Départ le jour suivant pour le mouillage au nord de l’île de Roxa, au pied de l’ilheu dos Porços.



Mais le capitaine a du travail : le guindeau est tombé en panne… Il nous faudra une pièce que nous ne trouverons qu’en France. En attendant, il faut bricoler !

Ce sera le plus beau mouillage de l’archipel ! Quel splendeur, entre bans de sable, oiseaux et eau transparente…



A la lecture de nos guides, un débarquement à terre est décidé pour visiter Inorei.


Que dire… Ce sera le village le plus pauvre découvert jusqu’à ce jour. Pourtant Bubaque la riche, la seule île où le tourisme étranger s’est implanté, est juste en face… Relation de causes à effets ? Nous voyons bien qu’ici personne ne vient. Juste les ONG il y a, a priori des années, dont on voit les vêtements en lambeaux. Sur notre guide il était d’ailleurs précisé que les années fastes, il y mouillait de 1 à 3 voiliers….
Les enfants, comme partout ailleurs, sont en joie.

Nous leur demandons l’épicerie du village afin de leur acheter quelques bombons car nous n’en n’avons plus sur les bateaux. L’épicerie est une case où il n’y a rien de rien. ici ils doivent véritablement survivre. Aucune sucrerie… Nous n’aurions de toute façon rien acheter de peur de leur prendre le peu qu’il leur restait…

Les constructions sont différentes, plus petites. Et à la différence des autres villages, nous ne voyons que très peu de cochons, poulets, ou chèvres.




Nous repartons tristes de rien pouvoir leur offrir. En tout dernier ressort, en quittant le village, Jean Benoit découpe en quatre une dizaine de cookies que j’avais pris pour le goûter et nous distribuons ces bouchées à chacun des enfants que nous avons mis en file indienne pour que chacun ait sa part. Ils en sont heureux… Quelle pauvreté !
Cathy et Fanch ont emporté une vielle paire de sandales de marche. Ils les offriront à un vieil homme croisé sur le chemin : quelle joie, quel regard de reconnaissance. Il en aurait presque dansé, lui qui avait une tong différente à chaque pieds !
Cette visite nous laissera un goût amer et nous n’avons pas besoin de nous concerter pour nous dire que nous n’y retournerons pas. Inutile de les perturber encore plus et d’étaler notre « richesse ».
Demain est un autre jour.
Promis, nous revenons vite pour vous raconter la dernière partie de notre séjour sur l’Archipel.
il va falloir faire un livre de votre navigation voyage, c’est passionnant et ça sort vraiment des sentiers battus. Bravo
Merci beaucoup. C’est trop gentil. Et c’est trop chouette de partager ce voyage tellement hors du temps ! ?
Bonjour de saint Malo
Arlette
>
Gros bisoux chère arlette ??
Eh bien quel beau récit plein de surprises de découvertes de rencontres quel enrichissement
Merci beaucoup de partager ça avec vs
Plaisir très partagé ! ??
Super ce partage ! On a l’impression d’être avec vous. On vous embrasse bien fort et bonne navigation pour la suite des aventures.
Merci beaucoup chère Sandrine ! Big bizzzz
Quelle gageure que ce périple! Merci de ce partage au plus prêt des villages. L’Afrique noire Je l’ai connu il y a 50 ans, Je constate qu’elle n’a pas changé. Tous ces enfants joyeux qui nous encerclent dès notre arrivée et qui n’ont rien ! Vous avez raison gardons-nous de tout jugement sur les théories du bonheur! A l’époque nous leur amenions des bonbons mais je trouve votre geste de les leur acheter dans leur propre village bien plus judicieux.
Encore merci ?
Merci beaucoup. Et l’aventure continue, sur d’autres continents ! ?
Contrée magique, le voyage avec un grand V et votre récit est captivant. Un témoignage aussi. Avec quelques autres bateaux vous avez ouvert une nouvelle voie, j’espère qu’elle sera profitable à cette région. Votre blog est magistral et je vais vous suivre, au sens propre d’ailleurs.
Bon vent
Alain sur Kathaïs