Première traversée : le mot du capitaine

Le routage (météo et choix du départ)

Difficile de trouver une fenêtre météo de 96h quand les dépressions se succèdent. Dès le mardi j’avais commencé à identifier une fenêtre potentielle le dimanche. Pour les amateurs je place ci-après les cartes isobariques à ma disposition au moment du choix. J’ai aussi utilisé le modèle météo DWD icon Europe avec un modèle de vagues Arpège, qui se seront tous deux révélés extrêmement fiables et précis.

Il ressort de l’analyse des cartes que les premières 24h seront un peu rudes, et qu’ensuite se succéderons périodes de calme et de vent modéré. Le vent devrait toujours être favorable, sauf à 80NM du but mais avec une force de moins de 5kn, donc ce sera moteur face au vent. On a 36h de marge par rapport à notre route avant l’arrivée d’une nouvelle dépression sur la Corogne.

Départ dimanche 00h01 pour une arrivée prévue par mon routage le mardi à 14h00.

Le départ, premières 24h

Pas cool quand vous avez pris la décision de partir avec la marée de 00h00 et que vous êtes à l’apéro avec des amis de voir plusieurs bateaux partir pour la Corogne à la marée précédente, entre 12 et 14h00. Mais je maintiens ma position qui consiste aussi à ne pas arriver de nuit.

Comme prévu les premières heures sont assez éprouvantes, entre Camaret et le phare d’Ar Men. Mer assez formée mais vent portant relativement modéré, entre 15 et 24kn. On a pris un ri de principe (« la nuit prends un ri » disent les anciens), et on n’envoie qu’un tiers de génois. L’allure est bonne, la lune nous éclaire jusque 3h du matin. On passe Ar Men vers 4h00, on abat un peu ce qui nous donne un portant à 110°, la mer se calme, je peux enfin aller me coucher en laissant Isa aux affaires.

Belle journée à suivre, 140NM accomplis à 00h00, on a pu cuisiner, manger, se reposer. La mer est belle, le bateau avance bien, peu de manœuvres, moins d’une heure de moteur, effectués au début essentiellement pour sortir de Camaret face au vent.

Deuxième jour en mer

Moins agréable que la première nuit. La lune nous quitte rapidement, une houle de travers assez désagréable. En plus on a un ciel de traine, avec passage de gros grains, heureusement sans précipitations, jusque 3h. On passe même le second ri à l’approche d’une masse noire inquitante mais qui nous épargnera finalement.

Comme souvent après le passage d’une dépression on retrouve un calme. La nuit se termine par 6h de moteur.

La journée est calme, trop, on fera encore 2h, puis 6h de moteur…. Mais la mer est calme et agréable, le temps passe sereinement.

Au final 14h de moteur sur ces dernières 24h… Et 126NM accomplis.

On a pu valider notre alternance de quart basée sur nos rythmes naturels. Ca fonctionne vraiment bien, du moins à deux. On a pu aussi apprécier la Goulash pour le deuxième diner, encore meilleure que la veille…

Dernier jour

Encore des molles pendant la nuit, 3h de moteur…. Puis le vent revient, comme prévu sur le modèle météo. Un beau 10-12kn, qui nous pousse à 6kn, joli. La mer est belle. Le vent ne nous quittera qu’à 9h15, installant une mer d’huile à l’approche de la cote. C’est là que nous verrons baleines et dauphins, et nos Lorientais en panne de moteur….

Le remorquage et l’arrivée

A deux heures du but on croise un bateau sous voile. Je le voyais à l’AIS depuis plusieurs heures en m’étonnant de son cap et de sa vitesse. En arrivant sur lui je le vois toutes voiles dehors, avancer à 1.5kn (3km/h) dans les risées. Un puriste qui refuse le moteur ? Non, en fait je vois qu’il nous font des signes. Je lui montre la vhf et lui propose le canal 8 pour échanger. Il demande assistance et remorquage, étant en panne moteur depuis la nuit.

Les règles de la mer imposent de porter assistance à toute embarcation et équipage en danger. Ce n’est pas vraiment le cas mais on ne pouvais pas les laisser là à attendre le vent qui ne devait arriver que dans la soirée.  

On réfléchit donc à la meilleure manière d’opérer : finalement j’installe une patte d’oie à l’arrière de notre bateau, avec une boucle à laquelle j’amarre l’aussière que Laura nous a envoyée. Il n’y a pas d’école pour apprendre à faire ca, je ne suis sur de rien mais ca a l’air de fonctionner. Son aussière est un peu courte, 15m, mais ca suffit dans cette mer avec juste une petite houle.

A l’arrivée au port autre manœuvre délicate (les personnels du port ne veulent pas sortir un zodiac pour aider…), alors on le « lance » vers un ponton assez long et on s’échappe sur le coté dès qu’il a laché son amarre. La manœuvre réussit parfaitement on le voit s’amarrer au ponton, mission accomplie pour nous, direction notre marina.

Au final « seulement » 81NM au compteur pour 13h40 de navigation, avec un peu de temps perdu au remorquage. On arrive à 13h50 ! A un quart d’heure de ma prévision, pas mal pour un premier routage.

Bilan de cette première traversée

On a pu constater que les modifications apportées à l’intérieur de Maverick sont toutes pertinentes et fonctionnelles. La cabine atelier avec sa couchette simple sert de couchette de veille à celui qui n’est pas de quert, quand le temps est mauvais, on peut s’y reposer un peu en étant tout habillé, prêt à sortir. La cabine invités sert parfaitement pour dormir en restant proche de l’homme (ou la femme) de quart.

On peut facilement faire à manger en mer, même si ca secoue, l’avitaillement est bien rangé, la vaisselle adaptée à tout les temps, le matériel de sécurité et de navigation totalement opérationnel.

Le moteur a parfaitement fonctionné, ainsi que tous les éléments du bateau, ce qui est une belle satisfaction, après un an passé à tout fiabiliser.

Et enfin on a pu constater que l’équipage, comme dans la vie, se complète parfaitement. Aucune difficulté entre nous, et on a finalement pris beaucoup de plaisir à cette première traversée en couple.

4 thoughts on “Première traversée : le mot du capitaine

  1. Début de tour du monde et déjà vous faites preuve d’une grande maîtrise : pour l’établissement du routage et choisir le meilleur départ, sur l’eau et vous vous permettez de porter secours à un bateau en difficulté à l’arrivée avec brio. Félicitations et respect c’est une excellente préparation pour la grande traversée.
    L’escale de la Corogne et son confort n’est pas négligeable et doit vous donner confiance pour la suite. Merci pour tous les détails de votre navigation et vos émotions, vous nous faites rêver. Continuez comme ça, ne changez rien.
    Nous vous embrassons.

  2. Un petit bonjour de Fontenay ou j’apprends le vocabulaire de navigation…
    Merci de partager votre voyage.
    Vivement la prochaine lecture
    A bientôt

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