Au paradis des oiseaux migrateurs : les iles Selvagens

Après un dernier au revoir aux amis Cyrille et Loïc, nous voici partis pour les îles Canaries, via l’archipel des iles Selvagens, situées à 290 kilomètres des côtes de Madère et à 160 kilomètres des Canaries. Il n’est pas facile d’aller sur cette terre. Elle n’est pas ouverte au tourisme et il faut une autorisation spéciale pour s’y rendre en voilier ainsi qu’une fenêtre météo favorable. Autant vous dire que nous nous retrouverons pratiquement seuls au monde et sans aucun réseau cellulaire ni autres moyens de communication.

Nous partons à 6h00 du matin avec le vent du nord-est pour rallier les îles.

Entre mer et ciel, une palette de bleu s’offre à nous.

Un magnifique coucher de soleil nous permettra de passer au mieux cette nuit entrecoupée de veille.

Le lever de soleil nous récompense de nos efforts !

Trop rigolo, nous retrouverons chaque matin après une nuit en mer des calamars volants échoués sur le roof !

Il nous faudra 32 heures de navigation pour arriver en vue des Selvagens, plus précisément Selvagem grande, les autres iles étant inaccessibles.

Étant seul bateau au mouillage, nous avons l’autorisation d’utiliser la bouée du ravitailleur ce qui nous arrange grandement au vu des fonds très rocheux que nous découvrons en plongeant. En effet, nous sommes au sommet d’une montagne immergée de 4200 mètres au total dont 153 mètres émergés. Nous nageons dans une eau cristalline, magnifiquement bleutée et peuplée de poissons de différentes couleurs. Nous nous rendons compte que notre appareil photo sous marin est HS. Donc pas de photo des fonds. On améliorera ce point rapidement.

Nous sommes fort bien installés pour passer une nuit complète et calme, avec un magnifique coucher de soleil en prime.

Réveil bruyant à 6h00 du matin : appréciez !

Bienvenue aux Selvagens

Dès 9h00, nous descendons à terre après une vérification pointilleuse de nos tests covid, de nos passeports et papiers du bateau. 

À nous maintenant la découverte de cette île  de 2,5 km2, qui n’est visitée que par les quelques voiliers qui font le détour pour s’y arrêter, quand la houle et les vents le leur permettent, et les rares scientifiques venant étudier le comportement des oiseaux migrateurs, dont Jean-Yves Cousteau qui trouva sur ces îles, fait fièrement rapporté par notre Ranger, les eaux les plus limpides du monde.

L’île est gardée par des rangers qui se partagent entre les parcs naturels des îles Desertas, Porto santo et Madère, deux gardiens de phare et des membres de la police maritime.

La visite commence accompagnés par un ranger qui va nous faire découvrir les particularités de ce lieu unique où il ne pleut que tous les 2 ou 3 ans… 

Nous empruntons un petit chemin rocailleux soigneusement entretenu par les rangers, avec une vie magnifique sur notre mouillage.

Tout au long de celui-ci nous découvrons les nids des puffins de Cory, migrateurs, dont l’île est leur lieu de reproduction. Les oiseaux pondent vers le mois de mai pour repartir dès le mois d’octobre. La colonie peut atteindre 40.000 individus. 

Les nids sont faits dans les anfractuosités naturelles de la roche et les oiseaux en protègent l’accès avec des tas de petits cailloux. Certains sont déjà occupés où nous pouvons facilement y voir le couple.

Les oiseaux reviennent toujours dans le même nid et quand les parents disparaissent, des bagarres peuvent apparaître pour la possession des nids inoccupés. Ces oiseaux peuvent vivre jusqu’à 35 ans. 

Arrivés sur le plateau le paysage est impressionnant, la végétation ne survivant que grâce aux vents dominants de nord, chargés d’humidité. 

Vue sur une autre crique où il est impossible de se poser… Tellement beau !

Le ranger nous montre les différentes particularités de l’île et les vestiges d’une ancienne tentative de colonisation de l’île : La levada et sa citerne.

Faute d’avoir suffisamment d’eau aucune de ces tentatives n’a réellement aboutie mais les rangers entretiennent jalousement ces quelques vestiges historiques de l’île. Comme dans beaucoup d’île les colonisateurs ont introduit différentes espèces végétales et animales qu’il a fallu éradiquer pour reconstituer l’équilibre fragile de cette île, les rats et les lapins ne faisant pas bon ménage avec les oiseaux et les végétaux endémiques de l’île.

Le ranger nous montre fièrement le plateau nous expliquant que grâce à leurs efforts la végétation de l’île à été rendue à son développement naturel.

Outre les oiseaux migrateurs, c’est le royaume des lézards et une espèce de gecko endémique de l’île, ainsi que quelques petits oiseaux. Les fleurs ne sont pas en reste. Nous n’en verrons pas, l’époque ne s’y prêtant pas, mais en voici l’affiche.

Nous voici maintenant sur l’un des points culminants de l’île à 153 mètres.

Nous redescendons avec toujours cette vue plongeante sur notre mouillage

Nous sommes accueillis par le reste de l’équipe qui nous offre café, apéritif et un régime de bananes. Nous regrettons grandement de n’avoir pas embarqué un journal ou un présent pour eux… 

Nous mesurons la chance exceptionnelle d’avoir pu fouler ces terres si protégées et loin du monde. Aucun papier, aucun détritus, aucune pollution. Et aucun visiteur… Instants uniques et inoubliables !

Mais il faut penser à repartir pour 24 heures supplémentaires de navigation. Les adieux se font par l’intermédiaire des cornes de brume.

Nous avions prévu de nous rendre à la Graciosa puis à Lanzarotte. Les vents en décident autrement. Afin d’adopter une allure plus confortable, nous prenons le cap de Las Palmas, sur l’ile de Gran Canaria, où nous devions de toute façon aller pour commander les travaux de sortie du bateau fin mai.

Installation du tangon au petit matin :

Et enfin, pour nous souhaiter la bienvenue dans ces eaux plus chaudes, les dauphins !

Comme prévu, et avec 2 heures d’avance, nous arrivons en vue de Gran Canaria.

Le port est très urbanisé et de nombreux cargos et bateaux de croisière sont en attente…

A tel point que certains sont à couple, comme de simples voiliers !

Le mot du capitaine

Petit rappel important pour votre tranquillité d’esprit : quand sommes nous joignables et quand ne le sommes nous pas ?

Sitôt au large (plus de 40 miles nautique ou 75 km) nous n’avons plus de réseau téléphone, et nous ne sommes plus repérés par les sites de géolocalisation (Marine traffic, Vessel finder etc).

Il est donc parfaitement normal de ne pas nous voir avancer, ne pas recevoir de photos sur les réseaux.

En cas de danger nous disposons d’une balise de détresse qui fonctionne partout sur la planète et nous permet de déclencher les meilleurs secours locaux.

A partir de septembre nous réactiverons notre téléphone satellite qui nous permettra, n’importe ou dans le monde, de téléphoner, de transmettre notre position plusieurs fois par jour, et accessoirement de recevoir la météo.

Donc ne vous inquiétez jamais de ne pas avoir de nos nouvelles. Il se peut, comme ces derniers jours, que nous soyons coupés des réseaux pendant « un certain temps… ». Parfois sans l’avoir anticipé (Isa pensait avoir du réseau sur les Selvagem).

Si nous avions un réel souci Anne-Claire et Sébastien seraient en direct avec les secours et transmettrons les news qu’ils jugeraient appropriées.

Bon, bien évidemment nous espérons que rien de tout cela n’arrive jamais, mais au moins vous savez maintenant que parfois nous sommes hors du monde « normal »… Pour notre plus grand plaisir, en ce moment particulièrement.

9 thoughts on “Au paradis des oiseaux migrateurs : les iles Selvagens

  1. C’est génial que vous ayez eu de bonnes conditions météo pour aller à terre et visiter cette île Salvagem ! Nous n’avions pas eu cette chance et je me souviens parfaitement de notre impossibilité à prendre la bouée à laquelle vous étiez, la mer étant tellement mauvaise …. nous avions dû continuer jusqu’au Canaries .
    Grâce à vos photos et commentaires, cette fois ci nous les voyons !!
    Merci encore pour vos commentaires et descriptions .
    Et profitez bien des Canaria

    1. Chère nico’e, vous êtes toujours un peu avec nous grâce à bien des choses que vous nous avez laissées ! Que du bonheur de voyager comme cela. Nous sommes sur vos pas. On vous embrasse fort

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