
A défaut de pouvoir venir avec nos voiliers, nous décidons, avec Hugues et Anne, de venir visiter cette ancienne capitale dont le nom fait rêver. Et nous ne le regretterons pas.
Nous laissons donc Maverick2 et Vanuily à Dakar et prenons un taxi (via la plate-forme allo-taxi trouvée sur internet. Top et pas trop cher) pour les 4h de route nécessaires pour rejoindre Saint-Louis. Nous partons un dimanche, bonne journée pour éviter les embouteillages, ce qui ne sera pas le cas pour le retour (nous mettrons 7h00)…
Nous arrivons en début d’après midi à Saint Louis, après avoir emprunter le Pont Faidherbe, le seul pont reliant l’île au continent.
A nous Saint-Louis !
Un peu d’histoire
Plus ancienne ville édifiée par les colonisateurs français en Afrique de l’Ouest (1659), son nom Saint-Louis, ‘Ndar’ en wolof, lui fut donné en l’honneur du Roi de France Louis IX (1226-1270). Car l’histoire de Saint-Louis du Sénégal se confond avec celle de la colonisation française. Sa situation géographique à l’embouchure du fleuve Sénégal étant stratégique, français et anglais bataillèrent longtemps pour son contrôle. La ville passa d’ailleurs plusieurs fois aux mains des britanniques mais les ‘toubabs’ français y restèrent le plus longtemps, jusqu’à l’indépendance du Sénégal en 1960. A son apogée, Saint-Louis du Sénégal était la capitale du Sénégal (avec l’actuelle Mauritanie) et capitale de l’AOF; l’Afrique Occidentale Française, en fait une région aussi vaste que l’union européenne, et qui regroupait : la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan français (devenu Mali), la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue Burkina Faso) et le Dahomey (devenu Bénin).
Célèbre étape d’abord des navires européens de la Traite, puis de l’aéropostale de Mermoz ou Saint-Exupéry, l’île de Saint-Louis du Sénégal conserve d’importants témoignages de son prestigieux passé. Elle est encore aujourd’hui, la ville symbole de l’élégance et du raffinement au Sénégal. Certes de nos jours Saint-Louis n’est plus qu’une simple capitale régionale du Sénégal mais son passé glorieux resurgit aux détours de ses rues. Son patrimoine architectural et culturel est tel que Saint-Louis du Sénégal est classée depuis l’an 2000 au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO avec son célèbre pont Faidherbe qui la relie au continent le 14 juillet 1897. Il est l’initiative du Gouverneur Louis Faidherbe, officier du génie sorti de Polytechnique en France. Ce pont est du type « pont-tournant », construit en treillis d’acier, d’un poids total de 1 300 tonnes. Sa longueur totale est de 508,60 mètres. Ses travées sont de longueur inégale. L’une mesure 42,92 m., 2 autres 36,55 m., 5 autres 8,26 m. chacune.


Saint Louis bénéficie aussi d’un environnement naturel exceptionnel. A moins d’une heure du centre ville, se trouvent deux parcs naturels classés au patrimoine mondial par l’UNESCO : le Parc de la Langue de Barbarie au bord de l’océan que vous allez visiter avec nous, et le Parc aux oiseaux du Djoudj (3ème réserve ornithologique au monde)
Après un déjeuner dans une petite cantine toute simple, nous nous promenons dans les rues et arrivons très rapidement devant l’hôtel de l’aérospatiale et le musée Mermoz.

Car on ne peut pas parler de Saint-Louis sans évoquer Jean Mermoz et l’histoire, avec un grand H, de l’aérospatiale.
Jean Mermoz inaugurera, le 10 mai 1927, la ligne Toulouse-Saint-Louis du Sénégal sans escale. La même année il est chargé par la compagnie générale Aéropostale d’assurer la ligne Buenos Aires-Rio de Janeiro.

Le musée est fort intéressant et nous replonge auprès de ces pionniers de l’aviation qu’étaient Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry et autres… Et nous emmène jusqu’en Patagonie, notre étape de fin d’année… Incroyable ces personnages qui défiaient toutes les lois de la nature pour porter de simples courriers, qui pour nous à ce jour ne représentent plus que si peu de chose a l’ère d’internet ! Hugues, passionné par l’aéronautique, est aux anges !

Nous voilà de nouveaux dans les rues, toutes parallèles et nous dirigeons vers le sud. Nous nous réservons le nord pour le jour suivant. La Cathédrale, fermée et le Palais du Gouverneur. Il vaut mieux le voir à l’avant, l’arrière étant en totale décrépitude…








Nous découvrons l’agence des affaires maritimes, la brigade des sapeurs pompiers, structurée comme la BSPP (brigade des sapeurs pompiers de paris) et ce n’est pas un hasard, et l’emblématique bateau de croisière Bou El Mogdad.



Mais aussi les lieux du tournage du film le « coup de torchon », dont l’escalier …


Et la fameuse grue à vapeur, de plus de 20 tonnes, un des seuls engins au monde à nous être parvenu dans un état de conservation presque parfait…


Notre petite soirée à l’hôtel keur Suru, une vieille demeure joliment décorée.



Le jour suivant, nous décidons d’emprunter une calèche, avec un jeune guide très cultivé. Que du bonheur !




Nous montons vers la pointe nord et arrivons devant la grande mosquée. Son édification suscita plusieurs remous. Elle est la seule au monde à disposer d’une cloche et d’un cadran d’horloge.

Remarquable par ses deux minarets carrés au dessus d’un toit de tuiles à double pente, elle a cette curiosité de posséder une cloche dans le minaret de gauche. Autrefois reliée à l’horloge de la mosquée, cette cloche, encore visible de nos jours, carillonnait pour annoncer les heures de prière. Ce fait pour le moins insolite, s’explique selon la tradition orale, par l’opposition farouche de la communauté des mulâtres de la ville à l’édification de la mosquée. Elle ne cédera qu’après avoir posé deux conditions : la construction de la mosquée en dehors de la ville et l’installation d’une cloche pour annoncer les heures de prières. Ce, pour bannir les appels du muezzin. Cette version est décriée par Serigne Amadou Dieng, ce doyen de 84 ans, imam des 5 prières, dont 75 ans d’existence au sein de la mosquée. Découverte et explication.
Après le dans le nord de l’ile,

et tout près des maisons en bois, qui étaient destinées, au vu de leur faible poids, à être déplacées au gré des travaux de la ligne de chemin de fer (fermée depuis 2010),


Nous nous dirigeons vers la Langue de Barbarie. Venez visiter avec nous au travers de cette petite video.



La Langue de Barbarie, sur laquelle les quartiers dits des pêcheurs (Gooxumbath, N’Dar Toute, Guet N’Dar) forment une des trois entités de la cité de Saint-Louis-du-Sénégal (avec N’Dar Guedj, l’île Saint-Louis, et Sor, l’extension continentale). Large de 200 à 400 mètres sur une longueur nord sud d’environ 40 kilomètres depuis les confins mauritaniens, la Langue de Barbarie en sa partie urbanisée est un « segment proximal » qui commence à 3 kilomètres au nord de la ville de Saint-Louis, dans les landes de Sal Sal, et s’étire jusqu’à 1,5 kilomètres au sud, à l’Hydrobase. Cette portion de cordon est aussi la moins protégée de l’océan, avec seulement une pente de 3 à 4%. Et la plus densément peuplée de la cité. Juste au nord des dernières maisons de Gooxumbath, au-delà des séchoirs de poissons et des amoncellements de coquillages ‘yet’, il arrive que la mer tempétueuse franchisse la steppe côtière pour s’engouffrer dans le lagon du delta fluvial.
Un peu d’histoire
Né de l’affrontement du fleuve Sénégal avec l’océan Atlantique, la Langue de Barbarie est une longue bande d’une trentaine de kilomètre s’étirant du nord au Sud de Saint-Louis, depuis la frontière Mauritanienne et quartier de Sal-Sal le long de la côte Sénégalaise jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal.
En octobre 2003 craignant une inondation de Saint-Louis du Sénégal, le Président Sénégalais de l’époque Maître Abdoulaye Wade ordonna d’y creuser une brèche à 7km de l’ancienne capitale avec l’aide de techniciens marocains. Depuis ce jour, la brèche n’a cessée de s’élargir vers le sud, créant d’énormes changements environnementaux et détruisant notamment le village de Doun Baba Dièye.
La Langue de Barbarie est donc scindée en deux parties qui s’éloignent chaque jour un peu plus, de quelques mètres en 2003 à plusieurs kilomètres aujourd’hui.
Transformée en nouvelle embouchure, elle est aujourd’hui préférée comme point de passage par la plupart des pêcheurs des quartiers de Guet Ndar, Ndar toute, Goxumbacc ou Santiaba. En effet, les pirogues qui auparavant étaient débarquées sur la plage, sont désormais amarrées sur le fleuve Sénégal. Plus pratique mais très dangereux, ce passage a déjà vu de nombreux naufrages et des morts par dizaines.
Je précise que pour la découverte de la Langue de Barbarie, il est fortement recommandé de se déplacer avec un guide ou en calèche comme nous l’avons fait. De ce fait, nous avons été moins sollicités par les enfants et les explications ont été particulièrement intéressantes. Et, dans la période actuelle où il y a si peu de tourisme, nous avons voulu contribuer à l’économie locale et apporter un peu de travail à notreguide. Nous l’avons payé 10.000 CFA à 4 (moins de 15 euros) pour plus de 3h de visite. Et comme il nous a dit : « Ici, en Afrique, nous sommes habitués à tuer le temps. Vous, en Europe, c’est le temps qui vous tue« .
Le quartier de Guet Ndar est très peuplé (une des plus fortes concentration humaine au monde) et très vivant.
Rencontre dans la rue.. incroyable non ? Notre guide dit bonjour au pélican. Il s’avère que c’est un animal blessé, récupéré par les pêcheurs. C’est classique pour eux.




Voyez la taille par rapport au petit garçon derrière…
Direction la plage où d’importants travaux sont en cours pour réaliser une digue.



Et la criée, façon sénégalaise ! La Langue de Barbarie permettraient de faire transiter 30.000 tonnes de poisson chaque année.



Et on passe le rond-point,

Direction la promenade en pirogue pour découvrir le bout de l’île de Barbarie, avec les oiseaux annoncés au Service des Parcs nationaux du Sénégal.



Nous ne verrons que des pélicans.








Et la rencontre avec les pêcheurs qui vont attendre devant la barre le bon moment pour la passer.




Nous revenons vers Saint Louis et remercions Ibrahim, notre guide intermédiaire.

Nous revenons vers notre hôtel, en passant par le bassin des pêcheurs entre saint-louis et la Langue de Barbarie. C’est le va et vient continuel. Et pour cause, il y en a des milliers.




A très vite pour le dernier article sur notre périple en Afrique.
