Sénégal / Brésil : notre première Transatlantique, vue par le Second


22 mai 2022


Quelle émotion de quitter ce continent, de quitter l’Afrique, de quitter les amis, tout juste 4 mois après notre arrivée sur ce continent, soit le 22 janvier 2022. Au jour près, et ce n’était pas recherché !


Nous franchissons un immense pas, et nous lançons dans notre première grande traversée. Direction l’Amérique du Sud, le Brésil. Nous serons coupés du monde a priori une quinzaine de jours, enfin presque puisque nous avons activé notre téléphone satellite qui nous permettra de charger la météo et de donner de loin en loin quelques nouvelles.
Avant de relever l’ancre, il nous faut nous défaire d’un filet de pêcheur qui s’est totalement enroulé dans notre chaîne.

Mais à quoi pensent les pêcheurs ? Quel est leur intérêt ? Ils l’ont installé lorsque nous étions à terre mais les copains bateaux étaient présents…
Bref, avec l’aide de Bernard, de El Pelegrino, et des coups de cisaille dans le filet totalement déchiqueté, notre ancre est libérée. Un dernier café avec les amis et c’est parti !
La houle s’est levée, le vent en rafale à 15/16 nœuds et la mer est verte !

C’est parti pour… Un labyrinthe de filets, filets flottants, casiers. Une véritable mer de piquets, bouteilles en plastiques et autres signalements souvent peu visibles.
Je suis devant pour signaler les obstacles et le capitaine a la barre. Il ne s’agirait pas de prendre l’un de ces engins dans le moteur. Notre hélice n’y survivrait pas…

Nous avançons à 4 nœuds et de cette manière pendant deux heures pour s’éloigner au plus de ses pêcheurs. Comment font-ils pour retrouver leurs biens ? Mystère.
La leçon c’est qu’il est impératif d’arriver ou de partir de jour….
Au delà de cette zone minée, nous voilà confrontée aux grosses barques de pêche. Mais il y en a bien moins que la dernière fois.
Et nous voilà partis sur notre cap avec un bon vent et une bonne allure. Un grand départ aussi pour nos doudous fétiches.

Nous rencontrons la seule et unique balise en bon état de la côte. Quelle est-elle ?

La nuit arrive et le rituel s’impose : celui qui est de quart enfile le gilet, avec la balise EPIRB et a consigne de ne pas se déplacer à l’avant sans en prévenir celui qui dort. Et le capitaine fait son tour du pont avant pour voir si tout est bien fixé. Pour fêter cette première nuit, repas de fête !
Nous dégustons le délicieux poulet de Benoît, de chez Papis en Casamance, conservez dans le congélateur de notre ami Daniel (bateau Aloha) que nous venons de quitter pour un bon moment. Vous vous souvenez celui qu’il nous a apporté avec Isabelle en annexe…


Le capitaine l’a préparé au four. Un régal. Ça c’est du poulet, avec les pattes. Ça me rappelle mon enfance… J’en connais une qui serait heureuse comme moi, n’est-ce pas petite sœur…

La nuit passe entre quart et repos, et passage de cargos de loin en loin. Nous verrons les derniers le jour suivant puis plus personne hors les nombreux poissons volants !


23 mai 2022

La journée défile jusqu’au moment où le pilote automatique saute et là c’est un peu l’angoisse. Parce que sans pilote auto ce n’est plus du tout la même traversée, voire celle-ci est annulée et reportée ! Je ne veux pas l’imaginer. Heureusement le capitaine, MacGyver se met en action :


La cause de la panne et la réparation nous privera de pilote deux petites heures. Ça tombe bien. Nous nous astreignons à la tenir au moins 1h par jour chacun, pour économiser également les batteries. J’aurais fait mon lot aujourd’hui.

La seconde nuit approche à grand pas et les quarts sont moins pesants. Encore quelques pêcheurs mais c’est très calme.
La météo prise par Jean benoit se vérifie chaque jour et se révèle exacte. Que du bon pour le Pot Au Noir…


24, 25 et 26 mai 2022

Les jours passent entre siestes, préparation des repas, lecture et écriture des articles du blog. Bientôt je m’attellerai à notre programme au Brésil. Mais le pays est tellement immense qu’il m’est difficile de m’y projeter.
Et n’oublions pas la contemplation de la mer à l’infini qui nous prend du temps… Car il nous faut apprécier le temps présent. C’est unique !


L’heure de barre quotidienne est tenue et le capitaine n’oublie pas, à chaque lever du jour, de mettre ses lignes de pêche à l’eau. C’est sûr, çà paiera un jour…


Nous avons vu ce jour des globicéphales passer près de nous, en sens inverse, tranquillement, sereinement, sans s’arrêter. Un joli ballet… Est cela la migration ?

Nous avons d’ailleurs eu, à plusieurs reprises la nuit le déclenchement d’une alarme. Le capitaine pense qu’il s’agissait de baleines passant sous Maverick. Impressionnant quand on y pense…

Que de magnifique lever de soleil et de crépuscules…

Réflexion du jour : l’immensité

L’immensité de l’océan, l’eau à perte de vue… Quelle émotion !
J’avais déjà eu la chance de vivre une telle expérience mais dans les montagnes d’hymalaya: des glaciers et sommets à perte de vue, que du blanc et du bleu…
Ici il ne s’agit que de bleu, en perpétuel mouvement.
Nous sommes tout petit. Quelques oiseaux apparaissent : mais d’où viennent ils ? Comment subsistent ils, les terres étant si lointaines ? Ils ne se posent jamais.
À ce jour, nous avons vu un groupe de globicephales, qui avançaient à l’inverse de notre route, tranquillement, sereinement. Et des multitude de poissons volants. Qui doivent fournir la nourriture aux oiseaux. Et, même si le capitaine s’obstine a mettre ses fils de pêche, peu de poissons. Quoique, ils se cachent puisqu’hier, en remontant sa ligne, filaient autour de son leurre deux grosses dorades coryphene et un gros barracuda. Qui ont cassé la ligne. C’est le 4e leurres qui cassent. Dont il y a bien des poissons…
J’en reviens à l’immensité et la vitesse à laquelle nous avançons grâce aux voiles et au vent. Cela me laisse perplexe. Je suis assez peu réceptive aux formules voileuses et aux réglages. Je n’arrive pas à intégrer. Par contre je vois le résultat. C’est incroyable. Nous aurons traversé l’atlantique, ce qui n’est pas rien, grâce à ces voiles et à Maverick2. Quelle force ce dernier dégage. Alors s’il s’agissait de voiliers de compétition ? Et bien je tremblerais. Je ne suis pas accroc de la vitesse. Et j’aime l’immensité. Instants unique, loin de tout, loin du monde… 

Le 25 mai…

Le 26 mai…

Et de crépuscule…


27 mai, au revoir la lune…

Le soleil fait son show !



Après 6 jours de navigation, notre record, nous voilà arrivés dans le Pot au Noir et ses célèbres grains !

Cette sixième nuit va être dure pour le capitaine : les vents sont trop variables et les grains sont bien là. Je ne suis pas trop a l’aise… Le rythme des nuits s’en trouve modifié. Je fais en général le premier quart jusque minuit puis le dernier vers 5h00.


Réflexion du jour : 20 ans après

L’immensité et la tranquillité en mer nous amène à la contemplation et à la  réflexion.
Je me rappelle, il y a tout juste un peu plus de 20 ans, les espaces infinis auxquels j’étais confrontés. Mais ils n’avaient rien à voir avec l’océan, car il s’agissait des immensités himaliennes.
Car oui, il y a 20 ans, je tutoyais l’un des 14 plus hauts sommets du monde, le Gasherbrum 2, ou plus familièrement appelé le G2 culminant à 8007 m, au Pakistan, ne m’arrêtant qu’à 500 m du sommet… Évidemment les conditions sont loin d’être identiques: j’étais confrontée au grand  froid et aux intempéries extrêmes.
Ici, grâce au téléphone satellite, nous essayons d’éviter, justement, toute forme de mauvais temps et recherchons juste le vent utile à notre avancée.
Et l »effort est bien moindre, le danger n’est pas à chaque pas.
Mais l’immensité et l’impression d’être toujours tout petit face aux éléments me rappellent ces moments uniques et incroyables de ma vie, mon autre vie, du temps où je ne connaissais rien au nautisme.
Néanmoins, des similitudes existent bel et bien entre ces expériences: la découverte des pays, des populations locales, L’humain n’est jamais bien loin aussi bien dans les campements d’altitude où les porteurs étaient prêts à donner leur vie pour la réalisation de nos rêves, leur extrême gentillesse, que la chaleur des échanges ressentie avec les populations rencontrées tout au long de notre périple africain. Que du bonheur et ça ne fait que commencer…
Similitudes également sur les amitiés qui se nouent très vite et très fortes entre membres d’expédition et les bateaux copains. Mêmes amitiés tellement sincères, l’impression d’être très vite très bien ensemble, inséparables à vivre des moments uniques. Évidemment nous nous promettons, comme il y a 20 ans, de nous revoir mais cela ne se vérifie que pour quelques uns, et là, ce sont de vrais amis ! Ainsi va la vie… 
Ci dessous, Cathy, François (Ystaffel) et Anne, Hugues (Vanuily), Jean-Christophe et Aurore (OaOaTimka), Mickaël (Syzygie), Chris et Muriel, (AnyWay), et Gilles et Mireille, les amis savoyards avec qui je suis partis sur le G2, et leurs enfants, devant le Teide.


28-29 mai 2022


Et ce ne sera que le début car au petit matin, le pot au noir est bien là avec ses gros nuages et ses gros grains. Nous sommes passés en mode « fermer les écoutilles et rentrer tout » Et comme on disait dans les montagnes en Ouzbékistan, n’est-ce pas Mireille : « attention y’a l’eau qu’arrive ! ».


Nos premières pluies depuis 6 mois !

Le bon côté des choses, c’est que le bateau va être  lavé ; le mauvais côté, c’est qu’il fait très très chaud, enfermés que nous sommes dans le carré !


Nous naviguons entre grains et éclaircies. Il nous faut sans cesse modifier les voiles, démarrer le moteur, l’arrêter, et les ciels noirs se succèdent. Nous sommes bien dans le fameux Pot au Noir.

Au petit jour du 29 mai

Cela n’empêche pas le capitaine de se baigner…

Et les grains continuent .. Les lumières sont extraordinaires !

Ce dimanche, une semaine après notre départ, c’est repas de fête ! Steack du marché Kermel, poêlée de courgettes, Roquefort et pain maison, accompagné d’un petit Moulin à Vent 2014. Que du bonheur… Que nous dégustons à l’intérieur, pluie oblige !

Le capitaine a pris la météo continuellement pour l’aborder au mieux et au plus court. C’est bien réussi.

Bravo ! Pas d’orage (ouf), de grosses pluies certes mais le vent reste raisonnable (re-ouf). Une immense pensée pour nos incroyables navigateurs du Vendee Globe qui a chaque fois redoutent ce passage qui peut être d’une molle totale (ça veut dire aucun vent et sans moteur ce n’est pas rigolo), ou avec de gros grains, voire des orages. Et à la période où ils le passent, les vents ne sont pas aussi calmes que pour nous. Bon ça, ça ne les dérange pas. C’est la molle qui les dérange.

Nous abordons les derniers miles du Pot au Noir.

Trois nuits difficiles pour le capitaine,. Il somnole dehors, allongé contre les coussins, prêt à bondir dès que les conditions changent et à rentrer en catastrophe se mettre à l’abri.

Nous avons maintenant largement dépassé nos records.

Nous avons des nouvelles via le téléphone satellite et apprenons que ce même jour, nos amis Hugues et Anne sur Vanuily viennent d’arriver à Las Palmas accueillis par Sandrine, Jean Marie et Mooring, de Topois. Nous sommes trop contents pour eux car la remontée n’a pas dû être facile. Ils auront fait pratiquement autant de NM que nous mais pour retourner en arrière. Grrrrr. Qu’avons nous bien fait de changer le gréement lorsque nous sommes passés à Las Palmas !
C’est chouette d’être en plein milieu de l’océan et d’avoir des nouvelles. Et de pouvoir en donner…


Réflexion du jour : Les nuits en plein océan

Elles se suivent mais ne se ressemblent pas. Peut être est-ce fonction de la fatigue  mais surtout des conditions de mer.
Pour moi, qui me revendique terrienne, la première impression c’est un peu d’angoisse mais… Dès que je lève les yeux sur le tapis d’étoiles, c’est l’éblouissement. Tout comme lorsque la lune se lève ou que le plancton s’illumine autour et derrière le bateau. C’est magique.
Mais, lorsque le plafond est nuageux, c’est une toute autre sensation. Car cela veut dire : plus de vent, qui peut tourner. La conséquence, il faut régler les voiles et là … Je ne suis pas encore assez navigatrice. Le Capitaine est donc requis et c’est lui qui fatigue.  Cela peut être aussi les grains, que nous avons eus nombreux dans le Pot au Noir, mais heureusement pas violents. Pour le coup, de nuit, on ne voit pas ce front noir, comme de jour…
Et puis la nuit peut être totalement noire. Et la, c’est angoissant… Mais heureusement c’est rare.
Et je n’ai pas encore connu le brouillard… Et je ne suis pas pressée !
Mais il n’y a pas que la météo. Il y a aussi le trafic des cargos, chalutiers ou autres engins de pêche.
De jour, hors brouillard, ils sont visibles, mais de nuit ça change tout.
Lorsque je vois des lumières la nuit, je n’arrive pas à avoir la notion de distance. C’est ennuyeux car, de ce fait, et bien… Au secours capitaine! Bon le point très positif c’est l’AIS, qui est un système d’identification des  bateaux, qui nous permet de connaître leur nom, leur longueur, leur tonnage, et surtout, leur vitesse et angle d’approche. Et nous permet de calculer leur route. Je commence à bien maîtriser l’outil et de ce fait je ne réveille plus systématiquement le capitaine. Mais l’alarme ne s’en prive pas, car, si nous nous endormons en veille, lorsque le cargo est proche de nous, une alarme s’active. Elle est fort utile, car lorsqu’ils avancent à 20 nœuds et nous a 5, ils sont très vite sur nous.
Mais ils n’ont pas tous L’AIS. Mais, en pleine mer, c’est plutôt rare… Ceci s’applique plutôt près des côtes, comme je l’ai déjà formule dans un autre billet du blog… 

30 mai 2022

Aujourd’hui, lundi 30 mai, le Pot au Noir, avec ses grains et ses sautes de vent, est a priori passé. Tout va mieux… L’allure est meilleure et le vent reste maintenant sur le même cap. Nous avons changé de système météo.
Les explications du capitaine vont suivre…

On va pouvoir s’activer un peu. Et préparer notre premier passage de l’Equateur…

Bon s’activer un peu c’est beaucoup dire car la houle est toujours là, et les grains aussi…

J’arrive à cuisiner un cake à la banane (car, niveau conservation on n’a pas été au top… J’en parlerai dans un prochain post) Voyez la forme du gâteau avec la gîte !


Réflexion du jour : Au jour le jour en mer, entre cuisine et autres occupations

Lorsqu’on se prépare pour une telle traversée, on se dit: chouette, au moins 15 jours de mer, on va pouvoir en faire des choses ! Cuisinez, coudre, tricoter, faire de l’ordinateur, bricoler, barrer jusqu’à plus soif…
Une fois partis, et pris dans le rythme de la mer, qu’en reste t’il ?
Eh bien, pas grand chose… Car tout est compliqué. Maverick 2 est un monocoque et de ce fait, les espaces sont limités. Et le nôtre est déjà grand par rapport à certains que nous avons vu partir, à bien plus nombreux et bien plus petit…
Pour cuisiner, il faut une mer calme. Et là ce n’est pas gagné ! Il y a toujours une houle, plus ou moins forte qui ne nous autorise aucun repos. Le corps est toujours en mouvement, à accompagner le rythme, jour et nuit.
Il y a la gîte, même si le capitaine, en travaillant la météo deux fois par jour, a fait en sorte que nous en ayons peu… Je pense à Hugues et Anne, sur Vanuily, qui sont remontés au près aux Canaries. Là c’est une gîte constante… Bouhhhh.
Bref, pour cuisiner ça donne ça ! Regardez mon cake, il a pris la forme de la gîte !
Après, il faut supporter d’être dans le carré… Quand la houle est de travers, c:est très inconfortable voire difficilement supportable pour l’estomac. Là, il n »y a qu’à se coucher et essayer de se caler et dormir.
Et oublier la chaleur car évidemment tous les hublots sont fermés pour éviter toute entrée intempestive d’eau de mer.
Et oublier toutes les douleurs. Moi j’ai mal partout et même si je suis heureuse de ce temps en mer, je rêve d’avoir les pieds sur terre et de ne plus perpétuellement bouger.
Donc la cuisine se résume à des recettes simples, pratiques à faire. L’épluchage des légumes pouvant se faire à l’extérieur, ratatouille, couscous et purées sont les recettes les plus simples. Le tout dans la cocotte et hop c’est parti ! Moi qui avait emmener dans notre bibliothèque de bord toute sorte de recettes et bien, on oublie.
Mais en parlant de légumes, parlons conservation. Car la aussi, nous sommes novices ! Et avec la chaleur pas facile de conserver courgettes, tomates vertes, bananes vertes, betteraves, mangues vertes ou avocats. Nous avions étudiez les manuels: mettez dans les fonds, au frais. Sauf que nous, les fonds sont à… 30 degrés. Alors le frais c’est pas gagné ! Eh bien, on en a jeter! Le peu de bananes récupérées ont été utilisées dans les cakes, le peu de mangues récupérées, transformées en purée glacée avec du lait concentré pour le capitaine. Et la ratatouille et couscous se feront sans courgettes, les seules sauvées ayant été dégustées juste sautées à la poêle.
Heureusement il y a le frigo installé par Jean benoit aux Canaries. Carottes, aubergines, poivrons y ont trouvé leur place et s’y conservent merveilleusement bien dans les boîtes tuperweare (merci Coralie d’avoir été notre intermédiaire) même si elles sont imposantes et prennent de la place.
Mais il faut bien se sustenter. Donc on fait au plus simple.
Alors me direz-vous: Mais que faites vous ???
On fait des siestes, quand on arrive à dormir, pour récupérer des quarts de nuit, on lit, on écrit, on essaie d’immortaliser les lumières extraordinaires que nous offrent le ciel et l’océan, et on barre.
On se baigne aussi, et par 4000m de fonds, y’a intérêt à être bien attachés !
Mais il y a aussi intérêt à bien garder son équilibre lorsqu’on part à la douche dans le cabinet de toilette de Maverick. C’est un vrai exercice d’équilibriste !
Et on contemple la mer, en savourant ces instants si privilégiés et uniques. Unique cette impression, lorsqu’on est en plein milieu de l’Atlantique.
Unique de laisser filer le temps, hors du temps, hors de la folie du monde. 

Crépuscule du soir, bonsoir…


31 mai


Aujourd’hui nous avons vu des dizaines de dauphins nous accompagner un petit moment. Ces derniers sont bien plus petits et fins que ceux vus en Afrique. Mais ils mangent tout le poisson. C’est pour cela qu’on ne pêche rien… Pas facile de les photographier avec la houle…

Une petite idée de la gîte…

Cette nuit c’est notre premier passage de la ligne de l’Équateur. L’heure n’est pas idéale : nous boirons le champagne demain midi.


1er juin

3h45 : nous sommes en tenue. Le compte à rebours est lancé ! Nous sommes encore dans l’hémisphère nord…

Et nous voilà dans l’hémisphère sud !

Heureux !!!

Notre obole au Dieu Neptune !

Et voilà, c’est fait ! Une étape de plus. Il ne nous reste plus que 3 gros jours pour arriver aux îles de Fernando de Noronha.

Le petit matin nous offre encore de belles lumières !

Nous voilà maintenant dans l’hémisphère sud. Et le vent a quelque peu augmenté. Nous avançons juste avec notre grand voile, un ri. Ce qui veut dire qu’elle n’est pas totalement déployée.

La houle est maintenant de 4 à 6 mètres et nous avançons quand même entre 5 et 6 nœuds. Difficile de se reposer, heureusement il fait très beau. Mais ce mouvement perpétuel…. Nous avons l’impression d’être une coque perdue dans l’océan.


Nous nous félicitons d’avoir notre Maverick comme voilier. Je ne veux même pas nous imaginer sur un voilier plus petit, style Anahita (notre first 28 familial, basé sous les remparts de St malo)…
Pas de champagne pour aujourd’hui : trop compliqué pour tenir bouteille et coupes. Nous la dégusterons tranquillement à Fernando…


Réflexion du jour : la fatigue et les nuits

La fatigue et les nuits
Nous voilà partis depuis plus d’une semaine. Nous avons battu nos records. Nous y sommes allés piano piano…
Nous avons l’impression que tout va bien mais la fatigue commence à se faire ressentir.
Et ce mouvement perpétuel, cette houle perpétuelle. Pas de répit pour le repos du corps. Alors, ça use, évidemment.
Les nuits sont plus calmes que nos autres navigations, au niveau trafic. Mais il nous faut faire les quarts. Et moi, je ne suis toujours pas à l’aise dès que les vents changent ou que les grains se manifestent. Ce qui veut dire que Jean Benoit passe une grosse partie de la nuit dehors. En général je fais le premier et le dernier quart de la nuit et je dors dans la cabine arrière. Mais dormir est un grand terme. Le moindre bruit ou la moindre impression réveille, comme pour Jean Benoît dans le cockpit. Le repos n’est donc pas toujours synonyme de récupération…
Et la fatigue s’installe, joue avec les nerfs.
Et pourtant les siestes en journée pourraient être salvatrices. Mais il fait tellement chaud que le sommeil nous fuit.
Je pense aux navigateurs qui partent sur les océans des semaines, des mois entiers sans assistance. Nous ne sommes pas faits comme eux. Ce qu’ils doivent endurer, je n’ose l’imaginer, entre le bruit, la vitesse du bateau, la houle, le mauvais temps, le froid et les manœuvres de voile continuelles, 100 fois plus difficiles et exigeantes que les nôtres, indispensables pour avancer plus vite.
Trop peu pour moi…
Heureusement nos conditions de mer ne sont pas trop difficiles.  Lorsque nous serons dans le grand sud, ce sera totalement différent et bien plus exigeant. Mais nous serons quatre…
Plus les jours passent et plus la fatigue s’accumule, y compris la fatigue nerveuse d’être toujours ballotés : depuis l’équateur nous avons une mer hachée et une forte houle de 4 à 6 mètres. C’est vraiment usant.
Mais c’est quand que ça s’arrête ???
Et je ne vous ai pas encore parlé des manœuvres d’urgence la nuit :
C’est quand vous n’êtes pas de quart, que vous dormez d’un bon sommeil et que… Et bien il faut d’urgence rentrer le tangon, le vent ayant tourné et celui ci forcissant. Le capitaine doit aller au devant du bateau et relever ce long tube que l’on voit là pour le réinstaller le long du mât. Manœuvre un peu exigeante par mer houleuse et d’autant plus la nuit.
Et là les ordres fusent. Il faut être réactifs à la seconde !
Qui ne l’a pas connu en naviguant au long court… Mais pour celui ne connaissant pas le principe, c’est « chaud »!
Bon, ces manœuvres d’urgences de nuit ne s’appliquent de cette façon que lorsque vous êtes 2 à bord. A 4, les quarts se font 2 par 2 et donc chaque équipe est autonome.
Et vous comprenez mieux pourquoi le capitaine ne se met pas totalement de repos la nuit, c’est justement pour éviter être éveillé subrepticement  à tout moment. A la longue c’est encore plus fatiguant..  Autant dormir d’un œil dehors  au frais. 

2 juin

La houle, de travers, continue de nous remuer. C’est usant. Et c’est impressionnant de voir ces crêtes de vagues, bien plus hautes que notre cockpit, qui roulent sous Maverick, suivis de creux. Les surfeur s’y plairaient.
Je commence à espérer notre arrivée à Noronha, même si nous serons au mouillage. Car il nous restera ensuite 2 jours pour enfin arriver sur le continent, à la Marina de Jacaré.

Que dire de ces deux derniers jours depuis l’Equateur. Cette houle énorme qui ne nous quitte pas, de 4 à 6 mètres de travers, avec une mer hachée. Impossible pour moi de se lancer dans la confection de petits plats, dans quoique ce soit d’ailleurs… je laisse faire le capitaine.

Je prie pour qu’elle nous quitte un peu avant notre arrivée à Noronha afin de ne pas garder en souvenir que cette fatigue continuelle et cette impression de ne pouvoir rien faire, de ne pas pouvoir se déplacer sans se cogner partout au risque de perdre l’équilibre. Et d’oublier les courbatures qui vont avec… Le moral en prend un coup, mais ça ira mieux demain…

Mais le capitaine est bien plus vaillant et courageux : il se lance dans le nettoyage des fonds et dans la réparation d’un coulisseau intermédiaire de la grand voile.

Un peu de repos est nécessaire !

Et voilà ça devait arriver ! Enfin le capitaine a pêché ! Ça tombe bien, il ne nous restait plus de frais. Regardez ce beau poisson de plus de 8kg. Mais quel est il ?

Après dégustation nous penchons pour un barracuda mais il n’était pas aussi fin que ceux vus jusqu’à maintenant…
Le capitaine, très satisfait de sa journée entre nettoyage des fonds, réparation et pêche s’apprête à aller se coucher. C’était sans compter le dieu Eole…
Dès minuit les grains vont se succéder toute la nuit et l’empêcher de récupérer. A 5h00, ça se calme, à moi d’aller faire mon quart…
Nous n’aurons quand même pas démérités. La moyenne est correcte avec le peu de voile de sorties…



3 juin et dernières 24h…

La journée passe et nous commençons à assimiler que nous avons traversé l’Atlantique. La mer s’est un peu calmée. Toujours une forte houle mais c’est moins haché. Le vent va et vient…

Nous rencontrons des bans de sargasses…

Ces dernières 24h ont été éprouvantes pour moi, la tension qui retombait un peu tout en se disant que tant que nous ne sommes pas arrivés, tout peut encore se passer… Alors, aujourd’hui je n’ai pas trop d’inspiration…


Et voici notre dernière nuit avant l’arrivée à Noronha. Je prends le premier quart puis Jb me reprend. Durant mon quart je rencontre un cargo, qui nous passera derrière. Voici l’image sur l’AIS et les informations données/ Outil indispensable !. Ce cargo est énorme

Nous sommes pratiquement vent arrière et donc tangonnés.
Et là, à 2h00 du matin le vent tourne complètement. Il faut retirer le tangon d’urgence. Réveil en fanfare et les ordres fusent. Y’a intérêt à être réactif ! Tout navigateur connaît ça, mais quand tu es réveillé en plein sommeil, eh bien pas toujours facile d’être au top dans la seconde. Et là il ne s’agit pas de faire n’importe quoi. Le capitaine est à la manœuvre sur le pont, avec une mer quelque peu houleuse, en pleine nuit et bientôt sous la pluie.
Le vent est monté évidemment, d’où l’urgence. Mais 1/2h plus tard il pleut fort et le vent est nul.
Le moteur a pris le relai, tout est fermé à l’intérieur et la chaleur se réinstalle.
Mais tout va bien… .

4 juin

Et voilà le moment tant attendu : Terres en vue !!!

Après 13 jours et 2h de navigation nous voici arrivés ! On l’a fait !

Nous arrivons dans les fuseaux horaires brésiliens. L’heure indiquée sur mon téléphone a reculé de 3h00. Ça fait trop bizarre…
Nous avons donc maintenant 5h00 de décalage avec la France.

Le Brésil, un nouveau continent. Mais ce sera pour la semaine prochaine car nous arrivons en terre brésilienne, mais sur les îles Fernando de Noronha, un archipel présenté comme magnifique. Un bijou à ne pas manquer. Bon, le prix y est élevé car le tourisme très réglementé, aussi bien par mer que par avion.
Les îles sont verdoyantes et sauvages. Nous avons été escortés par des dauphins, nombreux paraît-il puisque c’est une zone ultra protégée.
Nous arrivons sur notre mouillage. Peu de places car beaucoup de bouées pour les engins à moteur. Nous trouvons notre place, nous baignons et que voyons nous… Un dauphin qui vient nous voir… Ça va être extraordinaire. Nous ne pourrons pas y rester trop longtemps car c’est très cher mais nous allons en profiter. Je vous raconterai lors d’un prochain post.
Et nous avons encore du mal à réaliser que nous avons traversé l’Atlantique…

Champagne !!!

13 thoughts on “Sénégal / Brésil : notre première Transatlantique, vue par le Second

  1. Bravo a tout les deux, quel courage et quelle dextérité! Bonne expédition dans l’hémisphère sud. Je continue à vous suivre c’est captivant, bravo Isa pour ta qualité d’écriture, je ne m’en lasse pas… bonne continuation…… Annie

      1. J’ai navigué dans la royale il y a très longtemps et je me régale de lire vos récits, je me transpose, je suis avec vous !

  2. Super cet article et merci beaucoup pour ce partage.
    Comme je suis contente pour vous deux. Un souvenir mémorable en attendant d’autres expériences.
    Bravo à vous deux.
    A bientôt

  3. bonjour , je viens de decouvrir votre page . heureux de vous suivre dans votre belle aventure car s’il y’a quelque chose que j’aime , ce sont les grands espaces et aller au bout du monde . Merçi pour les jolies photos partagées.

  4. Les commentaires journaliers ns tiennent en haleine mais alors là j’ai relu 2 fois pour bien comprendre et vivre avec vs.
    BRAVO BRAVO

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