Sénégal / Brésil, notre première Transatlantique : Le mot du capitaine


Le Pot au Noir, petit nom de la Zci : zone de convergence intertropicale. Cette zone barre l’Atlantique d’est en ouest et varie de part et d’autre de l’équateur sur une épaisseur variant entre 200 et 400nm. Zone de calmes et/ou de grains -parfois violents et orageux- accompagnant des fortes variations de vent et d’état de la mer.

C’est la zone tant redoutée des marins du Vendée globe, qui la passent deux fois pendant la course. Sauf qu’eux doivent performer et manœuvrer seuls sur des formule 1 des mers. Ça doit être épuisant et renforce encore notre admiration, déjà acquise, à tous ces marins régatiers. Surtout que pour eux la « traversée » dure entre 70 et 115 jours… Quand on voit la difficulté, à notre petit niveau, de faire un avitaillement pour … 15 jours….. Respect total.

Dans cette zone on passe du rien à fort en l’espace de quelques minutes…. Il faut être prêt à manœuvrer en permanence et utiliser les diverses alarmes des instruments de bord (variation de vent en direction et en force).

Progresser toujours sous-toilé nous a permis de ne jamais se faire dépasser. Ce qui peut engendrer de la casse, parfois importante, voire des blessures dans des manœuvres contraintes. Heureusement rien de tout cela n’est arrivé.

Depuis ce pot au noir nous avons changé nos habitudes de quart de nuit : je pars me coucher assez tôt, 21-22h, et reviens entre 00 et 1h pour rester sur le pont jusqu’au matin, ou dès que ça se calme un peu. Naturellement, vu qu’ici il n’y a aucun trafic maritime, et que les seuls bateaux « rencontrables » sont des cargos, la veille 360° perd toute pertinence.

Des instruments bien réglés avec de bonnes alarmes, et le fait de rester dans le cockpit à proximité immédiate des manœuvres permet de dormir par instants, en restant disponible à intervenir très vite. Plusieurs fois nous serons passés du dodo ou grande léthargie, à une rentrée de génois ou prise de ri. Manœuvres assez exigeante en matière de précision et d’énergie.

En général ça se gère tout seul mais au besoin, celui qui n’est pas de quart et dort dans la cabine peut être réveillé pour aider à la manœuvre. Ce sera arrivé quelques fois durant la traversée. Le travers de n’être que deux est d’être toujours « de garde ».

C’est en traversée qu’on apprécie vraiment la qualité de préparation du bateau et la solidité de son équipage. Ce dernier point n’a jamais posé le moindre problème. Heureusement car 15 jours à 2-3 ou 4 sur un bateau c’est long. On imagine un peu ce que cela peut donner avec un équipier socialement difficile…

Non, notre choix de rester à deux nous convient parfaitement. Malgré tout il faut s’occuper. Même si paradoxalement, alors qu’on vit au rythme du service du bateau, il faut souvent s’astreindre à bouger : bricolage, rangement, nettoyage, entretien, contrôles. Tous les deux jours inspection des fonds (vérifie qu’il n’y a pas d’eau), de la réparation du pilote suite à l’avarie de début de transat. Tous les jours tour de pont, vérification des pièces mobiles, des voiles, des écoutes, du gréement.

A ce sujet on a encore en mémoire l’incident de la perte de l’axe de Cadène de l’étai du génois lors de la traversée Canaries-Cap Vert. Un bateau ami, voyageant en solitaire a eu exactement la même mésaventure. Sauf que lui il a cassé son enrouleur de génois, failli perdre et endommagé sa voile d’avant. Et en plus dans la manœuvre il est tombé à l’eau et a miraculeusement réussi à remonter sur le bateau… Parti de Gambie pour le Cap Vert on l’a retrouvé à Dakar où il a dû se replier après son avarie….

Donc désormais c’est contrôle visuel de tout ce qui pourrait s’endommager (c’est à dire à peu près tout) et générer une mauvaise situation.

Comme le coulisseau de grand voile cassé, repéré sur ce tour de contrôle. C’est un élément qui relie la grand voile au mât. Si nous ne l’avions pas vu, et n’avions pas réduit la voile au ri2 en précaution, nous aurions pu, la nuit suivante où comme par hasard on a eu les conditions de vent les plus musclées, risquer la rupture des coulisseaux de lattes de part et d’autre de celui qui avait lâché. Et là c’était plus de grand voile disponible, et risque de dégâts sur la voile, le chariot… Décelé a temps le coulisseau a été réparé dès le lendemain en 30mn.

A ce propos toujours avoir du dynema (textile technique ultra résistant qu’on peut adapter à tous usages pour réparer au moins temporairement un élément de gréement ou d’accastillage défectueux ou cassé) dans la caisse a matelotage.

Enfin la surveillance du bateau passe aussi par l’écoute de tout bruit suspect.

Et si vous souhaitez lire les commentaires fait en direct par le capitaine, n’hésitez pas à aller sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram. Tout a été diffusé en temps réel.

Liens vers les RS

Et voici notre capitaine grand pêcheur !

6 thoughts on “Sénégal / Brésil, notre première Transatlantique : Le mot du capitaine

  1. Bravo Maître Pêcheur, Maître barreur, Maître Skipper !
    Merci pour ce partage et maintenant un peu de repos en attendant de nouvelles aventures.
    A bientôt

  2. Bravo et merci pour ttes ces explications je ne m’imaginais pas une transat si difficile et parfois il suffit de peu.
    Maintenant repos et respect capitaine.

  3. Bonjour à vous deux.
    Toutes mes félicitations pour cette transatlantique réussie sans incident.
    Vous me ravissez de savoir que Maverick II (Manara pour moi) est entre de bonnes mains. J’ai beaucoup de chance de l’avoir cédé à des marins avec un vrai projet de navigation.
    Bon vent à vous deux !!!

    1. Chers tous deux, nous avons eu, nous, beaucoup de chance de vous avoir rencontres et d’avoir récupérer ce si bon et beau voilier qu’est Manara/Maverick. Vous avez largement participé à notre successeur ces navigations. On vous embrasse fort et on vous suit avec grand interet au canada??

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