
J’avais rêvé de la Guyane, de ses espaces inhabités, inhospitaliers, de ses forêts inextricables. Nous n’aurons pas vu grand chose, le voyage en voilier ne permettant pas de réserver à l’avance les diverses activités. Car nous arrivons ici en pleine période de carnaval et de vacances scolaires. Toute excursion, location de voiture ou réservation, est impossible. Nous sommes, en plus, en période de pluie, avant le petit été du mois de mars. Tout n’est donc pas praticable, les routes étant souvent inondées. Alors les pistes et autres cascades, n’en parlons pas. Car ici en Guyane, peu de routes. La nationale reliant Cayenne à Saint Laurent du Maroni, 256 km du sud au nord, en passant par Kourou (minimum 3h30). Quelques routes secondaires et enfin les pistes impraticables avec les fortes pluies en petite voiture urbaine. Ou l’avion pour aller à Saul ou Maripasoula, deux lieux incontournables que nous ne découvrirons pas, les vols étant complets. Pas de zoo, pas d’excursions au Petit Saut, aux Marais de Kaw, à Cacao… C’est aussi cela le voyage en voilier, tributaire du temps, de la météo, des contraintes. Car nous en avons quelques unes, quand même.
Après notre navigation du Brésil jusqu’aux iles du Salut (vidéo à revoir pour le plaisir), nous choisissons de mouiller à Kourou en arrivant des îles du salut, juste en face. La remontée du fleuve est courte mais les fonds très aléatoires. Nous calerons dans moins de 2 mètres de profondeur. Nous passons près de la pointe des Roches, et sa tour Dreyfus bien visible. Cette dernière est l’un des rares vestiges de l’ancien pénitencier de Kourou. Inaugurée en 1856 et destinée à la production agricole, cette petite tour face à la mer servait de sémaphore à l’époque du bagne, et permettait de communiquer avec l’autre centre pénitencier des environs : celui des îles du Salut. Depuis, les bâtiments ont été détruits pour faire place à l’Hôtel des Roches, toujours en activité aujourd’hui. La tour a pris le nom du plus célèbre pensionnaire du bagne de Guyane : Alfred Dreyfus.




Pourquoi Kourou ? Pour découvrir en premier lieu le centre spatial européen, Jean-Benoit ayant pris contact avec ses anciens collègues pompiers de Paris pour une visite privée de leurs installations. Un immense merci à Hervé qui nous a fait découvrir ce site extraordinaire.

Le mouillage à Kourou, à l’ancre, est très agréable.


Nous descendons à terre en déposant notre annexe au ponton des catamarans professionnels dédiés aux îles du salut, sécurisé même de nuit. Très pratique : nous sommes dans la vieille ville à portée de pas du marché et du meilleur boulanger pâtissier, salon de thé, restaurant, de Guyane, un couple formidable, une rencontre improbable et forte : Marie-Anne et Félix. Le temps passé avec eux sera bien trop court. Comme dit Marie-Anne nous avons dû nous rencontrer dans une vie antérieure…




Nous dégusterons du caïman chez Félix. Absolument délicieux.

Kourou est une ville moderne où nous nous sentons bien. C’est période de carnaval donc tout est fermé pendant 4 jours.
Le dernier fameux défilé d’avant Mardi gras se déroule à Cayenne, place des Palmistes.
Qu’à cela ne tienne, direction la capitale le dimanche matin à 8h00 en taxi collectif après avoir attendu vainement le bus…
La ville est triste, toute fermée, comme le bar et notre hôtel des Palmistes, une référence ici. Y’a eu la fête la veille… Et comme les musées, fermés eux aussi. Promenade en bord de mer puis nous montons au fort Cépérou, anciennement fort Saint-Michel, une fortification construite aux XVII e siècle sur le mont Cépérou, qui surplombe Cayenne. (video)

Vue directe sur le fleuve bien envasé et le mouillage bien loin de la ville. Nous ne le regrettons pas.
Une petite immersion à Port Williams via whatsApp pour féliciter nos amis Claude et Yannick pour leur passage du cap Horn. Nous leur envoyons un peu de notre chaleur et nous remémorons Ushuaïa, c’était il y a moins de 3 mois. Que de kilomètres parcourus et d’expériences vécues.
Après un petit tour dans la vieille ville et son monument aux morts pour la France surplombé d’un coq,




Déjeuner au restaurant égyptien derrière l’hôtel. Oui vous avez bien lu ! Couscous pour ce midi. Pas grand chose d’autre d’ouvert et délicieux repas.
Ce soir c’est carnaval à partir de 17h00.
Les tenues sont osées ici, les femmes totalement décomplexées, des décolletés plongeant, des shorts et collants très courts et moulants, loin de nos tenues habituelles de métropole.
Et le défilé commence. Il durera près de 4h00. Quel travail, quelle créativité, quel spectacle !
video en musique.
La pluie aura épargné la soirée alors qu’il tombe des trombes d’eau à Kourou.
Retour le jour suivant sous ces mêmes trombes d’eau…
Nous nous occupons sur Maverick en essayant de nous protéger au mieux sans avoir à nous enfermer à l’intérieur. Car il fait chaud, évidemment !
Petite soirée crêpes entre amis sur Maverick entre deux averses.


Retour au centre spatial pour la visite de groupe gratuite, de celui-ci, très prisée.






Et de la fameuse salle Jupiter, le centre de commandement. On s’y croirait presque. Passionnant ! Certains de nos amis reconnaitront (video)…







Puis grand tour en bus sur le site, avec les bases de lancement aux noms magiques, Ariane 5, Ariane 6, Vega, Soyouz, et autres lanceurs.



Et la nature n’est pas en reste, les animaux étant protégés. Y sont répertoriés 22 jaguars, des capibaras géants, de nombreux caïmans, des paresseux, des pekaris, des toucans, et j’en passe. Une visite mensuelle a lieu à la découverte des animaux et de la flore du centre : ça doit être passionnant ! (lien). Nous n’aurons aperçu qu’une « matoutou »

Merci encore à Hervé de nous y avoir inscrits.
Au total, nous resterons une dizaine de jours à Kourou en composant avec la pluie, en profitant de Félix et Marie-Anne et de leurs délicieux croissants, du marché, des grandes surfaces françaises et de la laverie très propre. Nous n’aurons même pas pris le temps de nous promener sur la promenade des roches et y découvrir, parait-il, les jardins botaniques avec leur vente directe de légumes et fleurs.



Une merveille de la nature sur les murs d’un immeuble de Kourou.

Nous arriverons, avant de partir de Kourou à nous rendre à la montagne des singes (nous n’en verrons aucun), mais au moins nous aurons fait une belle randonnée dans la forêt guyanaise. Il faut nécessairement une voiture pour s’y rendre.
Ambiance !



Le point de vue ci-dessus avec les araignées est un très bon lieu pour admirer le lancement de fusées du CSG.
Départ au petit matin, avec la marée descendante pour être dans le courant, vers les Iles du Salut que nous souhaitons visiter tranquillement, étape incontournable avant de se rendre à Saint Laurent du Maroni. Nous quittons le fleuve Kourou sous un ciel chargé, qui se transformera au pluie…



Les Iles du Salut sont un passage obligé en remontant du Brésil vers les Caraïbes. Tout navigateur n’a pas la chance de pouvoir entrer à Cayenne, Kourou ou St Laurent du Maroni. Pour cela il faut un tirant d’eau faible, catamaran ou dériveur fortement recommandé.
Lors de cette traversée, le compteur de Maverick 2 atteint 10.000 miles nautiques (18.520 kilomètres) depuis notre départ !

Ça se fête : merci à Marie-Anne et Félix pour leurs délicieux chocolats.

Les Îles du Salut doivent leur nom à l’expédition de Kourou, entreprise entre 1763 et 1765 pour réaffirmer la puissance coloniale française. Cette opération est un désastre et va voir 60% des colons envoyés décimés par la faim et les fièvres. Les survivants se réfugieront sur le petit archipel appelé alors “îlets au Diable”, à 13km des côtes, qui gagne sa réputation de salubrité et sa nouvelle appellation.

Ces îles sont séparées du continent par un bras de mer d’une quinzaine de kilomètres et ne sont accessibles au grand public que via la vedette de Kourou et quelques catamarans commerciaux. Et parfois des bateaux de croisières qui déversent leurs centaines de visiteurs sur l’île Royale, la principale.
Nous mouillerons près de la baie des cocotiers, sur l’île Royale,


Video émotion en sur l’île Royale.
Découverte des vestiges du bagne qui se concentrent sur cette ile : son musée en cours de réaménagement, son église, et les pans des bâtiments maintenus en place.





Et l’hôtel restaurant avec ses carbets en location, ses chambres. Et son restaurant avec la télévision pour regarder le tournoi des 6 nations et le jeu de l’équipe de France de Rugby (video).
Nous rencontrons sur les pelouses ces petites bêtes. Ce sont des agoutis. Les paons font leur parade (video). Et les singes se régalent ! (video)




L’île est la plus touristique. L’ambiance est lourde d’autant que la météo est souvent pluvieuse. L’île royale permettait la réception des forçats, leur répartition par classe, leur immatriculation et leur acclimatation pendant les formalités.
Le chemin principal fait le tour de l’île, le point de vue sur l’île du diable est saisissant (video)

Comment imaginer la vie sur cette île du diable, inaccessible en bateau, habitée par les bagnards reconnus comme les plus récalcitrants. Louis Dreyfus y fut déporté 3 ans dans une cabane de six mètres sur quatre, entourée d’une palissade de 3 mètres de hauteur. Les surveillants sur place, jour et nuit, ont consigne absolue de ne pas communiquer avec le prisonnier.
Elle n’était reliée que par câble, lorsque les conditions permettaient aux hommes de l’utiliser. Et quand on voit l’état de la mer (video).

Le chemin mène ensuite à la piscine des bagnards, que ceux ci ont aménagée de remparts de pierres afin de retenir au loin les requins attirés par les restes déversés en mer par les cuisines (video).


Un autre prisonnier célèbre, Guillaume Seznec, dira de son incarcération sur l’île Royale « entendre la mer et ne jamais la voir ; voir les hommes et ne jamais leur parler« , un saisissant raccourci.
Une route goudronnée part du haut de l’ile, avec les singes à l’affût de la moindre miette jetée par les touristes, et s’amusant à nous envoyer des noix de coco sur la tête
.
Plongée dans l’histoire des bagnes français, notre histoire. Si vous voulez en savoir plus, cliquez .
Et puis il y a l’île St Joseph, terrain de jeu actuel des troupes de la légion.

Vidéo émotion en sur l’ile Saint Joseph.
Et là l’ambiance est tout autre. Très peu de visiteurs ici, aucune installation pour les touristes, aucun panneaux explicatifs. Nous nous sentons comme des intrus sur cette île où la nature a repris ses droits : c’est tellement austère. Tant de bâtiments sur si peu de mètres carrés (video).
Nous déambulons sur ces chemins empierrés et débroussaillés, entre les pans de murs envahis de végétation. C’est extrêmement poignant (video)






Cette île a accueilli dans un premier temps les premiers libérés, puis les repris de justice. Plus tard, l’île Saint-Joseph se destine à la détention des opposants de Louis Napoléon Bonaparte, avant de regrouper les récidivistes et les évadés.
Enfin, après une évacuation suite à une épidémie de fièvre jaune en 1875, à partir de 1906, ce seront les astreints à résidence perpétuelle qui y termineront leur vie.
Le quartier pénitentiaire de Saint-Joseph est construit entre 1897 et 1906 sur le plateau de l’île puis agrandi à partir de 1913. Le camp de la Réclusion est d’abord constitué de deux grands bâtiments rectangulaires accueillant dortoirs et cellules intercalés par des cours et préaux ceints par un important mur d’enceinte. Le complexe est agrandi à partir de 1913 sur le même modèle. Ces bâtiments à structure métallique de type doubles parois, sont préfabriqués en métropole et expédiés en Guyane. Le régime de la réclusion cellulaire, également appelé « guillotine sèche », est appliqué avec une très grande dureté jusqu’en 1925. La loi prévoyait l’enfermement cellulaire jour et nuit, dans un isolement total et un silence absolu. Les cellules ne disposaient pas de plafond, ce qui permettait une surveillance constante par le biais d’un chemin de ronde situé au-dessus des cellules. Plusieurs bâtiments accueillant des logements et communs pour les surveillants sont construits à proximité directe du camp.
Après un chemin suivant les rives de l’île, nous arrivons sur ce cimetière parfaitement entretenu. Il s’agit du cimetière dit des « surveillants » qui était réservé au personnel, gardiens, médecins et religieuses, ou membres des familles qui étaient inhumés. Les sépultures sont datées entre 1855 et 1932 et comporte 297 tombes (video)




Retour au point de départ par le chemin circulaire.


Cette île nous aura fortement impressionnés. Si vous voulez en savoir plus, cliquez.
Un souvenir fort d’un film inoubliable se déroulant sur ces terres : Papillon, avec Steve McQueen et Dustin Hoffmann. Nous le louerons et le regarderons en direct de la baie des cocotiers.

Après 3 jours sur ces îles si impressionnantes, nous nous dirigeons vers notre dernière étape en Guyane, Saint Laurent du Maroni (SLM).
Dernière vision de ces iles qui nous auront marquées profondément (video).


Après une navigation très tranquille de 15h, et sans voir âme qui vive, nous arrivons marée montante devant la vaste embouchure du Maroni, sous un ciel de plomb, mais coloré (video).




D’un côté la Guyane, de l’autre le Surinam (nous nous ferons piéger avec notre carte free, 60€ de dépassement de données, ayant été pingués au Surinam). Nous nous dirigeons vers de gros nuages chargés de pluie. Notre cartographie navionics n’est pas totalement à jour. Il nous faut suivre le chenal mais… Il nous fait vraiment passer tout près de la rive. Nous passons entre les bouées latérales rouges et la mangrove, en laissant à notre droite le fleuve dans son entier. Il faut vraiment y croire (video, video 1, video2… L’eau est très sombre. Nous ne risquons pas de nous y baigner, d’autant que la teneur en mercure est très élevée, dû à l’orpaillage qui sévit plus haut sur le Maroni. La consommation de poissons et autres produits du fleuve est également vivement déconseillée.





Saint Laurent du Maroni en vidéo/ Et sous le soleil vue du ponton(video1)

Nous y retrouvons avec joie et bonheur Nadine (l’artiste qui a peint sur le mur de Jacaré notre maverick) et Jean Pierre sur LoVall, la réplique de Joshua, le bateau de Moitessier sur la Longue route, qui nous avaient quittés à Jacaré (vidéo) . Ils ont tant à nous raconter sur l’histoire, leur histoire qui est aussi familiale.
Que penser de Saint Laurent du Maroni ? En voilier, pas forcément idéal, mais incontournable. Attention, le mouillage est sur bouée, impossible à attraper seul. Merci les amis de nous avoir aidés. Qui dit bouées, dit prix à payer par jour et devrait dire services. Que nenni. Rien, nada! Nous paierons notre facture, mais sans aucun service : aucun contact, David décrit dans les réseaux n’étant pas présent, pas d’accueil à l’arrivée pour connaître quelle bouée prendre et surtout si elle est solide, pas de lieu dédié aux navigateurs, juste un bar ouvert à tous à partir de 16h00, pas de sanitaires évidemment, juste un robinet d’eau assez crasseux accessible… à partir de 16h00. Pas pratique quand on constate que le Maroni n’est calme en général que le matin.
Nous déposons notre annexe à un ponton un peu déglingué. Il est fort recommandé de bien l’attacher et de ne pas la laisser la nuit.
La place où nous accédons est sympathique, des défilés en musique de jeunes filles mettent l’ambiance chaque jour. Un petit bar « le bar couleur » un peu plus loin sur la pelouse, organise des concerts, diffuse de la musique.
Un peu de joie avant d’arriver à quelques encablures au camp de la transportation de Saint Laurent du Maroni, de grands bâtiments austères que nous visiterons. On ressent souffrance et malheur. C’est poignant. Le 16 mars 1880, la ville devenait la seule commune pénitentiaire de France, vouée à ne graviter qu’autour de la lourde machine répressive. Le camp couvre 3 hectares entièrement clos, composé, outre les deux bâtiments d’entrée qui abritaient les locaux administratifs, douze bâtiments dortoirs, 132 cellules individuelles et 4 dortoirs appelés blockhaus. La guillotine y avait sa place et y fit ses ravages. Elle est encore dans les murs mais n’est plus accessibles par les visiteurs.
















Au bout de la visite nous découvrons la cellule numéro 47, celle de Papillon. Mais au fait, pourquoi le prénommait-on Papillon ?



La ville, ensuite, où l’on ressent désœuvrement et dénuement. A 6h00 du matin, au Brésil, tout le monde s’activait dans la rue, travaillait ou vaquait à ses occupations. Ici la vie ne commence qu’à 8h30/9h00. Pourtant c’est la même chaleur. Étonnant… Les rues ne respirent pas la prospérité. Heureusement il y a le marché, coloré, pratiquement tous les jours, les étals se partageant entre hmongs et créoles.
Nous nous dirigeons vers le super U, bien moins attirant qu’à Kourou. Pourtant nous sommes tellement heureux de retrouver des produits français, du fromage, de la charcuterie…
Mais on ne va pas se laisser aller. Au programme :
Remontée du Maroni sur une journée et nuits en carbets en hamac.
Vidéo en musique de cette journée.
Cette remontée du Maroni en pirogue jusque Apatou passe, côté Surinam, par un village noir-marron






puis un village amérindien, totalement différent.










Nous déjeunons à Apatou de « jamais-gouté », après un arrêt sur un chantier de construction de pirogues.
Voyez ce tronc : il va être humidifié et brûlé afin que le bois s’écarte. Incroyable ! (pour en savoir plus, cliquez)


Dans les rues de Apatou. Cette ville s’est vue désenclavée il y a quelques années grâce à la construction d’une route. Il ne faut plus qu’une heure en voiture pour se rendre dans cette ville, alors qu’en pirogue, 4 heures sont nécessaires. Ça change la vie.


Redescente en passant par le saut Hermine (vidéo).
Ce fut une belle journée. Nous aurons au moins goûté la pirogue, plutôt grillé dans la pirogue… Car il ne faut pas oublier crème solaire, chemise et… pull et poncho pour l’averse qui n’est jamais très loin.
Nous décidons de louer une voiture avec Nadine et Jean Pierre et après des recherches poussées sur internet, nous voici en route pour deux nuits en carbet et hamac à l’auberge d’Angoulême. Mais que vient faire Angoulême ici ? (cliquez si vous voulez en savoir plus)
Nous sommes heureux de notre choix. L’Auberge est située sur une colline dominant le fleuve Mana, qui offre un superbe panorama sur la forêt environnante. Les gites et carbets de construction traditionnelle s’étalent sur les pentes d’un terrain magnifiquement arboré et fleuri. Nous sommes coupés du monde tout en restant dans un confort relatif. Ici pas d’électricité de ville. Ce sont panneaux solaires, et pompe à eau tirée de la source. Il n’y a ni wifi, ni téléphone. (vidéo )







La Mana coule au bas du layon.

Nous nous y baignerons dans un fort courant. Les chiens nous surveillent et nous câlinent. Et sont prêts à nous ramener à terre en cas de perte d’équilibre dans les fort courants. Magnifiques animaux.

Photo digne de Gauguin, n’est-ce pas (merci Nadine) ?
Paddle et kayak ne seront pas pour nous sur ce séjour. Mais en deux jours, l’eau descendra de plus de 1 mètre.
Nous découvrons notre petit paradis sur terre. Que de magnifiques fleurs et arbres. Quelle nature !











Une petite randonnée nous permet de nous enfoncer quelque peu dans la forêt. Nous y verrons nos premiers papillons bleus, vous savez ceux du film « Papillon », et découvrirons les fougères bleues.



Et terminerons le chemin dans l’eau à hauteur de ceinture (Franck le propriétaire nous avait prévenu que nous terminerions à la nage). Les 3 chiens du propriétaire, forts sympathiques, des mâlinois plein de vitalité, nous accompagnent et nous montrent le chemin, y compris sous l’eau. En liberté, ces chiens sont des merveilles.




Franck et Sabrina sont fort sympathiques. Les soirées se terminent autour de rhum arrangés avec les fruits qui poussent ici et qui nous sont inconnus !
Le soleil se couche et la lune se lève…


Les nuits dans les hamacs plutôt confortables, en tout cas pour nous. Nous trouvons, lors des rangements de départ, une locataire qui nous aurait empêchés de dormir si nous l’avions vue plus tôt…



Sinon pas de moustiques, pas de petites bêtes déplaisantes, même pas de sangsues comme en Asie ou en Australie !
Mais il faut rentrer. Nous gardons la voiture pour gérer nos ravitaillements en prenant bien soin de la stationner le soir près de la gendarmerie. Le sport national ici est de fracturer les voitures et de voler les batteries pour les revendre en face, au Surinam. Les agences de location sont rares à proposer l’assurance permettant le rachat de franchise !
Nous avons vu arriver le cargo de ravitaillement. Impressionnant non ?



Nous découvrons en brassant les placards sur Maverick que l’humidité a fait des dégâts. Beaucoup de nos vêtements rangés et non utilisés depuis notre retour du grand sud, ont moisi. Les amis du mouillage nous avaient alertés : nous sommes loin d’être les seuls ! Direction la laverie avec mes 15 kg de linge. Heureusement tout revient à la normale même lorsqu’il me manque quelques pièces de monnaies pour sécher complètement mon linge : une dame sur place me cède volontiers sa machine et refuse que je lui rembourse. Le bon cœur est partout dans le monde.
Profitant de la voiture, nous nous rendons à Saint Jean du Maroni, à une quinzaine de kilomètres de Saint Laurent. Nous arrivons dans un autre monde, moins urbanisé.







Une belle œuvre découverte sur un mur à Saint Jean du Maroni, le Tembé, l’art noir-marron très présent sur les rives du Maroni.

Outre le restaurant du même nom, nous souhaitons découvrir le cimetière des relégués. Les relégués sont les bagnards ayant terminés leur peine mais ne pouvant ou n’ayant pas le droit de rentrer en métropole. Drôle de cimetière. Seules deux tombes en dur restent visibles. Toutes les autres sont matérialisées par des herbes bien délimitées, en pleine forêt (vidéo).




Nous découvrons en rentrant une fête consacrée à la journée de la femme dans un village amérindien. Nous serons les seuls non amérindiens. Il n’y a aucun mélange ici…
Nous nous dirigeons ensuite vers « le » restaurant qu’il ne faut pas manquer parait-il. Il s’agit de la Goëlette. Nous y prendrons juste un pot. Le lieu est très sympa.




Dernière journée, dernier dimanche. Nous ne résistons pas à nous rendre sur les terres des hmongs, à Javouhey, le petit Cacao. Cacao est une ville à 1h de Cayenne, bien trop lointaine pour nous. Les hmongs, du nord Laos, sont arrivés en Guyane, à Cacao principalement, en 1977. Ils ne furent que quelques familles à débarquer sur les terres en friche. Bientôt rejoints par d’autres compatriotes, leurs terres sont devenues le grenier de la Guyane en maraîchage. La plupart des légumes frais consommés en Guyane viennent des champs cultivés par ceux-ci.
Le marché fait, nous nous installons sur les tables pour y déguster une soupe phô, grande ou petite dirait Jean-Pierre. Absolument délicieuse ! D’ailleurs, Nadine et Jean Pierre nous régalerons, pour notre dernière soirée, de nems, samoussas et autres délicieuses spécialités hmongs.

Le soir, dernières images de Saint Laurent du Maroni, sous un beau soleil. Ça change tout !



10h30, lundi 12 mars. Après un dernier café à la maison du café avec Éric, Nadine et Jean Pierre, que nous retrouverons tous trois aux Antilles à un moment ou à un autre avec grand bonheur, nous appareillons pour… Grenade. Difficile de choisir l’île d’étape avant la Martinique. Ne connaissant pas, nous avions évoqué Tobaggo, puis la Barbade. Ce sera Grenade ou nous arriverons au bout de 4 jours et 10h pour 650 miles nautiques.
Mais ceci sera raconté dans le prochain post consacré à nos premières impressions sur les Caraïbes.
Réponse à la question : pourquoi le prisonnier était il prénommé Papillon ?
Papillon, considéré comme proxénète, a été condamné, sans preuve pour le meurtre de l’un de ceux-ci. Et les proxénètes, à Paris, étaient appelés les « papillons de nuit », d’où son surnom.
Merveilleux reportage sur la Guyane, chère Isa! Tu vas au fond des choses,
tes explications nous enrichissent encore… Nous avons été ravis de partager ces moments avec vous, plein de bisous à vous deux !??
Chers tous deux, nous en partagerons d’autres j’en suis sûre. Que du bonheur ! Big bizzz ???
Encore un chouette partage. Merci de nous faire voyager dans l’histoire avec tous ces endroits malheureusement célèbres. Bises à vous 2
Merci Sandrine ! Big bizzzz ??
Bonjour à tous les deux.
Merci, une fois de plus, pour nous faire vivre cette page lointaine et douloureuse de notre histoire. Les temps ont bien changé et nous pensons qu’il faut vraiment parcourir ces Iles et lire cette histoire pour se persuader des conditions inhumaines de ces détenus condamnés dont beaucoup ne revenaient pas. Merci pour ces images et tous ces commentaires. Bonne continuation sous des cieux peut-être plus accueillants.
Roger
Merci Roger ! Big biz a tous les deux
Effectivement. Les décors et commentaires sont nettement plus détendus et c’est bien normal. Cela préfigure un peu la suite de votre parcours vers les caraïbe. Il nous tarde de vous lire. Excellent parcours.
Geneviève et Roger.