
Après avoir attendu près d’une semaine le bon créneau météo, le capitaine décide de partir en milieu d’après midi ce jeudi 7 décembre, pour aller au moins jusqu’au sud est de cuba voire…. l’île à Vache. Mais quelle est elle ? A vos atlas!
Les dauphins nous accompagnent. Cela faisait bien longtemps… (video)
Nous avons croisé juste avant de partir Sylvie et Alain, un équipage rencontré au Guatemala. Cette île a jailli de nos conversation. Nous ne l’avions pas identifiée et pour cause, le pays dans lequel elle se trouve est à bannir par tous navigateurs. Sauf cette île…
Et nous voilà partis pour au moins 72h de mer et le passage du Cabo Cruz prévu dans un « creux » météo . En attendant, nous ne nous attendions pas à une telle mer. Nous aurons au cours de ces premières 24h00 une mer hachée avec des creux de 4 à 5 mètres. Maverick s’enfourne, la vitesse est stoppée et ça repart. Le bateau rebondit, grince et tape de partout. On a l’impression qu’on va se disloquer, nous avec. Les amies sur catamaran m’avaient prévenue mais… c’est vraiment impressionnant…
8h00 de répit puis de nouveau, pour cette seconde nuit on reprend cher. 2 ris dans la grand voile, 2 ris dans le génois et de nouveaux des creux de 4/5 mètres. Ça cartonne ! On file à 7 / 8 nœuds mais pas sur le bon cap. Au petit matin, on devra empanner pour retrouver notre route. C’est ça la voile : il est rarement possible de faire la route sur un seul bord. On se rajoute des miles.



On se maudit de nous être fixé des obligations. Pourtant nous savions qu’en voile il n’en faut pas. Notre avion le 23 décembre nous oblige à prendre la mer dans des conditions dans lesquelles nous ne l’aurions pas prise en temps normal. On se promet de ne pas recommencer.
Cette remontée compliquée du Guatemala aux Antilles était prévisible puisque dans le sens contraire, face aux courants et face aux vents. Avoir le temps d’attendre les bons vents aurait été précieux. Mais même dans notre vie de rêve, nous avons des contraintes. Et pour notre plus grand bonheur puisque c’est pour retrouver ceux qu’on aime.
Déclinaison d’arc-en-ciel !





7h30 du matin : un bateau ! Le premier depuis notre départ, pourtant nous ne sommes pas très éloignés des côtes. Ah Cuba, sur ce point là, pas de danger de collision pendant la veille !
Les nuits et jours passent et se ressemblent. La mer est moins hachée mais toujours avec de beaux creux de plus de 4 mètres. Le capitaine suit la météo continuellement et adapte la route en conséquence.
C’est pourquoi, changement de programme. Plus d’arrêt à Cuba mais direction l’île à Vache, le seul endroit possible où accoster sereinement à Haïti. Pour se faire, nous frôlons la Jamaïque et regrettons tellement de ne pouvoir nous y arrêter. Nous ne sommes pas prêts de repasser par là. Dommage, dommage…
Bon la Jamaïque nous ne la visiterons pas mais nous allons la longer plus de 36h00 : et un bord dans un sens, et un bord dans l’autre : ses côtes se rapprochent puis s’éloignent, puis se rapprochent de nouveau. J’en peux plus de la voir….
Cette nuit, première veille active pour surveiller nos premiers navires de croisière et pétroliers.
Et aussi nos premiers orages, qui nous tourneront autour, ou est-ce nous ? Le radar est allumé, l’électronique mis au four (eh oui, méthode d’anciens qui aurait fait ses preuve). Mais l’on se dit qu’avec tous ces bateaux autour de nous, la foudre ne nous tombera pas dessus! Bon, la nuit fut agitée et le repos bien limité pour le capitaine.
Le jour suivant toujours cette mer dure et toujours les côtes de la Jamaïque car nous voulons aller au maximum au vent. Ça nous fait faire des bords « carrés ». Ça veut dire que nous faisons des miles mais pour rien! On va doubler la distance mais au moins les moteurs n’auront pas trop tournés. D’autant qu’entre la mer, le courant et face au vent, au moteur nous n’avancerions pas bien vite !



Choix délicat pour le capitaine qui prend la météo 3 fois par jour. Mais celle-ci se confirme. Vent d’est alors que sur la zone à cette période de l’année, il y a toujours du Nord est. Sauf pour nous…
Nous continuons vaille que vaille nos bords plus ou moins carrés et à 2h du matin, décision est prise, nous mettons les moteurs et allons tout droit.
Mais oui… mais non…
Le moteur bâbord est de nouveau en panne. On avance donc à 4 nœuds avec le moteur tribord qui…. lui aussi a 7h00 du matin est mis à l’arrêt.
La cause du forfait : la courroie d’alternateur. Pas grave. Elle sera réparée vite fait bien fait. Ouf…

Et les ennuis étant en cascade, que voit-on en regardant la grand voile : un axe de coulisseau qui a sauté. Je comprends maintenant le bruit que j’aie entendu cette nuit. C’est cette pièce métallique qui s’est décrochée et est partie à la mer.


La grand voile n’est pas endommagée.. Ouf. Et grâce au très bon équipement de l’ancien propriétaire, -merci encore Pascal- un nouvel axe de coulisseau est mis en place, avec la vérification de tous les autres en prime.
Ah la mécanique souffre fort, tout comme nous, dans cette allure au près si peu confortable. Tout doit être vérifié constamment, revissé. C’est le lot de tout navigateur. Être très bon bricoleur et savoir faire face à toutes sortes de difficultés. Et savoir s’adapter!
Et nous revoilà sur les routes commerciales. Adieu Cuba, ile isolée de la mondialisation.
Nous sommes dans le Jamaïca channel. Nous croisons coup sur coup et évidemment qui nous coupent la route, deux pétroliers dont le second de 333 mètres.

Ils ne sont pas préoccupés par leur pollution.. voyez ce beau nuage… Il ne leur est pas imposé de rouler à l’électricité !


Heureusement la journée ne se termine pas comme elle a commencé. Enfin moins de mer, et moins de vent aussi. Mais c’était prévu. Et le capitaine joue avec les courants océaniques. Moins de mer car nous ne partons pas vers le large, où une dépression s’avance, d’ou notre escale à l’île à vache, afin de la laisser passer. 24h d’arrêt. Ça ne nous permettra pas de visiter mais peut être de refaire un peu de fruits et légumes car les frigos sont totalement vides.
A ce propos, nous venons de terminer les carottes achetées il y a un mois au Guatemala. Et venons de terminer avocats, tomates, salades vertes achetées à Cienfuegos il y a plus de 15 jours. Incroyable comme tout s’est bien conservé. Certes au frigo mais nos fruits et légumes bios de chez nous n’auraient jamais duré aussi longtemps tout en conservant le vrai goût. Les tomates étaient exquises. Et les petites bananes, achetées par Elvis, conservées au frigo, y sont toujours et sont un vrai bonheur à la dégustation.
Un peu de répit fort apprécié pour cette après midi et la soirée.



Pendant tout ce temps libre, nous dormons, lisons, écrivons, jouons. Merci à Pascal et Evelyne pour ceux qu’ils ont laissés ici. Et merci à Jean et Catherine de nous avoir fait découvrir TopWord. Nous l’avons adopté !

Et évidemment, des heures d’ordinateur pour le capitaine sans cesse à vérifier et/ou modifier la route selon la météo, les courants…

Mais l’accalmie ne durera pas. Nous arrivons à aller dormir chacun 2h00 puis de nouveau branle bas de combat. Les grains affolent le vent. Nous suivons la côte de Haïti avec un cap à passer. Cap se traduit par mer instable… et elle le sera, tout comme le vent qui change de direction toutes les 10 minutes. Virements de bord sur virements de bord sont réalisés et Maverick chahuté par les grosses vagues, voire les déferlantes qui nous prennent par le dessous. Je crois que c’était mieux que cela se passe la nuit. On se rend moins compte de l’état de la mer…
Ile en vue ! Les lumières sont très belles sur l’ile qui va nous accueillir.
Arrivée prévue, et réussie à 6h00 du matin, au petit jour ce mercredi 13 décembre à l’île à Vache. Ce sera une escale technique de tout juste 24h00.




Nous avons louvoyer entre casiers et filets avant de poser notre ancre. Nous ne pouvons que recommander de rentrer et sortir de jour de la baie, au risque de prendre des bouts dans le moteur. Nous avons d’ailleurs pris un bout dans l’étrave, ce qui a stoppé le bateau et fait chauffer le moteur. Plus de peur que de mal. Le capitaine est aller a l’eau pour libérer l’étrave… un accident est quand même vite arrivé. Et c’est trop bête !


Notre route entre Cuba et l’ile à vache aura durée 5 jours et 15h00 pour 760 Miles.
Les prochains post vous feront découvrir notre dernière navigation pour Fort de France, le suivant, nos 24h sur l’ile à Vache, et le dernier, le plus complet : Cuba !
En attendant, nous vous souhaitons de merveilleuses fêtes de fin d’année !