Isla de Aves, merveilleuse île aux oiseaux !

Ce passage aux Avès a eu lieu en novembre 2024. Depuis, nous avons découvert Curaçao.

Nous avons passé brillamment notre Padi (1er niveau de plongée) dans les fonds splendides de Klein Curaçao, grâce à nos instructeurs, Ness et JP sur Ohana.

Nous sommes ensuite retournés à Blanquilla, contre vents et courants.

Et enfin, nous sommes actuellement à St Martin. Mais nous ne rêvons que d’une chose : y retourner !


Las Aves en Espagnol signifiant “les oiseaux” n’est pas usurpé pour ce petit archipel entre l’archipel des Roques et Bonaire (les ABC). Et oui, que d’oiseaux ici, tous plus beaux les uns les autres. Nous avons l’impression de séjourner dans une réserve ornithologique où nous pouvons déambuler à notre guise, sans aucune autorisation à demander !

Alors si vous n’aimez pas les photos d’oiseaux, n’allez pas plus loin : car nous les avons photographiés de toutes les manières possibles, sous toutes les lumières possibles… L’archipel des Aves est constitué de deux groupes d’atolls, regroupant au total 21 îlots, le groupe oriental (Aves de Barlovento) et le groupe occidental (Aves de Sotavento). Cliquez pour voir où se trouvent les Aves.

Nous resterons à Barlovento, les coasts guards ne venant pas contrôler les navigateurs sur cette partie des iles, qui sont des dépendances fédérales du Vénézuela. Il n’y a donc, à ce jour, aucune autorisation à demander auprès du Vénézuala.

Voici les images prises par drone de l’ensemble de l’île principale de Barlovento (merci à Gérald et Sophie)

Avant de parler oiseaux, parlons histoire. Car Isla de Aves est également connue pour un fait historique naval français, bien peu glorieux. En voici le résumé :

Naufrage aux Aves

À la fin 1677, le vice-amiral de France ès mers du Ponant, le comte Jean d’Estrées, entreprend sa deuxième campagne consécutive en Amérique. À l’exemple de sa précédente expédition, la cible n’est pas l’Espagnol, mais plutôt les Néerlandais, le principal adversaire de la France dans la guerre qui sévit alors en Europe. La première partie de la campagne se déroule au mieux : prise du comptoir négrier de Gorée en Afrique, puis de l’île antillaise de Tobago, où il détruisit d’ailleurs les restes de l’escadre néerlandaise de l’amiral Binckes. D’Estrées passa ensuite aux Petites Antilles françaises, d’où il envoya quérir l’assistance du gouverneur de Saint-Domingue, le sieur de Pouancey, et des flibustiers de cette colonie. En tout, les flibustiers seront environ 1200, embarqués dans une douzaine de bâtiments, à accompagner leur gouverneur à l’île Saint-Christophe. Là, d’Estrées décide de conduire sa puissante flotte contre Curaçao, île néerlandaise dont les corsaires mettent à mal depuis le début de la guerre les navires marchands français et dont les habitants font un lucratif commerce sur les esclaves avec les colonies espagnoles voisines. Confiant comme à son habitude, il ordonne de mettre le cap sur l’îlot d’Orchilla. Certains de ses officiers lui conseillent à maintes reprises de prendre un pilote avec l’expérience de ces eaux traîtresses. Mais d’Estrées, fier et hautain, repousse ces avis. Et, dans la soirée du 11 mai 1678, la catastrophe se produit. D’Estrées, par son obstination, avait engagé sa flotte sur les dangereux récifs de l’île d’Avés. Le lendemain, sept vaisseaux du roi, trois bâtiments de transport et trois flibustiers gisaient éventrés sur les récifs; près de 500 hommes périrent noyés. Aidé par les flibustiers, d’Estrées réussit à sauver le reste de son escadre avant de relâcher au Petit-Goâve et de rentrer en France.
La relation reproduit ici décrit cette catastrophe et donne quelques détails supplémentaires sur cette affaire. Son auteur, Nicolas Le Febvre de Méricourt, était un officier de la marine royale, et commandait le vaisseau amiral du comte d’Estrées : il n’est guère tendre envers son chef. Quant à Pouancey, il regagnera Saint-Domingue aussitôt après la catastrophe, mais il laissera Grammont et quelques autres capitaines sur le lieu du naufrage, avec ordre d’y sauver les hommes demeurés sur Les Avés faute de bâtiments pour les transporter. Grammont exécutera ponctuellement sa mission et rachetera partiellement la perte subie par les flibustiers à Avés en menant plusieurs centaines d’entre eux contre les établissements espagnols du lac de Maracaïbo.

Cette erreur de navigation, sans doute unique dans l’histoire de la marine, n’est à l’origine d’aucune sanction contre son responsable.

Pourtant, avant cette campagne, Jean d’Estrée s’était déjà révélé piètre navigateur mais aussi insupportable compagnon. Il se fait mal voir par tout le monde. Colbert lui-même nous dit  « sa manière de vivre avec tous les officiers, un peu trop sèche, ne lui concilie pas leur amitié ». Sa gloriole et sa suffisance lui interdisent d’écouter les bons conseils que les gens de métier lui offraient en dépit des rebuffades de ce parachuté. Il épuise les bonnes intentions à force de vouloir qu’on rampât devant lui. Les officiers les plus compétents  le fuient. Aussi accumule-t-il erreurs, maladresses et fausses manœuvres. Pour faire évoluer les choses, Colbert lui attribue ce qu’il a de meilleur comme officier : Duquesne. Un maitre de l’art naval. Une première croisière sur les côtes d’Afrique suffit à faire naitre une mésentente durable entre les deux hommes. Colbert ayant compris ce qu’il en est, écrit à D’Estrées, en confirmant avec insistance la reconnaissance en haut lieu de la valeur et des mérites de Dusquesne. Il va même jusqu’à lui rappeler que Duquesne et les hommes tels que lui sont rares et qu’il serait bon que lui d’Estrées en tire tous les enseignements qu’il peut. Mais que peut entendre un homme à qui on confie en 1672 au début de la guerre de Hollande le commandement de l’escadre qui devait se joindre à la flotte anglaise ? Aux batailles de  Solebay, Walcheren, Texel, ses maladresses sont suffisantes à expliquer l’échec des opérations, tout ne pouvant être imputé au génie de Ruyter. Hésitations, combativité médiocre, conflits avec les Anglais, et bisbilles internes à l’escadre française, Duquesne et le marquis de Martel se répandent en critiques. L’historien britannique Jenkins le traite « de mauvais chef et de pauvre subordonné ».

Mais qui était Jean d’Estrée ?

Jean d’Estrées était le neveu de la belle Gabrielle, la maitresse du Béarnais. Il entre dans l’armée où il accumule, en raison de sa naissance les titres et les grades. Colonel à 23 ans, maréchal de camp à 25, lieutenant général à 31 en 1655. Fait prisonnier à Valenciennes en juillet 1656, il ne sert plus jusqu’à la paix des Pyrénées en 1659. Il sait se trouver aux bons endroits sous Condé et sous Turenne et choisit le camp du roi sous la Fronde. Mais vers la quarantaine une faute. Il se brouille avec Louvois, homme peu connu pour ses erreurs de jugement. Son avenir est bouché sur terre, il passe au bureau de Colbert à la recherche, à l’époque, du soutien de grands noms pour bâtir sa Marine.

Ci-après, résumé du journal de bord de M. de Méricourt (lien)

Comme vous le voyez, ces terribles erreurs, naufrages et la mort de centaines d’hommes n’auront en rien entaché son ascension !



Revenons-en notre arrivée aux Aves, après une jolie navigation vent arrière. Nous découvrons la barrière de corail et l’île que nous devons contourner pour rejoindre le mouillage principal.

Nous ne sommes pas totalement seuls sur le mouillage. Un autre catamaran est là, évidemment des français en voyage au long court.

Nous sympathisons avec Sophie et Gérald sur LunaSea, car nous avons le même rythme, les mêmes intérêts… un barbecue sur la plage, quelques soirées « jeu » nous rapprochent et nous font passer d’excellents moments de convivialité et d’amitié.

Ici, sur ces iles, ne peuvent venir que des voyageurs partis pour un temps indéterminé, car ici aucune dépense, aucune rencontre ou découverte de monuments historiques. Nous sommes totalement hors des entiers battus. Pour notre plus grand bonheur !

L’ile est encore plus déserte que Blanquilla car les pêcheurs sont absents. Au Capitaine de trouver le poisson que nous mangeons avec du riz, des pâtes ou de la semoule, accompagné de tomates ou de champignons en boites. Car nous n’avons plus du tout de frais, ni légumes ni fruits. Nous préservons les œufs au maximum. Même en Afrique nous n’étions pas si démunis. Il n’empêche que nous pourrions rester ici longtemps. C’est une vie à part, de liberté, de contemplation. Le ciel est extraordinaire, les bruits des oiseaux et du ressac toujours présents mais aucun autres bruits : ni avion, ni voiture, pas de lumière, pas de pollution visuelle, juste quelques étoiles filantes et des orages secs au loin.


Ce matin, direction la mangrove avec nos kayaks, transport discret et silencieux.
Cet écosystème est extraordinaire. La mangrove est très ancienne et les arbres étonnamment immenses (ambiance).

Sur cette image, on voit parfaitement la partie intérieure de la mangrove. Nous la sillonnerons allègrement ! Merveilleux !

Nous partons à la découverte des milliers d’oiseaux qui peuplent les branches, qui volent, qui chassent, qui pêchent et qui se reproduisent en colonies denses dans les arbres.

Nos premiers fous à pied rouge, très communs également aux Galapagos…

Ils sont moins gros que nos fous de Bassan de chez nous, mais tout comme eux pêchent en mer. Ils se reproduisent en colonies denses sur les arbres (video).

Des milliers d’oiseaux sous nos yeux, et comme nous sommes en pleine période de reproduction, nous voyons facilement les grosses boules de duvet blanc, des poussins protégés par leurs ainés ! Nous les avons mitraillés, tellement c’était exceptionnel ! Appréciez …


Mais nous avons eu également la chance de voir des flamands roses sauvages. Quelle grâce (video, video1).

Au fil de l’eau,

Puis petit arrêt sur terre, entre lagune et océan… Les arbres sont splendides avec leurs branches et racines enchevêtrées.

Il n’y a pas que les oiseaux…


Le temps s’étire, entre snorkeling, les fonds étant très peu profonds mais riches en poissons et corail,

Pêche, le capitaine se régale, comme à Blanquilla,

Et préparation du padi. Car oui, nous allons apprendre la plongée, surtout moi. Et il faut en apprendre les bases. Le timing est excellent puisque nous avons tout le temps et que, grâce à starlink, nous ne sommes pas totalement coupés du monde. Tellement incroyable d’être au fin fond du Venezuela et parler, voir la famille via nos écrans de téléphone, tout cela par satellite sans que cela ne soit totalement hors de nos moyens.

Le soir, au coucher du soleil (video), les pélicans et autres frégates se régalent et quelques fois se disputent en poussant de drôles de cris. Les bans de poissons sautent et essaient d’échapper aux nombreux prédateurs. Quel spectacle!


Une petite navigation s’impose pour rejoindre un autre mouillage (video), qui s’avère moins agréable car plus rouleur et envahi de moustiques. Les lumières sont par contre extraordinaires, l’orage nous ayant précédé puis rattrapé…

Le jour suivant, nous tentons de nous poser près de la barrière de corail, au milieu de rien. La météo prévue n’est pas celle trouvée sur place. Orage et pluie et surtout petite houle impossible à concevoir sur ces mouillages isolés.

De plus, jeter l’ancre s’avère impossible : pas assez de sable pour crocheter. Nous nous retrouvons très vite sur rochers et coraux que nous ne voulons absolument pas abîmer.

Retour sur le mouillage principal où nous avons la surprise de retrouver Josig et Delphine sur Bora Bora. Nous avions passé de très bons moments ensemble à Trinidad. Trop chouette. Et comme c’est le week-end, petite soirée à discuter de nos programmes à venir, à refaire le monde. Nous espérons que nos chemins se recroiseront, peut être en Jamaïque l’année prochaine ? Sait-on jamais…


Enfin, avant de partir puisqu’il le faut bien, un dernier petit tour dans la mangrove.

Où nous ne résistons pas à photographier de nouveau les oiseaux !

Nous ne nous en lassons pas. Il nous reste un dernier lieu à découvrir, et pas des moindres : le musée aux bateaux. Bon, il n’est pas facile à trouver ce cimetière !

La remontée en kayak à contre courant, je n’ai pas aimé. D’autant que nous sommes remontés bien trop loin. Mais en redescendant nous avons trouvé l’entrée, improbable…


Le musée est très étonnant, austère, sauvage puisque sur la côte au vent (video, video1). Paysage totalement différent de la mangrove… Les voiliers de passage laissent ici un souvenir ou une création. Nous y retrouvons Créa, LunaSea. J’aurais bien imaginé Nadine, qui a un talent fou pour créer toute sorte de peintures, de pièces uniques, laisser la trace de Loval… Comme elle l’a fait pour nous à Jacaré ou en Dominique, où sur notre Maverick…


Mais il faut bien repartir de ce paradis. Les pêcheurs sont revenus depuis 3 jours et viennent nous donner langoustes, poulpes, poissons. Tout cela sans rien demander, éventuellement de l’eau. Nous leur offrons cigarettes, bières fraîches, du réseau wifi car ici il n’y a pas de GSM, et des petites choses qui ne nous servent plus. Ils sont très contents. Malheureusement la barrière de la langue ne nous permet pas de discuter. Nous passons à côté de tant de bons moments de partage et le regrettons terriblement.

Dernières lumières sur ce mouillage incroyable, où nous nous retrouvons seuls pour 24 heures.


Départ de nuit à 3h00 pour une petite vingtaine d’heures pour Curaçao, où nous attendent Ness et JP pour nous faire découvrir le monde de la plongée. Premier départ de nuit avec Maverick. C’est toujours très impressionnant surtout lorsqu’il n’y a absolument aucun repère et que les fonds ne sont pas simples. Mais tout va bien !
Et nous ferons notre possible pour revenir ici, sur cet archipel magique et merveilleux.


Pour terminer en beauté cet article, voici quelques dernières images du drone des copains de LunaSea. Mille mercis à eux !

10 thoughts on “Isla de Aves, merveilleuse île aux oiseaux !

    1. coucou Edith, Nous pensons très fort à toi et t’envoyons tout plein de soleil et de sérénité dans ce monde de brute. Bisoux fort

  1. Merci Isa & JB, magnifique comme toujours… quelle Nature extraordinaire !
    On espère vous revoir un de ces 4 (PS: nous sommes revenus à Lisbonne)

    1. coucou Caroline, mille mercis ! vous êtes retournés à Lisbonne ? La chaleur vous manquait ? Oui, il faut que l’on se retrouve pour partager un moment ensemble ! Big bizzzzz

  2. Wow! C’est merveilleux . Deux questions : accessible en bateau uniquement ? Et quelle langue est parlée ? Merci les amis pour ce chouette partage

    1. coucou Sarah-Pearl, oui ces iles ne sont accessibles qu’en voilier. Il n’y a même pas de navettes. Il faut également que les assurances bateau acceptent l’arrêt sur ces iles vénézuéliennes, ce qui n’est pas toujours le cas, loin s’en faut ! D’où ces étapes si magiques ! Et la langue c’est l’espagnol.
      Mais la Guyane c’est pas mal non plus en terme de solitude…
      Big bizzzz ma belle

  3. Merveilleuse ile aux oiseaux
    Captivant récit historique
    Fabuleuse pêche gourmande
    Belle vie rêvée loin de tout se qui se passe sur notre terre
    Un grand merci de vous lire

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