Notre road-trip en Patagonie (2) Punta Arena / Ushuaïa


Le premier post retraçait notre passage à Puerto Madryn et la Peninsula Valdès et le bref passage à Rio Gallegos.

Voici le parcours et les étapes du voyage. En jaune, les déplacements en bus, très confortables puisqu’équipés de sièges couchettes, en violet l’avion (moins cher que le bus sur ce parcours) et en bleu, le voyage en ferry Navimag dont le récit a déjà été mis en ligne (lien).


Cette seconde partie vous fera découvrir Punta Arenas, la route del fin del mundo, puis Ushuaia.


Les parcours en bus resteront inoubliables. Des longueurs extrêmes, des lignes droites à n’en plus finir, des centaines de kilomètres de clôtures. Car tout autour ce sont des pâturages, quelque fois avec juste un cheval au beau milieu du champ ! Et le renard gris qui traverse, ou les rapaces planant sur les collines.
Et après les moutons ou chevaux, place aux guanacos, très nombreux ici y compris au milieu des routes !


Punta Arenas, ou « pointe des sables »

Que dire de cette ville sinon qu’elle est synonyme de conquête et de découverte du grand sud et de ce Détroit, la seconde route possible pour atteindre la terra del fuego. Jusqu’en 1914, elle fut la seule possible pour se rendre en Asie, avant l’ouverture du Canal de Panama.

La ville, capitale de la région de Magallanes et de l’Antarctique chilien, fondée en 1848, est déjà une surprise en elle-même, loin de nos modèles européens. Les maisons colorées sont faites de bois et de tôles. Les fenêtres sont en simple vitrage.

Les bâtiments historiques ont été construits avec des matériaux importés d’Europe.

Comme beaucoup de villes ici, les rues sont toutes perpendiculaires. Il est donc assez facile de se diriger et de se situer.

La plaza Munoz Gamero, ou Plaza de Armes est le cœur de la ville. Elle est grandiose avec ses immenses cyprès et le monument à la gloire de Magellan trônant en son centre. Le grand navigateur est flanqué de statues de sirènes et d’autochtones.


Mais quelle est ce beau bâtiment ? Il s’agit du Palacio Sara Braun où se situe le bar shackleton, très cosy (c’est aussi un hôtel haut de gamme). Ce dernier y aurait rencontré en 1916 ses bienfaiteurs potentiels après son terrible naufrage. Le capitaine vous en dira plus un peu plus loin…

Et son expo (vidéo).

Le jour suivant direction le sous-sol et son restaurant.

Les 2 sites, chargés d’histoire, sont incontournables.


À découvrir aussi le musée ethnographique, ou musée salésien, très intéressant avec un nombre impressionnant d’animaux empaillés, représentatifs de la faune de Patagonie.

Le deuxième étage est consacré à l’ethnographie et à l’histoire des missions religieuses en Patagonie.


Notre dernière visite à Punta Arenas, nous mènera au musée maritime, à l’extérieur de la ville. Ce musée fut conçu par un excentrique qui a engagé des charpentiers maritimes et a entrepris de construire une réplique grandeur nature du Nao Victoria, le navire de Magellan lors de son périple de 1519.

Difficile d’imaginer comment, il y a un peu plus de 500 ans, le navigateur-explorateur portugais Fernando de Magellan, passé au service de l’Espagne, découvrit la terre de feu en s’égarant dans ces bras de mer totalement inhospitaliers jusqu’à en ressortir côté pacifique. Il fut le premier européen à rejoindre ainsi l’Asie puis, à sa mort, de permettre à son second, Juan Sebastián Elcano, de boucler le premier tour du monde de l’histoire (pour en savoir plus cliquez).

Difficile d’imaginer aussi leurs conditions de vie à bord même si, en se promenant dans cette réplique et au travers de la mise en scène, nous en découvrons quelques bribes.

Nous découvrons ensuite la réplique grandeur nature du célèbre HMS Beagle, qui fut dirigé par le vice-amiral Robert FitzRoy, chargé de l’exploration hydrographique et cartographique des côtes d’Amérique du sud (1831-1836). Il fut l’un des premiers météorologues et popularisa un système de prévisions météorologiques à court terme appelé le baromètre de FitzRoy.

Le HMS Beagle embarqua également le célèbre Charles Darwin. De cette épopée hors du commun naîtra, 23 ans plus tard, en 1859, L’Origine des espèces, ouvrage dans lequel Darwin exposera sa théorie de la sélection naturelle.

Et enfin, la réplique du bateau de Shackleton, considéré comme l’un des premiers grands explorateurs du monde polaire, et la réplique miniature du Yelcho, le navire qui récupéra, en 1916, son expédition sur l’île de l’Éléphant.

Mot du Capitaine

L’expédition Endurance menée par Ernest Shackleton a pour objectif de traverser l’antarctique de part en part. Elle débute en 1914.
Pris par les glace en janvier 1915, le voilier finit brisé par la banquise en octobre. Shakleton finit par tenter la traversée en canot vers l’ile de l’Eléphant qu’ils rejoignent le 14 avril 1916 après 7 jours de navigation par -25° avec de la viande de phoque pour toute nourriture et un faible fourneau qui suffit à peine à réchauffer la glace pour faire de l’eau. Cette ile est inhospitalière car aride et constituée exclusivement de rochers, de neige et de glace. Malgré l’abondance de phoques et de manchots sur les côtes, il est difficile pour les hommes du groupe d’envisager une longue attente en ces lieux. En plus elle se trouve hors de toutes routes maritimes susceptibles d’apporter un secours.
Shackleton comprend qu’il est essentiel de repartir immédiatement et que leur salut dépend de leur retour en Géorgie du sud. Il entreprend une navigation de plus de 800 miles (1 500 km) sur l’océan dans l’un de leurs canots de sauvetage avec un équipage réduit , laissant 22 hommes sur l’ile.
Ce voyage en canot reste une des traversées maritimes les plus exceptionnelles de l’histoire.
Partis le 24 avril 1916 ils finissent par rejoindre le 19 mai la côte nord de l’ile de Géorgie du sud. Après une marche d’une trentaine de kilomètres sans équipement, avec des passages de cols neigeux et de glaciers, ils rejoignent une station de baleinières, Stromness.
Il faudra quatre tentatives à Shackleton pour réussir à retourner sur l’île de l’Éléphant et parvenir à rapatrier ses hommes.
Le 30 août 1916, quatre mois depuis son départ de l’île de l’Éléphant, Shackleton parvient à s’approcher de l’île à bord du navire chilien le Yelcho commandé par Luis Pardo. Les vingt-deux naufragés de l’île de l’Éléphant sont embarqués sains et saufs.

Nous aurons vu ce musée à ciel ouvert sous un ciel pluvieux. Le chauffeur de taxi qui nous y a déposé nous a remercié. Il ne connaissait pas ce lieu !


Côté pratique

Nous sommes arrivés et repartis en bus (compagnies différentes). Chaque compagnie a son terminal à une adresse différente. Bien repérer les lieux de départ.
Le niveau de vie au Chili est bien plus élevé qu’en Argentine et il est aisé de payer en carte bleu sans frais (si vous êtes comme nous dans une banque en ligne Boursorama ou fortuneo).
Ici les uber sont présents. Très pratique et peu cher. Le prix de la course est annoncé dès la réservation et payé directement en ligne. Pas besoin de cash.
Lors de notre court séjour, nous aurons manger 2 fois au même endroit, tellement ce fut délicieux. Il s’agit du petit restaurant tenu par des femmes, au marché municipal. Ne vous trompez pas : il s’agit du Magellania seafood, local 2 au 1er étage. Les empenadas sont exquises, les meilleures que nous ayons mangées, tout comme leur tartare ou encore le Cordero de Patagonie, dont la cuisson lente rend la chaire particulièrement fameuse. Ça vaut bien notre agneau des prés salés du Mont St Michel.


Le second restaurant est dans le sous sol de l’hôtel shackleton, la Taberna (réserver votre table).


Et voilà, notre séjour à Punta Arenas prend fin et nous sommes tristes de n’y avoir passé que 2 jours. Cette ville est très agréable et donne envie d’y paresser.


Nous voilà en direction de la ville du bout du monde, Ushuaia, la ville la plus au sud du continent américain.
Afin de rejoindre la partie de terre où se situe Ushuaia, un passage en bac du Detroit de Magellan s’impose. Ce sera sous la pluie (vidéo).


Plus tard ce seront les Douanes entre chili et Argentine, passage beaucoup moins long que dans l’autre sens, le Chili n’autorisant l’entrée d’aucune denrée alimentaire fraiche. Tous les sacs doivent être sortis du bus et scannés.

Et de nouveau de grands espaces à l’infini. Puis ce sont, d’un côté l’océan, de l’autre des forêts d’arbres rabougris, couverts de lichens, et les montagnes au loin. Il n’y a qu’une route. Nous sommes en décembre, donc en été, mais il est facile d’imaginer la neige recouvrir tout ce paysage. D’ailleurs, les lieux sont fameux pour le ski et les randonnées glaciaires. Bientôt nous allons les découvrir. ..
Quelques dizaines de kilomètres plus tard, nous voici dans les montagnes, couvertes de conifères et si austères. Il pleut. Ça doit être la météo classique car c’est très vert. Quelques éclats blancs de neiges éternelles. La route se poursuit, toujours plus au sud.
Puis apparaît…

Ushuaïa, ou en langue yamana, « la baie qui pénètre vers l’ouest », la ville la plus australe du monde.

Nous voilà arrivés à Ushuaia, notre ultime étape du bout du monde. Le vent souffle très fort, les lumières avec les passages nuageux sont magnifiques sur cette baie mythique (video).

Et comme c’est Noël, les rennes ne sont pas loin !

Nous prenons nos marques dans cette ville si touristique. Difficile de trouver de bons plans repas. Le crabe royal est très réputé. Mais le prix aussi… Nous garderons en mémoire le goût de nos araignées bretonnes !

Nous avons prévu 2 jours sur place. Alors que faire ? Le capitaine repère sur son application outdooractive une belle randonnée d’une douzaine de kilomètres sur les hauteur d’Ushuaia, ceci afin de nous mettre en jambes pour les prochaines autour du Fitz Roy.

Bien vu ! En voici le parcours. Si vous décidez de vous y lancer, faites comme nous, dans le sens inverse des flèches. Ça commence plus raide mais c’est mieux ainsi.

Et surtout vous passez par le « vrai » Ushuaia, là où vivent les habitants. Beaucoup de chiens, les routes non bitumées. Je n’ose imaginer l’hiver ici…

Nous nous élevons sur les hauteurs, après avoir traversé un bois (vidéo) et recherché le chemin pas toujours évident. Passage de tourbières et nous arrivons au pied du col. Que c’est beau !

Arrivés au col, la goretex est de rigueur (video) !

Notre coin pique nique, à l’abri du vent…

Et la redescente. L’évolution des nuages

Puis la pluie que nous avons vue arriver.

Pour nous remettre de nos émotions, direction le Dublin, le bar irlandais historique de Dublin. Belle ambiance et la bière est excellente et pas chère (même si elle l’est plus qu’à Buenos Aires mais normal, nous sommes au bout du monde !). Bon, vous aurez remarqué : y’a un truc qui va pas sur la troisième photo ! Et R2D2 est arrivé jusqu’ici !

Au hasard des rues, les camions de pompiers sont de sortie. Normal, il y a eu un feu de forêt il n’y a pas si longtemps.

Et le plus connu des croisiéristes français… le départ du Ponant !

Au hasard des rues…


Ici pas de tango mais de la salsa dans la rue (vidéo).
Et sur les bords de mer, de beaux oiseaux…


Notre séjour se termine un dimanche et quel dimanche ! celui de la finale de la coupe du monde de football France / Argentine. Le match commence à12h00 et nous décollons à 16h00. Sachant que tout s’arrête lors des matchs de foot, nous partons à 11h30 pour l’aéroport et prévoyons de regarder le match là bas à la cafétaria. Nous ne serons pas seuls ! Le match est même retransmis sur les écrans de contrôle des départs/arrivées

A l’issue du match, évidemment ici c’est l’euphorie après le stress des tirs aux buts. Nous avons enregistré entre temps et la victoire est annoncée et chantée dans les hauts parleurs. Énorme !


Pour en savoir plus sur Ushuaia, cliquez.

Le prochain post sera consacré à la suite du voyage : El Calafate et El Chalten, avec le massif du Fitz Roy et … le Perrito Moreno !

8 thoughts on “Notre road-trip en Patagonie (2) Punta Arena / Ushuaïa

  1. merci pour ces merveilleuses images et ce voyage qui se déroule toutes les semaines devant moi qui me font par votre intermediaire que je suis un explorateur un petit regret si les videos etaient filmées a l’horizontale , ce serai formidable . BON VOYAGE ET CONTINUEZ D Barbet

      1. Bonjour,
        Je suis comme Daniel Barbet mais je n’osais pas le dire….Effectivement les vidéos seraient plus confortables à visualiser si elles étaient horizontales. Mais c’est un détail car les récits sont tellement passionnants !
        Amicalement
        Claude

      2. De mieux en mieux récit bien complet
        photos et video trop belles
        C’est du boulot tout ça
        Merci beaucoup à vous 2

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