Entre Brésil et Guyane

Pour le plaisir avant l’article complet qui suit, vidéo en musique de notre traversée !


De retour de Buenos Aires, il nous faudra 3 semaines de boulot entre la remise à l’eau de Maverick 2 et le départ de Jacaré.

3 semaines, direz-vous c’est long mais…

Pour nous remettre à l’eau, il était indispensable d’attendre 1 semaine le bon coefficient de marée. Le capitaine est ensuite parti pour une petite semaine au Guatemala pour découvrir et signer la promesse d’achat de Maverick 3.

Puis réinstallation des voiles et du gréement, réparation du guindeau, du moteur, des fils s’étant oxidés, remise de la girouette tout en haut du mât. Et nettoyage complet intérieur et extérieur. Nous profitons de l’eau à disposition sur les pontons car pour la suite de notre périple il nous faudra bidonner.

De plus, impossible de travailler au-delà de 10h00 la chaleur étant infernale. Heureusement la marina est un nid de fraîcheur et la piscine fort accueillante. Merci à Nicolas et son équipe pour son professionnalisme et sa gentillesse. Et sa présence constante ! Et à Karine pour son sourire qui a remplacé bien des dialogues.

Et la plage n’étant pas loin, un petit tour en vélo et nous voilà nous prélassant sur la plage, à profiter de l’eau à… 30 degrés ! Trop chaud pour les bretons que nous sommes !

Et il y a les amis, rencontrés sur place, Laurence, Christian, retournés en métropole. Nadine et Jean-Pierre sur LoVall que nous retrouverons en Guyane. Nadine immortalisera notre passage à la marina grâce à ses talents d’artiste.

Ils partiront avant nous. Nous les retrouverons à Saint Laurent du Maroni, si tout va bien (vidéo)

Niel, rencontré en Casamance, retrouvé en Gambie, puis à Dakar. Et ici ! Éric, un breton, encore, ancien pêcheur, et son amie sénégalaise, de Ziguinchor, qui nous régale de spécialités africaines.

La petite famille avec Sarah, Dino, et Achille, Sarah et sa séance de réflexologie plantaire. Divine ! Si vous les rencontrez, n’hésitez pas à lui demander. Instants uniques, hors du temps !

Et bien sûr, sur place Serge, Vanessa et les enfants que nous retrouverons chez eux à Fortim. Que d’excellents moments passés ensemble. Attention, nos capitaines d’annexe ont à bien se tenir (video)

Et le fameux barbecue du dimanche, déjà connus lors de nos précédents passages à la marina. Le lieu s’y prête tout particulièrement et le marché du samedi à Cabedello nous fournit les poissons et denrées nécessaires à de telles festivités.


Et voilà, c’est la date de notre départ (vidéo). Nous décidons de faire un stop avant notre arrivée en Guyane. En effet, Serge et Vanessa, que nous côtoyons à la marina depuis notre arrivée en juin, nous proposent de passer chez eux à Fortim. Qu’à cela ne tienne ! Direction donc Fortim.


Deux jours de navigation sont nécessaires pour arriver à Fortim et nous installer au mouillage devant la maison de Serge et Vanessa. Charles, le plus grand garçon, vient nous rejoindre à l’entrée de la passe en kayak. Malheureusement, il ne nous sera pas utile, d’autant que le chenal n’est pas matérialisé. Nous naviguons à vue, avec la carte navionic pas particulièrement à jour. Heureusement nous sommes en dériveur intégral, car nous surfons sur les vagues de 1 mètre avec moins de 80 cm de fond… Pour la sortie, nous nous promettons de suivre un pêcheur !

Arrivée sur un mouillage de rêve (vidéo)

Que du bonheur ce séjour chez Serge et Vanessa entre barbecue avec les amis français installés tout à côté, les repas et visites. Et la découverte des animaux de la maison (vidéo rigolote)!

Heureusement que sur Maverick nous ne nous disputons pas comme cela ! (vidéo)


Et une journée de sortie sur Maverick à remonter le rio jusqu’au pont (video). Vanessa n’a jamais fait de voile. Charles adore la navigation. Il est déjà très à l’aise à la barre. Nous espérons lui avoir donné la motivation pour avancer en ce sens, comme son père qui, lui, a fait son tour du monde à la voile avant de s’installer au Brésil.


Oh un petit breton !


Mais il faut penser à repartir. Nos derniers repas seront composé de bien jolies bêtes. Nous en emmènerons également pour notre navigation. Un délice !

Merci de tout cœur les amis pour ces moments privilégiés passés ensemble !


La sortie du rio fut délicate. Départ prévu à 6h30, heure de la marée haute. Nous nous calons derrière un pêcheur qui connait parfaitement la passe. Il est tout heureux de nous montrer le chemin. Nous n’aurions pu faire mieux, de méandres en méandres (vidéo1 video2 ).

Toute la famille est de sortie, sur leur terrasse à nous faire de grands signes. Que d’émotions… Dernières images et vidéos de ce petit coin de paradis. Merci Serge pour cette si jolie vidéo.

Ambiance à la sortie ! (vidéo)


Adieu le Brésil

De nouveau un départ, de nouveau des « au revoir, » à se dire « on se reverra quelque part sur les mers » (vidéo Jacaré – vidéo Fortim). De nouveau nous quittons des lieux que nous avions appris à connaître, des amis, qui nous ont accueillis chez eux comme des membres de leur famille. Que d’excellents souvenirs.
Cette parenthèse de 7 mois en Amérique du Sud fut une belle expérience, dans tous les sens du terme, et forte en découverte de lieux, de sites mythiques, de relations humaines. Nous clôturerons cette remontée par le changement de Maverick 2.

Une autre vie va commencer en juin, plus confortable, plus dans le partage puisque l’une des raisons pour lesquelles nous quittons notre monocoque est que nous allons enfin pouvoir accueillir la famille, les amis. Afin qu’ils partagent quelque peu avec nous notre vie de rêve.

En attendant l’émotion est grande. Nous sommes restés 2 mois à Jacaré, entre notre arrivée en juin 2022 et notre départ en janvier 2023. Nous y avions nos habitudes, nos adresses, nos points de reconnaissance comme à la Marina de Jacaré, où nous nous sentions comme chez nous. Le seul regret et ce ne sera pas que pour ces lieux, est la langue que nous ne parlions pas. Moins de partage.

Notre escapade dans le grand sud nous laissera également d’excellents et mémorables souvenirs. Nous ne l’aurons pas fait avec notre voilier mais nous aurons découvert des sites extraordinaires, loin des mers.


Décision est prise : nous ferons d’autres escapades à terre avant de passer Panama pour découvrir la Colombie, l’équateur, le Pérou, la Bolivie… 


Notre navigation

Cette remontée du Brésil fut un vrai plaisir. Il s’agit de la dernière longue distance que nous allons faire avec Maverick 2. La mer ne nous aura pas épargnée, entre grains, pluie et houle de 3 à 6 mètres au plus fort des grains.

Le courant nous aura fait avancer comme sur un tapis roulant. Explications !

Mot du capitaine

1080nm (2000km) à couvrir pour cette navigation qui doit nous ramener en terre française.

Contrairement à nos traversées précédentes nous devrions, au-dessus de l’équateur, retrouver le régime des alizés, qui doit nous donner un bon vent de nord-est, stable et régulier.

Mais….. Dans ce régime stable il y a aussi les grains…. De taille variable, donc de durée et d’intensité diverses. Cela va d’un changement d’orientation du vent de 10°, en puissance monter jusqu’à 25-30 kn (40 à 50km/h) ; à d’autres, plus méchants, qui font passer de la navigation tranquille, écrasés à lire sur la banquette, à un déluge d’eau avec le vent qui monte à 40kn (75km/h) en moins de 5mn. Parfois le grain passe vite, parfois il dure jusqu’à 20mn. Parfois seul, parfois accompagné.

Bref, même sans être spécialiste, vous imaginez que cela engendre bien des manœuvres de voile, de rentrer le « salon de cockpit » au sec, voire, comme c’est arrivé, de rentrer tous les deux à l’intérieur, en laissant un tout petit peu de voile d’avant et le fameux troisième équipier (le pilote automatique) gérer seul la situation. Il est parfait pour cela…

Coté route et navigation :
– Notre stratégie quand le temps est aux grains, ce qui a été sur à peu près la moitié de notre navigation :

·        minimum de voiles en fixe : nous avons rangé la grand voile le 3ème jour en entrant dans la zone. Elle n’est pas ressortie. Le génois seul nous permet d’adapter très vite notre surface au grain qui arrive.
·        Sitôt qu’un grain arrive, un des deux équipiers est équipé – coupe-vent, gilet, harnais – apte à intervenir sur le pont et/ou à reprendre la barre en cas de besoin.
·        à l’intérieur tout est en mode traversée, rien qui ne risque de bouger ou de voler, pas de placard ou de tiroir qui se déversent à terre à cause d’une rafale.
·        observation du ciel et des indices, surtout ce qui vient de l’arrière tribord (le jour facile à observer ; la nuit chercher la disparition des étoiles, ou de la lune). Vigilance particulière sur le vent, une alarme sonore de variation est définie : sitôt que le vent monte ça sonne. Et on observe, on réduit, on range…

A peu près aucun risque de dépression à cette époque où l’anti-cyclone des Açores est stable et puissant. Donc le vent est régulier, entre 10 et 20kn, orienté NE. Ce qui nous donne en permanence un angle de 90 à 160, le bonheur du marin. A part au départ ou un vilain angle de 180° qui nous a obligé de tangonner, nous n’avons jamais eu à remettre cet espar pas très apprécié de la Second….

Un courant océanique fabuleux nous pousse tout le long de la route en moyenne à 2kn. Mine de rien, sur 1100NM et 7.5 jours ça nous fait plus de 300NM « faits » par le courant. Comme si nous étions sur un tapis roulant. Et c’est du courant océanique, pas 6h avec nous, 6h contre comme sur nos côtes bretonnes : Non c’est 100% avec nous ! Le rêve du marin de Bretagne nord quoi ! Attention, il faut quand même bien se placer sur le courant pour exploiter au maximum sa puissance (varie d’1kn en moins d’un degré). En gros sur ce parcours, le meilleur du courant se situe sur la ligne de fond entre les hauts fonds et les 1000m.

– La houle sera, comme souvent, plus importante qu’annoncée par les différents modèles météo.
On espérait « seulement » 1.5m, on aura toujours au moins 2m, et longtemps 3 à 4m… Ce qui veut dire parfois une belle vague de 5m qui vous bouscule un peu. Bon, de trois quart arrière cela bouge beaucoup mais ce n’est pas dangereux, tant que ça ne déferle pas, ce qui a été heureusement le cas.
– Chose qu’on ne s’explique pas : aucun bateau de pêche sur 1080NM ! Quelques cargos, tous avec AIS et vigilants, mais malgré la faiblesse du trafic on se retrouvera quand même deux fois en route de collision… Pas grave, faut juste modifier son cap, dans le bon sens… Merci l’AIS !

Dernier point coté énergie : Quasiment pas de moteur sur la route. Par contre beaucoup de nébulosité sur la fin de parcours, pendant presque 48h pas de soleil…. Du coup les panneaux ne donnent pas assez… Et c’est donc deux heures de moteur avant la nuit pour s’assurer de ne pas descendre en dessous de 75% de charge des batteries… Le reste du temps, comme on va d’est en ouest, et sans grand-voile, on a une charge excellente qui nous ramène à 100% vers 14 ou 15h ! Et chose admirable, comme nous avons fait pas mal d’angle à 90° et qu’il y a eu pas mal de vent aux alentours de 20-25kn, l’éolienne a donné comme jamais. Comme quoi cela sert quand même à quelque chose cet appareil, même aux allures portantes !

Journal de bord

La magie de la voile : du courant, le bon vent et juste un bout de génois pendant 5 jours: nous arrivons à des moyennes rarement atteintes 6,5 nœuds, 7 nœuds, 7, 5 nœuds. Incroyable. On pourra dire que nous sommes au top sur notre bilan carbone !

Oh, un cargo sous l’arc en ciel…

Coucher de soleil (vidéo), et ambiance en mer (vidéo, video1, video2, video3)

Pas d’oiseaux, pas de poissons, pas de dauphins. Rien ! Pas de cargos ni de pêcheurs pendant plus de 48h. Ça fait tout drôle de se sentir totalement seuls, encore plus que lors de notre traversée de l’Atlantique ! Mais les lumières sont toujours aussi belles et les formes de nuage parfois étonnantes !

Les habitudes reviennent vite et nous avançons à notre rythme. Nous dormons et nous réveillons sans réveil. Les quarts se font à l’extérieur, allongés, sauf lors des épisodes de grains.

Nous nous relayons en cuisine, selon nos envies et prenons tous nos repas ensemble. Les premiers jours, nous nous régalons des langoustes. Mets de choix sur Maverick 2 !

La gestion des aliments frais s’est bien passée. Nous aurons des mangues, bananes et ananas jusqu’à l’arrivée, tout comme les légumes conservés dans les boîtes Tupperware au frigo. Je me suis même lancée dans la confection de flan salé, de pain et de naans à la vache qui rit. Et oui, il en faut toujours sur un bateau ! Ça se conserve dans les fonds et ça se mange sans faim, surtout lorsque le fromage manque. 


Les grains s’invitent. Nous les voyons arriver le jour, à la couleur du ciel. Ils sont sur nous en moins de 5 minutes ! (vidéo)

Une nuit en traversée

Quelle nuit ! Grains deviendront forts, nuit deviendra noire, mer deviendra grosse : sacré résumé… Le capitaine à la manœuvre, avec juste un peu de génois et enfermé dans le carré sans pouvoir dormir.. Mais que disait la météo? Rien que de très banal… Si ça continue on va s’en retourner au Brésil, chez les copains !
Et on appelle ça des vacances ! Bon, le bon côté des choses sous ces latitudes, c’est qu’il y fait chaud. Pas de problèmes de froid et de gelures.
Gardons à l’esprit que ce n’est rien comparé à ce que nous aurions subi si nous étions descendus dans le Grand Sud. Regrettons-nous ? 

Sur cette navigation, nous repasserons la ligne de l’Equateur. Là encore, les conditions ne nous permettront pas de profiter pleinement de la ligne. Il est 21h00 sur la ligne (vidéo). Nous la fêterons le lendemain.


Arrivée :

Terres en vue. Il est 17h00. Nous n’arriverons pas de jour. C’est regrettable mais c’est comme çà !

20h, nuit noire mais rendus à bon port, sur bouée, Île Saint Joseph, Guyane.

Belle navigation de 7j 13h pour 1098NM avec seulement 15h de moteur, dont 4 pour recharger les batteries faute de soleil…. Tout va bien a bord.

Cette première nuit ne sera vraiment pas confortable. Nous bougerons dès le lever du soleil pour s’installer sur le mouillage de l’ile Royale sur l’archipel des iles du Salut (vidéo). Que c’est beau !

Maverick de nouveau en terre française au bout de plus de 2 ans de voyage !

Mais nous n’y resterons pas, la police nous faisant part, au travers d’un haut-parleur, qu’il est interdit de rester sur bouée. Nous partirons donc vers 10h00 pour Kourou.

La suite dans le prochain post !

16 thoughts on “Entre Brésil et Guyane

  1. Toujours aussi passionnant. Je viens de regarder où se trouvait la Guyane par rapport au Brésil et en effet ce n’est pas « la porte à côté  »
    Pouvez-vous nous envoyer une photo de votre bateau ? Combien de temps restez – vous en territoire français ??
    On vous embrasse
    Christine et Olivier

    Envoyé de mon iPhone

      1. Ok Bonne visite. Il doit y avoir pas mal de choses à voir ( l’ancien bagne…) Vous nous raconterez. On vous envie
        Enjoy ! Bises
        Christine

        Envoyé de mon iPhone

  2. Merci encore pour ce merveilleux partage. L’aventure est faite de belles rencontres et je comprends votre pincement au cœur à chaque fois que la suite de la route nous appelle. Il me tarde de découvrir Maverick 3 et je suis sûre qu’il vous apportera beaucoup. Bon courage pour les grains à venir sur les Antilles ! Enormes bises canarias. Hasta luego, ici, ailleurs ou quelque part.

    1. Merci beaucoup pour ton message qui me va droit au cœur. Nous savons de quoi nous parlons… Nous rêvons de venir vous voir et même mieux, que vous veniez nous voir pour découvrir maverick 3 ?. Big bizzz ?

      1. Notre « chez-nous vous » vous est grandement ouvert et l’Amérique du Sud et Centrale ne seraient pas pour me déplaire 🙂 Bisous

  3. Bonjour à vous depuis Verrières. C’est magique de faire tout ce périple depuis son petit bureau bien à l’abri du vent et des vagues. Nous avons passé une bonne demi-heure de rêve et dégusté en votre compagnie,avec gourmandise, une délicieuse langouste. Bravo pour cette navigation tonique et quelque peu compliquée qui nous impressionne toujours; des pros… Merci pour cette communication complète qui doit donner bien des envies à de nombreux lecteurs. Continuez et profitez bien de cette aventure. Nous vous embrassons. Geneviève et Roger

  4. Quel bonheur de vous lire tous les deux! Et quelle nouvelle ! Maverick 3! Hâte de le voir ! Bravo pour les naans ! C’est déjà pas évident à terre alors en mer ! ??
    Hâte de découvrir la suite des aventures!
    J’ai beau regarder et suivre tous vos posts je ne me lasse jamais ! Merci ?
    Des bisous ?

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