Saba, le caillou sauvage des Caraïbes et Montserrat, la « Pompeï des Caraïbes »

Que dire de cette île volcanique, austère, un caillou hollandais puisque le plus haut sommet de ce pays culmine ici à 877 mètres. Saba prendrait son nom du jour où elle fut découverte par Christophe Colomb : Sabato, qui signifie tout simplement « samedi ». Sa superficie est de 13 km2. Inutile donc de vous dire qu’il y a très peu de routes.

A l’origine, nous recherchions une île proche de Saint-Martin. Notre idée première était Anguilla, au nord. Mais dès notre arrivée, les lumières dans nuit sur les côtes visibles de Saint-Martin, ajoutées au coût très élevé demandé aux voiliers et leur équipage nous en ont vite dissuadés!

Ce caillou, à 22 miles nautiques au sud-ouest de Saint-Martin nous a donc attiré. Et après recherches sur le net, une météo favorable et l’assentiment de nos invités, cap à été donné sur Saba après Saint-Barthélemy. Nous ne le regretterons pas, même si le confort au mouillage n’a pas été le meilleur de notre croisière. Je n’imagine même pas en mono ce que çà peut donner…

Des bouées, bien entretenues, sont disséminées tout au long de la côte ouest, dans des fonds limpides, rocheux et très poissonneux. Nous nous installerons sur celle la plus au nord, notre annexe nous permettant d’avaler les 3 miles nautiques pour se rendre au port, à la douane, à l’immigration et à l’administration du parc. Car Saba est une réserve naturelle. Les formalités, assez simples et beaucoup moins onéreuse que Anguilla, sont vite expédiées et nous décidons dès le jour suivant de découvrir l’ile et de nous attaquer à son sommet.


Celle-ci est parsemée de très beaux et nombreux sentiers fort bien entretenus, qui proposent différents niveaux de difficulté. En voici, pour information, le descriptif, introuvable sur internet :


Les taxis étant hors de prix, nous tendons le pouce pour faire du stop, deux par deux. Aucun soucis, nous sommes embarqués presqu’immédiatement pour faire les 6 km de route sinueuse et escarpée pour nous rendre à la capitale, Windwardside.

Saba ne comporte que 3 villages, dont sa capitale Windwardside. Tout est petit ici. Les cottages ressemblent à des maisons de poupée, avec ses quelques boutiques et si peu de restaurants. Tout est très calme. Pourtant, une université de médecine est implantée ici. Les étudiants n’ont aucune distraction : aucun pub ou lieu de rendez-vous après les cours…

Rencontre dans la rue, une copine à Ludo !


Tout est très cher. Normal, Saba est isolée et accessible uniquement par la voie des airs, ou par ferry.

Petite précision sur l’aéroport de Saba. La compagnie Winair dessert Saba en Twin otter quatre fois par jour en général, au départ de l’aéroport de Juliana, en 13 minutes. La piste d’atterrissage étant la plus courte piste commerciale au monde, les pilotes doivent suivre une formation pour avoir le droit de s’y poser. Elle existe grâce à la ténacité d’un pilote de Saint-Barthélemy qui était certain, contrairement aux ingénieurs, que l’atterrissage était possible à Saba. Toute la population s’est mobilisée et à construit de ses mains la piste qui a été achevée en 1959.


Pourtant nous avons vu les aéroports de Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Ici la piste est encore plus impressionnante par sa découpe dans la montagne, sa hauteur et sa longueur si réduite, de 900 mètres.


Après un bon petit déjeuner dans le seul salon de thé de l’île, nous voila lancés sur les pentes verdoyantes du mont Scenary. Nous rallierons les deux sommets grâce à des marches irrégulières et souvent boueuses.

Au sommet !


Après l’effort, une jolie table en bois, installée sous le sommet nous accueille pour notre repas.


Puis nous repartons sur un chemin beaucoup moins évident, glissant, très boueux, en balcon, dans une végétation luxuriante.


Une bonne heure de descente et nous revoilà sur des chemins en sous bois bien mieux balisés.


Une fort jolie randonnée de 5 heures, qui nous a permis de profiter de tous les versants de l’ile, sous une météo correcte et sans pluie. Car les nuages s’accrochent désespérément au sommet de Saba, d’où cette humidité constante et son terrain parfois glissant.


Le jour suivant, nous louons une voiture, livrée au port. Pas de contrat, pas de paiement par carte. Nous devrons laisser la voiture le soir même avec les clefs dans la boîte à gants.
Nous empruntons la seule route de l’ile en passant par la capitale pour prendre un café, et nous dirigeons vers l’est de l’ile. Une petite rando pour descendre au plus bas au nord de l’ile avec une vue spectaculaire sur l’aéroport. Bien pratiques ces bancs installés pour se reposer…


Puis direction les piscines naturelles nichées dans un enchevêtrement de lave, tout près de l’aéroport. Toujours sportif de rejoindre ces trous d’eau claire et de s’y plonger. Mais avec quel délice!



Saba, ce sont aussi ses fonds marins, riches en vie et en corail. Nous ne nous lasserons pas d’aller nager dans l’eau limpide et ses roches immergées où se cachent tortues, raies, requins nourrice, barracudas et autres espèces inconnues de notre part. Que du bonheur! Ce seront les plus beaux fonds que nous auront vus dans les Caraïbes, hors les Tobagos Cays.

Et impossible au capitaine de résister lorsqu’il rencontre une telle merveille ! C’était le jour de notre arrivée…


Mais tout à une fin, et il nous faut répartir vers Saint-Martin pour quelques heures de belle navigation. Ludo s’en donnera à cœur joie et ne lâchera pas la barre de tout le séjour !

Cette île fut une très belle découverte, hors des routes de grande croisière. Un petit joyau perdu dans l’océan, une parenthèse unique et sauvage que nous sommes heureux d’avoir découvert avec nos amis.


Monserrat

Située au sud-ouest d’Antigua et au nord-ouest de la Guadeloupe, l’île de Montserrat est la plus méridionale des îles sous-le-vent. D’une superficie de 102 km2, ce territoire britannique d’outre-mer (administré par un gouverneur, assisté d’un conseil législatif et d’un conseil exécutif) fut surnommé « l’île émeraude des Antilles », en raison du caractère verdoyant de ses versants volcaniques.

Vous l’aurez compris, il s’agit de notre dernière étape en redescendant de Saint-Martin, vers la Guadeloupe.

Nous arrivons au petit matin à Little bay, le seul point d’entrée sur l’ile, à son nord. En effet, depuis les éruptions de son volcan la Soufrière de 1995 a 1997, la moitié de l’ile est déclarée zone d’exclusion. Son ancienne capitale, son aéroport, son port, ont été ravagés par les lave et cendres. Les deux/tiers de la population ont quittés l’ile pour rejoindre Antigua, l’ile la plus proche, elle aussi britannique.

Explicatif :

Pourtant Montserrat était un petit paradis, avec une forte renommée touristique, qui conduisit de nombreux retraités américains, britanniques et canadiens à s’y installer. Bien que la capacité hôtelière de l’île soit limitée, de nombreux touristes venaient y passer la journée puis se repliaient ensuite sur les îles voisines (Antigua, La Guadeloupe, etc.). De nombreuses villas de milliardaires existent toujours hors zone d’exclusion, peu habitées mais très bien entretenues. Et pour cause, il y a si peu à voir maintenant sur cette ile. Notre premier mouillage ne nous aura permis de ne découvrir que les bureaux de la douane. Il nous aurait fallu une demi heure de marche pour rejoindre la nouvelle capitale sans charme parait-il.

Les lumières du soir sur les falaises sont néanmoins magnifiques !


Direction notre second, et le seul mouillage autorisé sauf lorsqu’il y a risque d’éruption, un peu plus au sud, en limite de la zone d’exclusion, au dessous de Salem. Nous y trouvons un restaurant, ouvert uniquement le week-end, cher et peu achalandé .

L’intérêt de ce mouillage : descendre à terre à la nage ou une annexe légère, et monter en 1h de marche tonique et avec de fortes pentes à l’observatoire du volcan. Mais il faut bien vérifier son ouverture. Pour nous il était exceptionnellement fermé ! Nous profitons de la vue. C’est déjà çà.

Nous redescendons par le village, Salem, en espérant trouver un bar ou une terrasse. Mais il n’y a rien ! Juste une ou deux échoppes si peu garnies que nous ne nous y arrêterons pas. L’économie est totalement à l’arrêt sur cette ile dévastée.

Nous verrions presque Maverick au loin.


Nous traversons ces belles pelouses merveilleusement bien tondues ! Insolite, cette tondeuse au milieu de nulle part !

Beau notre batooooooo


L’autre site d’intérêt est de monter au sommet de la colline de Calisbary, point de vue imprenable sur plymouth, la capitale engloutie, la Pompeï des Caraïbes. Il est interdit de s’y rendre seul. Le droit d’entrée s’élève à 60 dollars. Et pour voir quoi de plus ?

Nous nous réjouissons de ne pas avoir pris rendez-vous avec le guide contacté car, outre le fait qu’il n’est pas évident en temps normal de rejoindre la plage, lorsque la houle se lève, il est impossible de descendre à terre.

Montserrat est une petite île, et comme nous l’avons déjà vérifié sur d’autres îles, les coups de vent et les coups de houle peuvent être fréquents et impressionnants. Les jours suivants, nous aurons un forte houle croisée qui nous obligera à rester sur le bateau. Nous apprécions tout particulièrement notre catamaran!

Et quel est la nature des fonds ? Ils sont désertiques, la cendre les a également recouverts et certainement étouffés car il n’y a aucune vie : ni poisson, ni corail. Rien…

Les crépuscules sont toujours aussi magiques ! Le soleil se couche et disparait rapidement.

Place aux couleurs du soir…

Au petit jour, départ pour notre dernier séjour en Guadeloupe, retrouver nos amis au Gosier, où nous nous rendrons directement pour passer un peu plus de temps ensemble. Nous en repartirons très vite, trop vite pour avancer et arriver à Trinité dans les temps.


Que c’est dur de quitter une ile que nous avons appris à aimer, des personnes devenues des amies en quelques minutes, parce que l’évidence de l’entente, du partage, du bonheur d’être ensemble, est immédiate. Nous ne le dirons jamais assez, et je le répéterai je pense encore souvent, mais ces instants partagés, ces amitiés immédiates, resteront à jamais gravées dans nos cœurs.

Voila, nous sommes partis pour d’autres horizons après deux diners, l’un sur Maverick, l’autre sur l’ilet Gosier, qui resteront inoubliables avec Morgan et Eric, Floretta, Josselin et Jordane et Christophe qui ont trouvé leur vie ici et s’installent professionnellement sur l’ile. Nous leur souhaitons bonheur et réussites et tout le courage, et ils en ont, pour aller au bout de leurs rêves.


Nous retrouverons des amis plus tard, c’est sûr, les copains bateau, mais ceux que nous quittons ici, comme en Afrique ou au Brésil, ne voyagent pas. Nous ne les reverrons donc que dans nombre d’années si nous repassons par là…
Que c’est dur…

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