La Dominique, l’île secrète des Caraïbes

La Dominique, une île bien différente de nos Antilles françaises, sauvage, très verte, peu peuplée, avec des côtes époustouflantes.
Nous y viendrons par deux fois, la première avec un immense bonheur, avec nos amis Ségo et Thierry, la seconde en quittant la Guadeloupe pour descendre vers Trinité-et-Tobago.
Que de bonheur de découvrir et de partager la découverte de cette ile.

Un peu d’histoire

Le second voyage de Christophe Colomb vers les Amériques lui fit découvrir ce bout de terre le dimanche 3 novembre de l’année 1493 (Domingo en espagnol). Comme dans le reste des la Caraïbes, les Indiens Arawaks étaient les premiers habitants connus de l’île et, comme dans les îles voisines, les Arawaks furent farouchement chassés par les indiens Caraïbes, avant l’arrivée des terribles conquistadores.
Roseau, capitale de la Dominique, fut à mainte reprise, détruite lors des affrontements répétitifs entre Français et Anglais. La lutte dura jusqu’en 1748, jusqu’à ce que les deux pays se mettent d’accord pour abandonner l’île aux Indiens Caraïbes et la déclarer neutre. Mais quelques années plus tard, ils abandonnèrent cette idée pour reprendre la guerre, qui dura cette fois 7 ans et les amena au traité de Paris de 1763, qui garantissait la possession de l’île aux Anglais. Pour la petite histoire, les Français rompirent à deux reprises ce traité par la suite, et n’abandonnèrent définitivement l’idée de conquérir la Dominique qu’en 1814. La même année, ils cédèrent Sainte-Lucie…
La Dominique fait partie intégrante du Commonwealth depuis le traité de Paris de 1763. Indépendante depuis 1978, elle reste sous l’autorité britannique.
Pour les Dominicains, la fin des années 90 a été difficile, plusieurs cyclones ayant alors frappé l’île, surtout en septembre, mois le plus propice, lorsque l’eau et l’air atteignent des records de température. Le dernier en date, Maria, en 2017, fut particulièrement destructeur et meurtrier, avec des vents allant au delà de 350 km/h et 67 morts dénombrés (pour plus d’information, cliquer). Mais la vie doit reprendre et l’ile se reconstruit tout doucement, même si beaucoup de cultures ont disparu.


Le vent nous mène facilement, au départ du Gosier, à Portsmouth, la seconde plus grande ville de la Dominique, au nord de l’île, dans la majestueuse Prince Rupert Bay au pied du fort Shirley.


Nous débarquons dans un autre monde. C’est le dépaysement total. Le revenu moyen ici est de 400 € environ. Nos normes de vie européenne s’effacent totalement. De petites maisons, de petites structures, pas de grands magasins ni de grandes surfaces. Pas de port ni de marina.

Les femmes vendent les fruits et légumes sur les trottoirs, les hommes sont à la pêche, à la criée ou occupés par leurs tâches quotidiennes ou tout simplement assis à fumer et à discuter. Les rastas et le reggae sont la norme.

Nous arriverons pour le fameux barbecue du dimanche soir, le rendez-vous des navigateurs sous l’égide de l’association P.A.Y.S. qui gère fort bien le mouillage.
Un grand moment de convivialité, de partage et de rencontres. Et l’anglais, en fin de soirée, n’est plus un problème!



Pour nous remettre de nos émotions, direction l’Indian River, pour une petite promenade dont le départ se fait au sud de la baie. Nous avons la chance qu’il n’y ait aucun bateau de croisière. Nous avons la rivière pour nous seuls. Départ 7h du matin (nous avons réglé nos montres car nous avions rendez-vous 2 jours avant et étions à l’heure française, donc une heure en retard…).
C’est Providence, qui nous a accueilli au mouillage, qui nous fait la visite dans sa barque, à la force de ses bras, car les moteurs sont interdits et la rivière, réserve naturelle, abordée uniquement pat les guides de PAYS.
Je vous laisse découvrir en image, la quiétude, le calme, les lumières…

Magnifique ! (film)


Le jour suivant, c’est Wendy, dont j’ai trouvé les coordonnées sur l’application Navily, qui nous guide sur les routes du nord et de ses merveilles.
Direction la cold Soufrière, ou la Soufrière Froide qui bouillonne d’un cratère volcanique au sein du Morne Aux Diables. Alors que la Dominique est connue pour ses sources chaudes et ses lacs bouillants qui jaillissent de l’eau minérale fumante du sous-sol, la Soufrière froide est une manifestation volcanique unique. L’eau ici n’est pas chaude, mais froide, bien que les mêmes caractéristiques que celles des autres sources chaudes soient évidentes.

Pour nous y rendre, nous empruntons un joli chemin parsemé de plantes que notre guide nomme et que nous oublions instantanément…

Car ici la population vit de la nature, très généreuse, même si celle-ci peut être dévastatrice avec le passage des cyclones! Peu d’animaux, hors les nombreuses chèvres. Jolies non ?


Les panoramas sur l’île sont juste splendides !



Après cette jolie promenade, direction les Red rocks. Situés au nord-est du village de Calibishie, nous découvrons dans un premier temps les splendides plages, dignes de véritables cartes postales.

Puis nous rejoignons la Pointe Baptiste qui donne à voir une merveille incontournable : les Red Rocks et ses roches rouges-ocres contrastant dans le bleu de l’océan.

Nous visitons une jolie et délicieuse chocolaterie et rencontrons de jolies et timides écolières, la troisième se cachant derrière les deux autres sur la première photo !

Mais il faut bien repartir ! Direction le village amérindien de Kalinago (pour en savoir plus, cliquez). La Dominique est la dernière île de l’archipel antillais à abriter une population autochtone, qui a été exterminée partout ailleurs à l’arrivée des Européens. Nous découvrons donc leur village reconstitué, avec notre guide local.


La journée se termine. Ce tour touristique est bien rodé, et l’avantage avec Wendy est qu’il nous parle en français.
Cette journée aura un coût certain mais à 4 cela reste un incontournable.


Le Cabrits national Parc et son fort Shirley sont à portée d’annexe et sous nos yeux. Nous profitons d’une éclaircie pour nous y rendre.

Mais pourquoi ce nom : car le nom de Cabrits est originaire d’une époque où des marins laissèrent des chèvres (cabrits) en liberté afin qu’ils disposent de viande pour se nourrir en revenant sur l’île.

Le Fort Shirley est une belle forteresse qui a été rendue célèbre par la révolte de soldats esclaves africains en 1802. Un événement qui contribuera à la libération de tous les soldats esclaves en 1807.

Le fort a été construit dans un cratère volcanique et faisait partie d’une ligne de défense le long des Petites Antilles lors des conflits entre la Grande-Bretagne et la France aux 18èmeet 19èmesiècles. Ces conflits ont laissé derrière eux des traces de l’époque. Une partie du fort est en ruines, lentement colonisées par la forêt environnante.

La majeure partie du fort est cependant intacte ou reconstruite. Et les canons bien présents, tous dirigés vers la baie.

Les bernard l’hermite et les crabes de sable sont nombreux sur les chemins humides sillonnant la pointe du fort. L’entrée est payante, mais cela contribue à la restauration de ces très beaux bâtiments.

Et voilà, c’est déjà fini avec Ségo et Thierry. Un dernier coucher de soleil et nous repartons vers Marie-Galante puis la Guadeloupe pour qu’ils puissent prendre leur avion dans les temps.


Nous revenons au mois de mai, étape sur la route vers Trinité et Tobago, sur ce beau mouillage bien moins rempli !
L’objectif de ce passage en Dominique, hors le plaisir d’y revenir : faire le plein d’essence car elle est beaucoup moins chère qu’ailleurs. Mais il faut bidonner…
Et le plein d’eau potable car celle-ci est présente partout. Des robinets sont à disposition et les bidons vite remplis.
Nous y retrouvons nos amis Jean-Pierre et Nadine sur Lovall, qui nous font découvrir de belles adresses, dont le Water Front Reggae, dont les peintures ont été restaurées par un couple belge. Bravo à eux !

Nous y serons immortalisés. Mille mercis chère Nadine!


Nous regrettons tout particulièrement de ne pas l’avoir connu lors de notre premier séjour avec Ségo et Thierry, ils l’auraient adoré !
Nous profitons de la douceur de vivre ici, un autre rythme, une autre vie.

Nous retrouvons également avec grand plaisir, avant son retour en France, Neil, que nous avions croisé skipper à Saint Barthélemy, et avant au Brésil et en Afrique.

Mais place au tourisme ! A 5 personnes, nous pouvons tirer les prix. PAYS nous propose une journée dans le sud avec Tom dans son minibus et 4 français également intéressés par cette excursion.

Après une bonne heure de route, nous voici arrivés aux fameuses Titou Gorge, sous une pluie torrentielle ! Nous n’y trainerons pas, d’autant que l’eau est haute et les courants forts. En voici quelques images. Imaginez le courant !


Direction ensuite les fameuses waterfall de Trafalgar. Hautes de 40 et 22 mètres, respectivement, « Papa Falls » et « Mama Falls » font partie des chutes plus majestueuses de l’île.

Mama Falls

Papa Falls


Nous déjeunons sur les hauteurs de Roseau.

Nous passons tout près du téléphérique en construction qui reliera cette ville au sommet du Boiling Lake, soit 6,6 km, le plus long téléphérique au monde (pour plus d’information, cliquez).


Enfin, une dernière curiosité, à Roseau même, dans le parc botanique, vestige de l’ouragan David ! Ce bus scolaire a été complètement aplati par un baobab déraciné par la force des vents (heureusement, il n’y avait personne à l’intérieur) mais ça donne une idée des ravages qu’a causé cet ouragan qui détruisit de nombreux arbres qui avait mis des centaines d’années à grandir.

Et miracle de la nature, ce baobab continue à grossir…


Et voilà, une journée bien remplie et fort sympathique !


Mais nous n’avons pas tout fait, loin de là!


Nous décidons de retourner dans le sud pour y découvrir ses merveilles, en prenant les bus collectifs pour le Roseau, plutôt que d’y aller en bateau, le mouillage nous paraissant plus sûr et confortable à Portsmouth.
Nous partons 2 jours. Je réserve donc une nuit dans une pension de famille au plus près du départ du chemin de notre principal objectif : le Boiling lac.
Nous partons de la gare routière de Portsmouth, de bonne heure le matin, pour 1h de route jusqu’à Roseau. Nous quittons notre bus à l’entrée de la ville et faisons du stop pour arriver au départ de notre première randonnée, juste en dessous de Laudat.

Nos pas nous mèneront à Middleham Falls, la plus haute chute d’eau de la Dominique, avec son magnifique trou de baignade. Le sentier traverse la forêt tropicale, avec plusieurs montées et descentes intermédiaires. 1 heure de marche et nous voici seuls au monde, sous cette magnifique cascade que nous recommandons tout particulièrement (video).

Un site de logements enterrés est en construction. Étonnant. A voir s’il sera un jour terminé. Ce sont les chinois qui y travaillent, les pancartes de chantier étant toutes écrites dans cette langue.


Nous rejoignons notre maison d’hôtes et découvrons le petit village de laudat, où il n’y a rien !


Si vous décider de dormir ici, n’oubliez pas de venir avec vos vivres car il n’y a qu’une petite boutique bien peu achalandée. L’eau n’est pas un problème, des robinets d’eau potable étant à disposition dans les rues. Il suffit d’avoir les bouteilles pour les remplir.

Je ne m’étendrai pas sur le logement, et ne peux que vous recommander de ne pas forcément vous fier à booking. Notre logement n’étant pas très cosy, nous découvrons un joli hôtel dont le prix sur booking était totalement surdimensionné. En voici la carte.

Et la vue de leurs terrasses. N’hésitez pas à les appeler. C’est le lieu idéal pour dormir au pied du départ de la rando.


Jour J. Départ à 7h00 du matin, après une énième averse. Il faudra gravir 1 000 mètres de dénivelé avec essentiellement des marches, au nombre de 42 000 sur 13 kilomètres ! Elle est donnée entre 6h et 8h.

En voici le résumé.

Le départ se fait de Titou Gorge, que nous avions déjà visité sous la pluie, développé plus haut. Le chemin, fait de rondins de bois cisaillés, monte doucement dans un premier temps dans une végétation dense et humide.

Puis il suit des crêtes et l’on commence à voir au loin les fumeroles.

De longues descentes suivent, assez techniques et raides avant l’arrivée sur la vallée de la désolation.

Extrêmement étonnant. Ça chauffe de partout, ça bouillonne, ça glougloute. C’est magique ! (video)

Puis ce sont des traversées de rivières d’eau chaude et sulfureuse. Attention de ne pas y tomber. Les couleurs sont sublimes.

On poursuit par des descentes et des montées. Nous ne regrettons pas d’avoir pris nos bâtons. Ils sont précieux pour nos genoux . Ça fume de partout.

Puis, au détour du chemin, nous voici arrivés. Extraordinaire !

Un lac qui fume, l’eau bouillonne en son centre. La vapeur monte, descend. On ne peut se lasser du spectacle. Quelle merveilleuse nature ! Regardez les video, video1). C’était dur mais on en prend vraiment plein les yeux !

Le boiling lake est le deuxième plus grand lac bouillant du monde, avec un diamètre de 63 mètres, d’une profondeur inconnue et une température de l’eau à 82°C ! Unique en son genre, le Boiling Lake est une fumerolle inondée, enveloppé de nuages de vapeur lui donnant des airs de chaudron rempli d’eau bouillonnante aux nuances bleues et grises et chauffée par le magma chaud sous les rochers environnants. Il constitue un paysage volcanique unique en son genre, formé au cours des 200 millions d’années passées.


Un peu plus de 3h pour arriver sur ce site et il faut déjà penser au retour, par le même chemin. Mais ce n’est pas grave. Cela nous permettra de découvrir le paysage dans l’autre sens. Et revoir ces ruisseaux avec ses dégradés de couleur.

La vallée de la désolation puis cette descente infernale qui se transforme en montée : dur dur…. et retour sur le plateau…

Puis le retour sous les arbres.

Arrivée à Titou gorge où ou nous nous jetons dans les eaux fraîches et sous les jets d’eau chaude que nous n’avions pas remarqués la première fois. Que ça fait du bien ! Le niveau a bien baissé par rapport à notre première visite et le courant pratiquement nul.


C’est une magnifique et inoubliable randonnée. Elle fera partie du top 5 de celles réalisées jusqu’à maintenant ! Nous aurons mis les 7h annoncés.


Il est près de 15h. Il nous faut maintenant penser à redescendre et à trouver un taxi collectif pour Portsmouth. Car nous sommes samedi et pas de taxis collectifs le dimanche pour cette ville du nord. Il ne nous est donc pas permis de rater les derniers bus qui circulent avant la tombée du jour.
Le premier souci est de descendre à Roseau qui est à 6km de là. Nous commençons à lever le pouce mais peu de voitures…
A un croisement, des voitures sont arrêtées. Nous voyons un jeune couple dans une voiture de location. Nous tentons. Et bingo ! Il s’agit de jeunes touristes rennais ! Ils nous emmènent avec grand plaisir. 10 minutes d’échange et nous les quittons déjà. Dommage…

Le point de rencontre pour trouver les taxis collectifs qui ne soient pas complets est la gare maritime. Nous ne le savions pas. Une dame nous remarque et nous propose de nous y emmener dans sa voiture, nous voyant désespérément attendre au bord de la route des places libres dans les taxis collectifs passant devant nous!

Et voilà! Retour sur Maverick à 18h00, avant la nuit. Ouf ! Une dernière petite soirée avec Nadine et Jean-Pierre que nous ne reverrons pas avant longtemps et c’est parti pour d’autres aventures vers Saint-Vincent et les merveilleuses Grenadines.


A l’heure où j’écris ce blog, l’ouragan Béryl, de force 4, vient de décimer et raser les îles sur lesquelles nous avons passé durant un mois de merveilleux moments de découvertes, de rencontres et de splendeurs. Tristesse et sidération, car ces iles ne sont pas sur la zone cyclonique, et de tels cyclones, rares, ne sont jamais apparus aussi tôt dans la saison. Nos pensées vont vers leur population dévastée.

Je vous ferai découvrir au plus vite, avec un plaisir immense, ces iles merveilleuses. Elles ne le seront plus pour un temps, mais j’ose croire qu’elles se relèveront grâce à la venue de nombreux visiteurs et navigateurs.

11 thoughts on “La Dominique, l’île secrète des Caraïbes

    1. Cc Édith, je tiens notre compte Facebook à jour sur ce terrible cyclone. Je ne peux pas tenir le blog actualisé au jour le jour… comment vas tu ? J’essaie de me connecter pour ton livre mais étant a l’étranger Google m’envoie un SMS que je ne peux pas lire ?. Dés qu’on rentre on commande ! Big bizzz

  1. Coucou ,je suis votre parcours,si vous allez vers TRINIDAD Un bon mouillage à l,île de Chacachacare et une très belle vue du phare s’il est encore possible de le visiter . Vous souhaite bon voyage . .Une amie de Madeleine et François

      1. Avons passé 1 mois à faire les grenadines ,très bons souvenirs à faire toutes les îles sur 1 5 m il y a 30 ans mes amitiés à vous

      2. Tout sera tellement différent. Il faut les garder dans nos cœurs et ne pas hésiter à y retourner pour ceux pour qui c’est possible. Amitiés

  2. Cc, Je n’ai plus Facebook depuis que j’ai été pirate : je vous raconterai. Le principal est que vous alliez bien. Mon livre est vendu en ebook sur Amazon et en papier sur fnac.com ?. Plein de bisous ?

  3. Reportage merveilleux qui confirme combien cette ile est si attachante, elle avait été mon coup de cœur lors de mon périple dans la caraïbe, merci donc de ce si doux rappel !

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