Les Grenadines et Carriacou, avant le cyclone Béryl


Cet article retrace notre périple antérieur de quelques jours au passage de ce terrible cyclone que fut Béryl, si puissant, si inattendu, si dévastateur. Il n’y aura jamais de mots assez forts pour décrire la terrible réalité de l’après Béryl dans ces iles paradisiaques. C’est pourquoi, par ces quelques lignes et photos, je veux retracer l’exceptionnelle beauté de ces lieux enchanteurs. Ils le redeviendront un jour, les fonds marins n’ayant pas disparus. Par contre, il faudra très certainement beaucoup plus de temps, de courage, de résiliences, d’aides à ces populations frappées de plein fouet et qui n’ont, à l’heure où j’écris, absolument plus rien, plus de toits, plus de maison, plus de vêtements, plus de nourriture, plus de médicaments, plus rien…

Qu’il est difficile de décrire et surtout de vous faire vivre ces derniers jours de voyage dans ces iles, qui sont devenus maintenant uniques, ces lieux et images irrémédiablement disparus.


Saint-Vincent des Grenadines

Nous quittons la Dominique fin mai, pour rejoindre le mouillage de Chateaubelair, à St Vincent des grenadines pour faire notre entrée douane et immigration pour les îles des grenadines. En effet, les formalités ici, sont fluides et les douaniers sympathiques.

Ici, c’est très pauvre, mais toujours accueillant.

Il faut préciser que depuis notre passage de l’année dernière, une banque a été construite. Il y a donc un distributeur automatique. Très pratique, puisque sur toutes ces iles, hors les françaises, il n’y a qu’une seule monnaie : le dollar des Caraïbes orientales ou dollar est-caribéen. C’est la monnaie commune de huit des onze pays ou territoires membres de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO).

Nous n’aurons malheureusement pas le temps de découvrir les cascades à 30 minutes à pieds d’ici ni d’escalader le plus haut sommet de l’ile, la Soufrière.. . Il faut dire que les nuages s’accrochent ici et que les grains se suivent et se ressemblent…

Nous rencontrerons néanmoins Boyboydyer qui s’est proposé spontanément de nous servir de guide et nous a proposé les fruits de son jardin. Celui-ci parle français. Nous lui laisserons chaussures de rando (merci Elise), tongs et quelques bouts, toujours utiles, et lui avons promis de communiquer ses coordonnées aux navigateurs de passage, car il peut guider toutes personnes intéressées vers les cascades si proches et aider à réaliser un minimum de ravitaillement (son whatsApp : +17845932561).

Un petit verre au seul bar restaurant de Chateaubelair, où il est toujours intéressant de regarder l’activité et les va-et-vient des pêcheurs et des habitants sur les grosses pirogues.

Mais quelle est cette plante qui pousse près des tables ??


Nous partons le jour suivant pour Béquia, la première île de l’archipel. Pour vous situez, voici la carte présentant les Grenadines, de Saint-Vincent à Grenade.

Comme à Chateaubelair, les bureaux des douanes et de l’immigration sont présents à Béquia, ceux-ci étant, avec Kingstown, la capitale de Saint-Vincent, le troisième et dernier point d’entrée (ou de sortie) pour les Grenadines. Le point de sortie, et il ne faut surtout pas l’oublier, est à Union. Carriacou, l’ile suivante, dépend de Grenade. Ce n’est plus le même « pays ».

Saint-Vincent et les Grenadines est un territoire insulaire. Il est constitué de l’île de Saint-Vincent et des îles Grenadines du nord, qui s’étendent vers le sud en direction de la Grenade. Les plus grandes îles des Grenadines, associées à Saint-Vincent sont Bequia, Canouan, Mayreau, Mustique, Palm Island et Union Island.


Béquia, la plus grande des iles des Grenadines


Béquia est un petit bijou, avec sa rue principale très agréable bordée de petits commerces, trois mini surfaces, une banque avec un distributeur.

Bequia c’est aussi un très beau et grand mouillage, face aux plages de sable blanc et aux hôtels et guinguettes de plage qui fonctionnent à fond en saison des langoustes. Elles ne seront pas pour nous, la pêche étant interdite du 1er mai au 31 août. Et nous sommes le 1er juin…

Vous avez besoin d’eau, ou de nettoyer du linge : faites appel à la navette !

Le sentier le long des cottages luxueux et bars originaux, celui-ci en os de baleine, en bord de mer, est splendide.


Et le plus beau : la promenade Princess Margareth, avec ses passerelles en bois. Un incontournable !

Et ses oiseaux, si peu farouches !

Malheureusement, voici ce qu’il en reste après le passage du cyclone Béryl…



Nous essaierons également de découvrir la côte Est en randonnant à pied. Mais pas de chemin et les sargasses sont au rendez-vous. Nous découvrons néanmoins un resto-bar dans les arbres avec vue sur mer. Gros investissements pour une clientèle difficile à attirer ici. Mais qu’en reste-t’il à ce jour ?


Il nous reste donc à profiter de notre mouillage et des plages, entre ondées et soleil, entre baignades et rencontre avec les tortues et raies. Moi j’ai rencontré en nageant vers la plage, la famille de raies léopard : le père, la mère et le petit : magique !

Ce mouillage est tout simplement magnifique et peu envahi par rapport à la saison touristique où ce doit être totalement bondé !

Découverte du bar flottant local. Les cocktails y sont excellents !

Et les couchers de soleil inoubliables…


Mais il faut avancer.

Nous ne nous arrêterons pas sur l’ile Mustique, l’ile des milliardaires. Saint Barthélemy nous a suffit et nous souhaitons découvrir Canouan, où peu de navigateurs s’arrêtent.


Canouan

Que dire de Canouan ?
L’ile est bien moins développée que Bequia et n’a malheureusement que peu d’intérêt. Aucune structure pour les touristes hors pour les très riches. Car l’ile est coupée en deux : la population très pauvre, vivant de rien, quelques échoppes très peu achalandées hors bières et rhum, et tout à côté le luxe inouï d’un hôtel 5 étoiles, à 20 dollars le cocktail, le plus cher que nous ayons trouvé à ce jour. Et dès que l’on part à la découverte de l’ile, les routes sont fermées, interdisant l’accès aux parties sauvages de l’ile. Pourquoi ? Des resorts haut de gamme s’y sont implantés, avec piscine, golf et villas de luxe et très certainement piste d’hélicoptères. D’autant que chacune de ces iles à son aéroport, inabordables pour nous, simples voyageurs. Tout ceci bien caché et enfermé derrière des grilles et des portiques gardés.

Nous nous arrêterons sur cette plage, certes jolie mais sauvage et impossible d’en poursuivre le chemin.

En outre, comme nous le verrons plus bas, un micro climat sévit : tout est très sec. Il y a un manque flagrant d’eau. Alors qu’à 40 kilomètres au nord, Bequia et Saint Vincent sont des iles luxuriantes et très arrosées.


Nous assistons, le mercredi, au réapprovisionnement des boutiques. Celles-ci sont minuscules, et le but est de remplir, partout et le plus haut possible.

Vous l’aurez compris, nous resterons a minima à Canouan et nous dirigerons très vite pour découvrir les Tobago Cayes.


Les Tobago Cays

La navigation est courte mais plus nous approchons, plus les tons de bleu sont extraordinaires! En image :

Les Tobago Cays sont formées de 7 îlots inhabités, entourés d’une immense barrière de corail. D’où ce dégradé de couleurs et la vie sous marine intense.

Nous sommes heureux d’arriver ici hors saison. En début d’année ce doit être totalement surchargé !

Nous nous installons sur bouée entre Petit Rameau et Petit Bateau, dans un sound nous rappelant fortement celui de Chausey hors température de l’eau (video), avec un très fort courant et le vent qui s’engouffre allègrement dans ce couloir. La beauté du lieu est à couper le souffle.

Les tortues vertes sortent la tête de l’eau,

Les raies passent sous Maverick (video) et dès que nous allons snorkeler c’est un paradis sous l’eau, un véritable aquarium entre perroquets, requins, tortues, poissons multicolores (video).

La chasse est ouverte autour de Maverick ! (video)

Nous débarquons nos kayaks et faisons le tour de cette ile (video). Car il est possible d’y débarquer et de monter à son sommet. Quelle vue !


Nous y resterons 3 jours et y reviendrons après Union, préférant passer quelques jours supplémentaires ici avant notre départ vers Trinité et Tobago.

Les fonds et les couleurs sont tellement beaux que les autres mouillages paraissent bien fades ! Car cet archipel est le plus beau que nous ayons vu jusqu’à ce jour, depuis notre départ.

vidéo de notre second mouillage.

Y compris, lorsque les averses s’invitent. Les lumières sont extraordinaires !


Le mouillage n’étant pas permis à Petit Tabac, l’ile au trésor du capitaine Jack Sparrow, nous nous y rendons en annexe avec un couple d’amis et leurs enfants. Nous en faisons vite le tour, mais que c’est beau ! Nous n’avons pas trouvé le trésor !

Il est inenvisageable de ne pas vous faire partager les photos et vidéos concoctées par le capitaine avec sa gopro.

Vous en voulez encore ?

Langoustes, vous avez dit langoustes ? Non, non, nous ne les mangerons pas ! Incroyable vidéo !

Impossible de s’en lasser !

Enfin, les rois de l’océan, les requins nourrice. Ici ils ne sont pas dangereux, mais peuvent tout de même être impressionnants lorsqu’ils se déplacent tout près de nous (video, video1).

Et pour terminer ce tableau idyllique, quelques magnifiques vidéos, à voir et à revoir ! Regardez cette tortue déguster et grignoter les fonds. Mettez le son ! (video, video1, video2, video3)

Mais il faut bien quitter ce paradis, en repassant tout près des petites iles désertes de l’archipel.

Direction Mayreau, jolie petite île qui ne vit que du tourisme nautique, puisque porte d’entrée des Tobago Cays.


Mayreau

Nous sommes en saison creuse. Tout est donc pratiquement fermé. Là aussi l’opulence n’est pas flagrante et la sécheresse criante. Aucun ravitaillement possible non plus. On ne restera pas bien longtemps ici… En saison tout doit être bien différent. A ce jour, ces iles paraissent tristes et abandonnées. Elles restent néanmoins, avec leurs eaux cristallines et leur population si accueillantes, « les » iles incontournables des Caraïbes.

Petite histoire de Mayreau, racontée par le Père Divonne

Une bien petite île (de moins de 3 km2) pour une longue histoire. Elle fut comptée il y plus de 30 ans par le Père Divonne, moine dominicain, qui en son temps fut le bon pasteur de la population de Mayreau en majorité catholique. Ce qui est un anachronisme dans cette région où le culte réformé est omniprésent.
Cette foi spécifique vient des anciens esclaves de colons français.
Ces derniers, propriétaires de l’île dès la fin du XVIIIe siècle, tentèrent d’en rentabiliser les maigres ressources par esclaves interposés et maltraités. S’en suivirent révoltes et répressions successives.
Mais bien après l’abolition, anciens maîtres et esclaves continuèrent à cohabiter sur leur minuscule caillou, les seconds dépendant toujours des premiers.
Un demi-siècle plus tard, un instituteur venu de St-Vincent vengea, à sa façon, ses frères de couleur. Engagé pour instruire la population, il s’employa surtout à séduire la fille du maître des lieux. Il l’épousa puis la séquestra, assurant, du même coup, sa descendance et sa main mise sur l’île.
La population, pour autant, restait toujours aussi pauvre mais le grand réservoir à poissons des Tobago Cays en fit, au fil des ans, d’habiles pêcheurs.
Toutefois dans cette immensité salée restait un problème : l’eau douce.
Arriva le Père Divonne qui, outre la bonne parole, insuffla à tous assez de courage, en montrant l’exemple, pour construire à main nue et à flanc de colline un grand récupérateur d’eau collectif.
Le valeureux moine est depuis longtemps reparti finir ses jours en Martinique, la santé minée par son labeur et sa vie d’ermite.
Reste en haut de la colline, une minuscule église, ultime témoignage du sacerdoce d’un prêtre et de la foi de cette petite communauté.

Premier coucher de soleil, époustouflant, en compagnie du sympathique Paul, le seul « bar » ouvert du mouillage

Découverte de l’ile le jour suivant. Nous en ferons néanmoins le tour à pied, en passant par cette charmante église, dont la cour, au dos, donne sur les splendides Tobago Cays. Quelle merveille !

Mais Béryl est passé par là !

Il ne reste que ces quelques ruines de cette église des années 30, l’une des plus anciennes constructions de l’ile. Je n’ose imaginer ce qu’il reste des habitations autour, de la petite boutique/laverie où nous avons acheté le fameux sel de Mayreau et de toutes les petites infrastructures fièrement édifiées par les habitants. Effroyable !

Mais l’anniversaire du capitaine arrive et j’ai repéré à l’ouest de Union, à Chattam Bay un hôtel restaurant bien coté, qui accueille sur ses bouées les navigateurs. Car cette baie est très prisée pour ses couchers de soleil. Alors, nous partons pour une grosse navigation de 5 mn (10 km).

Union, l’ile la plus au sud des Grenadines

Nous nous arrêtons au mouillage de Clifton, le mouillage principal de l’ile, pour une nuit. Nous nous y étions arrêtés l’année dernière pour retrouver nos amis Nathalie et Thierry, sur Ornella. Nous y avions dîner. Le mouillage est très beau mais, en cette saison creuse, il y a très peu de voiliers (video).

Les boat boy passent le matin pour proposer du pain, des cake à la banane, pour le ramassage des poubelles, pour vendre du poisson. Ils sont bien courageux et entreprenants pour nous faciliter la vie. Une nouveauté depuis mars 2023 : un ponton pour faire le plein d’eau et peut être du gasoil. L’approche est splendide !

Nous souhaitions trouver ici quelques fruits et légumes. Nous ne trouverons rien d’autre. Les petites supérettes sont un peu plus achalandées qu’à Canouan ou Mayreau, mais tout est très cher. Pas de viande, pas de produits laitiers et très peu de légumes. Nous ferons avec. Heureusement nous avions fait nos provisions à St Martin et à la boucherie charcuterie de Marie Galante.

Et le vieux gréement. Nos amis malouins des old gaffers l’apprécieront !

Mais Béryl a tout dévasté ici ! Il n’y a presque plus rien debout.

Nous avions pris notre petit café ici, là où il ne reste plus que la chape entourée de rouge. C’est terrible. Comment se relèveront-ils ?


Le mouillage suivant est à Ashton. Il est situé dans la mangrove. Le village est vivant, authentique. Nous dînerons au bar central, tenu par Jasmina, ranger au parc des Tobago Cays de son premier emploi. Elle parle français, ayant vécu au Canada dans sa jeunesse. Son deuxième boulot, pour faire face aux frais inhérents à ses 4 grands enfants : ce bar restaurant où elle fait une cuisine simple, bonne, Carribéenne, avec ce qu’elle trouve, à un coût bien plus raisonnable que ceux proposés ailleurs. Elle part faire ses courses à Carriacou nous dit elle car ici trop cher et trop peu.


Trois jolies soirées dans ce village authentique, en bonne compagnie. La pauvreté est moins flagrante que sur Canouan et Mayreau, de belles maisons pas tout à fait terminées, des routes goudronnées et la population très agréable et avenante. Et Clifton à 3 kilomètres pour les formalités en douane.

Il existait un pont suspendu pour raccourcir le trajet et passer sur la mangrove. Faute d’entretien, elle tombe en ruine et n’est plus praticable. Dommage, ce devait être une belle promenade.
Vous l’aurez compris, après Bequia, ce sera notre mouillage préféré sur ces iles, hors Tobago Cays bien évidemment.

Malheureusement, comme à Clifton, tout a été ravagé ici (video). Il ne reste rien. Notre Jasmine si courageuse, a absolument tout perdu : sa maison, son bar, ses vêtements, son job qui n’est plus à ce jour. Et évidemment un manque terrible de nourritures et de médicaments. Si un lecteur de ce blog passe à Ashton dans les semaines ou mois à venir, merci de me faire signe.



Nous quittons Ashton pour le 3e mouillage de cette île, Chattam Bay, connu pour ses magnifiques couchers de soleil (video). Nous visons l’hôtel restaurant 5 étoiles avec sa piscine pour l’anniversaire du capitaine. Le mouillage sur leurs bouées est gratuit si nous consommons. Qu’à cela ne tienne. Nous y dinerons, d’une pizza, car les prix sont élevés, et le jour suivant nous profiterons de leur petite piscine.

Pas de nuit dans leur chambre/bungalow à 500 €. C’est un peu trop cher pour nous…
Petite promenade de découverte de la baie au nord. Une heure de marche sous une chaleur torride, en passant dans des chemins et au travers d’arbustes très secs,

mais la plage est pour nous. Seuls au monde ! (video)

Déjeuner sans prétention, d’un « roti de conches au curry », délicieux, au bar restaurant de plage à l’extrême nord de la baie. N’hésitez pas à y aller ! Mais existe t’il encore ? J’en doute…

Avant de partir, nous trouvons sur la bouée voisine un catamaran nommé Benji.

Il s’agit de notre « jumeau » ! c’est un Belize, comme le nôtre. Évidemment nous sommes curieux, eux comme nous, de nous rencontrer et de parler de nos bateaux respectifs. Et quelle n’est pas leur surprise, et la nôtre, lorsqu’ils montent sur Maverick ! Leur seule et unique visite d’un belize, en 2015, fut sur Equilibre, visite qui les a convaincu d’acheter le même. Mais Equilibre, n’est-ce pas l’ancien nom de Maverick ? Et bien si ! c’était bien celui-ci ! Ils l’ont reconnu dès qu’ils ont mis le pied dessus. Nous retrouverons Dominique et Philippe à plusieurs reprises, jusqu’à Trinidad où nous prendrons le même vol pour Paris. Dommage, nous n’avons pas le même programme… Nous risquons de ne pas les retrouver de si tôt.

Mais voilà, il faut partir et nous devons continuer à descendre. Nous avons fait nos papiers de sortie à Clifton. Alors direction Carriacou. Nous retournons tout doucement sur les traces de notre arrivée dans les Caraïbes en mars 2023.


Carriacou

Nous nous arrêterons 4 jours à Carriacou mais côté Sandy Island, à Esterre Bay sur une bouée gratuite. Le mouillage est stratégique : nous pouvons aller en annexe à Sandy Island.

Et descendre à terre, soit à la nage soit en annexe, pour prendre les bus collectifs pour rejoindre Tyrrel Bay où se situe la douane, ou faire du ravitaillement. Car ici c’est bien moins cher que sur les îles que nous venons de quitter. Et ce sera encore moins cher à Grenade. Ce mouillage est une excellente alternative à Tyrrel Bay, surpeuplée, payante et où l’eau est bien moins claire.

Carriacou, c’est une expérience caribéenne à l’ancienne. Une île sans aéroport international -ce pourquoi nous n’avons pas hiverné Maverick ici-, sans grand hôtel, sans usine et sans feux de circulation. Pas de tourisme de masse, ni grands centres d’achats. Rien de gros. À l’image de cette île volcanique de 34 kilomètres carrés, peuplée de 8000 âmes, dont le plus haut sommet culmine à 291 mètres. Une rue principale courant le long de la mer, de Tyrrel Bay à la capitale Hillsborough.

Esterre Bay c’est la plage Paradise élue la plus belle plage des Caraïbes.

La nature se donne en spectacle sur mer aussi !

Et l’incontournable Paradise Beach club. Leur annexe vient chercher les clients sur les bateaux, les ramène, y compris ceux mouillés à Sandy island. Le personnel est au top, et la cuisine excellente, la meilleure depuis bien longtemps, à un coût très raisonnable. Nous y passerons 2 soirées sur 3. C’est aussi un passage incontournable pour tous les petits et grands matelots, artistes peintres en herbe, se défoulant dans l’atelier peinture, qui immortalisent les bateaux s’arrêtant sur les côtes de Carriacou.

Là encore, le cyclone Béryl a tout anéanti. Carriacou, en une demi-heure, a été elle aussi rasée. Une immense pensée pour Niel et les navigateurs ayant laissé leur voilier en sécurité sur le chantier à Tyrrel Bay ou dans la mangrove. Car oui, ici, c’était « a priori » en sécurité. On voit sur les photos ce que çà donne.

Nous avions découvert avec grand plaisir, en nous faisant une joie d’en informer les marins passant par là, une jolie brasserie, brassant une excellente bière. Les fûts étaient prêts et bien remplis au rez-de-chaussée, et l’installation du bar en cours à l’étage. Voilà ce qu’il en reste …

Et la rue principale, là où nombre de marins venaient s’approvisionner ou se poser dans les petits bars sympathiques et accueillants…

Inimaginable la force des éléments, avec cette vache accrochée au sommet du poteau électrique. Ce n’est malheureusement pas un montage. Les poulets, poussins et autres animaux, quant à eux, ont été littéralement emportés par le vent dans les flots déchainés.

Il en faudra aussi des petits artistes pour venir regarnir les pans de murs du Paradise Beach Plage, car eux aussi ont été dévastés…


Mais revenons aux moments d’avant cyclone, aux merveilleuses images et dégradés de couleurs des couchers de soleil sur Paradise Beach. Appréciez…


Mais le temps nous est compté. Nous continuons notre descente vers Grenade, avec un arrêt sur l’île de Ronde island où nous avions mouillé l’année dernière. Toujours aussi beau ! (vidéo)


Le vent ne nous mène pas directement sur le mouillage. Nous tirons un bord presque jusqu’à Grenade pour revenir vers l’ile. Nous ne le regretterons pas. Petite soirée et nuit tranquille avant Grenade et la rencontre avec le consul honoraire pour finaliser nos procurations cerfa, puisque le site « maprocuration » que nous avions utilisé pour les élections européennes n’est pas valide pour ces élections législatives pour les français résidant à l’étranger. Un scandale car c’est bien plus compliqué…

Passage entre les Jumeaux le jour suivant dans la brume !


Grenade


Nous passons une première nuit à grand mail pour visiter à nouveau les statues sous marines que nous avions découvertes l’année dernière.

Mais le mauvais temps et le vent nous font partir le jour suivant pour rejoindre le mouillage devant St Georges, la capitale. Ça n’empêchera pas le capitaine d’y retourner en annexe pour faire remplir nos bouteilles de gaz à très bas coût !

Nous sommes installés à l’ancre, sur un ban de sable. A priori il interdit d’y mouiller mais aucune bouée n’étant disponible, il n’y a pas le choix.

Au premier regard, Saint George, avec ses maisons colorées sur la colline nous rappelle l’Italie. Mais en s’y promenant, l’Europe et ses critères sont bien loin de là… Pas de bar ou de restaurant, même pas pour prendre un café. C’est assez pauvre, avec peu de boutiques attractives. A priori c’est le marché qui est le plus intéressant. Il a lieu les vendredi et samedi. Nous sommes mardi. Nous aurons 3 longs jours à attendre d’autant que le temps n’est pas particulièrement clément.

Oh les beaux camions de pompier !

Après avoir rempli nos formalités administratives auprès du consul honoraire pour finaliser nos procurations, nous prenons le bus collectif pour aller chez Budget, le shipchandler le mieux achalandé au sud de l’ile. Ça nous permet de voir l’arrière pays… Des ressorts riches et fermés puisque hors saison, un casino et des boutiques un peu plus luxueuses que dans la capitale. Mais on est loin des références françaises. Pour preuve, après en avoir discuté avec le consul honoraire, ses filles ne rêvent que de se rendre en Martinique ou Guadeloupe pour se promener dans les galeries commerciales françaises, qui n’existent nulle part par ici. Elles n’imaginent même pas les plus petites en France !

Les averses alternent avec des coins de ciel bleu.

La marina est loin d’être complète. Ça doit être assez cher et pas forcément bien protégé.

Mais l’activité du port est importante. Les gros navires et tankers défilent. Celui ci est particulièrement gros !


Nous surveillons la météo pour descendre à Trinidad mais souhaitons profiter jusqu’au bout des belles eaux des Grenadines et du marché pour faire les dernières provisions de fruits et légumes avant Trinidad.

Mais… Mais en surveillant les modèles et en suivant les différents groupes sur Facebook, nous voyons arriver une grosse tempête tropicale prévue sur la zone où nous sommes, pour la fin du week-end. Cette zone n’est pas sujette -a priori- aux cyclones, mais nous n’avons pas envie de nous retrouver dans du gros temps.

Le capitaine ne tergiverse pas. Nous quitterons Grenade dès le lendemain, sans attendre le marché du vendredi, les vents étant propices à une belle route.

Nous partons donc à 12h00 le jeudi après avoir fait quelques courses en annexe au petit supermarché de St Georges et avoir réalisé notre sortie auprès de la douane et de l’immigration, situés à la Marina.
La navigation est bien agréable même si le capitaine doit aller dans les coffres !

Nous passons au sud de Grenade et profitons de l’atterrissage d’un avion sur l’aéroport installé tout au bord de mer. Impressionnant (vidéo) !

Nous filons entre 5 et 7 nœuds mais il ne faut pas aller trop vite, pour arriver à la bonne heure de la marée, entre 4h00 et 8h00 du matin devant la passe d’entrée à Trinidad, nommée le « Bocas del Dragon ». Le capitaine est ravi de jouer avec les vents et les courants. Ça lui rappelle nos navigations en Bretagne nord !

Invité à bord !


Nous arrivons, comme prévu, au petit matin. Terres en vue ! Avec de magnifiques lumières !

Nous voilà devant le « Bocas del Dragon », littéralement la « gueule du dragon ». Nous sommes à l’heure parfaite pour remonter la passe. L’entrée est splendide !

Arrivée à 7h00 du matin à Chagaramas après 19h00 de navigation tranquille. Le mouillage est déjà bien rempli. Nous nous installerons sur la dernière bouée disponible.

Et bien nous en a pris de partir prématurément, car l’improbable se réalise : la tempête se transforme en cyclone cat 1, puis 2, puis 3, puis 4 en arrivant sur toutes les dernières belles îles que nous avions visitées, dont vous en voyez ci-dessus les merveilleuses images.

C’est le brande-bas de combat chez les navigateurs. Un grand nombre prend la route vers Trinidad pour se mettre à l’abri dès le samedi pour arriver le dimanche. Cette nuée des AIS des voiliers (mauves) est incroyable :


Il faut savoir que Carriacou et Grenade sont deux destinations privilégiées pour hiverner son bateau lors de la saison cyclonique, puisque hors de la zone de ces phénomènes météorologiques, à quelques rares exceptions, et jamais en ce début de saison. Il faut croire que les temps changent.
Nous tremblons pour ceux restés sur place, pour les bateaux des copains hivernés là-bas.
Et pour tout vous dire, je suis tellement surprise de la rapidité d’un tel événement climatique. La tempête tropicale s’est transformée en 5 jours en un cyclone meurtrier et dévastateur. Comment y échapper lorsqu’on y vit, comment s’y préparer quand on est loin et que l’on a laisser sa vie, dans un lieu a priori « safe ».
Et dire que nous avons hésité à laisser notre Maverick à Carriacou pour notre retour en France… Ce qui nous a retenu : il était plus facile de trouver un avion pour la France de Trinidad que de Carriacou.


Le cyclone est passé, les dégâts irréversibles et terribles pour Saint-Vincent les Grenadines. Le jour du cyclone, à Trinidad a été quelque peu bousculé. Tous les voiliers arrivés ont cherché à s’ancrer au mieux pour résister à la forte houle du mouillage. Ce fut inconfortable (vidéo, video1) mais sans danger, sauf décrochage que nous n’avons pas constaté.

Un très beau coucher de soleil nous permet de nous remettre de nos émotions.

Ce mouillage n’est pas le plus beau pratiqué, les pétroliers, les déchets dans l’eau ne nous encourageant pas à y poser nos doigts de pied.

Nous attendons les quelques jours pour mettre au sec Maverick (vidéo, vidéo1). Tout se passe très bien. Nous pourrons rentrer en France après 3 jours de travail.

Et deux belles surprises !

Nous retrouvons Daniela et Gustavo, sur Maloya, que nous avions quitté il y a deux ans à Porto Santo. Ils ont fait, eux aussi, un beau bout de chemin !


Un grand moment de convivialité et de partage. Après s’être suivis, parlé via les réseaux sociaux, partagé nos expériences respectives, nous rencontrons enfin Pierro Tabasco sur Tabasco, le grand Pierro, « LE » youtubeur des voyageurs navigateurs.

Je terminerai sur cette belle image, en regrettant de ne pas avoir pu passer plus de temps ensemble !


Nous nous retrouverons en septembre après la remise à l’eau de Maverick et notre nouveau programme de navigation pour l’année à venir. Bonnes vacances !

4 thoughts on “Les Grenadines et Carriacou, avant le cyclone Béryl

  1. c’est rigolo je viens de vous croiser à SM , je ne vous connais pas mais je suis vos aventures , vous étiez à vélo et moi avec mon brompton blanc quai de Dinan , le temps que mon cerveau lent réagisse vous étiez partis ! bien à vous !

    1. Ah trop rigolo, ça aurait été chouette de vous croiser et de discuter avec vous! Nous sommes encore là jusqu’à dimanche. Peut être nous recroiserons nous… amitiés

  2. Salut Isa et JB ! Superbe ces images et récits de ces magnifiques îles ! Si vous faites un passage par la Correze venez m’en dire plus autour d’un petit verre.

    Clement

    1. Hello Clément, erci merci ! ça aurait été avec un grand plaisir mais. . Nous sommes déjà répartis. Promis, l’année prochaine nous prévoyons de descendre quelques jours. Nous passerons par chez toi, sauf si tu viens vers nous ?.

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