… et deux aéroports mythiques posés sur la mer des Caraïbes, véritables paradis des Spotters
Textes et photos par Sébastien Frémont
Vidéos de Isabelle Lagarde
Mars 2025



Les Caraïbes… une destination enchanteresse au nom évocateur qui résonne comme une incitation au voyage. Des îles paradisiaques, des plages idylliques, une végétation luxuriante, des fonds marins riches d’une faune et d’une flore subtropicales dignes des plus beaux aquariums…
L’île de Saint-Martin qui fait partie des Petites Antilles en mer des Caraïbes, coche toutes les cases du petit paradis sur Terre. Nous y avons séjourné une douzaine de jours, dans des conditions privilégiées et idéales, grâce à nos GO Isabelle et Jean-Benoît, qui nous attendaient sur place et nous avaient concocté un programme énergique, comme nous les aimons…
Mais les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy sont également synonymes de destination mythique pour les passionnés d’aéronautique, grâce à deux aéroports parmi les plus courus de la planète par les Spotters, ces chasseurs d’images d’avions en tous genres, toujours en mal de photographies insolites.
L’arrivée à Grand-Case, aéroport L’Espérance
Cet aéroport est si petit qu’on en sort sans même s’en rendre compte ! C’est la mésaventure cocasse qui m’est arrivé, allant jusqu’à en oublier de récupérer nos bagages… Après avoir été la risée de nos hôtes, surpris de me voir sortir sans femme ni valise, me voici obligé d’expliquer à l’agent de sûreté qu’il me faut re-rentrer en zone sécurisée, pour y récupérer l’une et l’autre… Anne-Claire n’en croit pas ses yeux « Non, il n’a pas fait ça… il n’est tout de même pas sorti sans moi en me laissant me débrouiller seule avec nos deux valises… ?? » Eh bien si ! En fait, étant davantage habitué aux aéroports démesurés américains qu’à ce genre de petits aéroports aux allures d’aérodrome, je n’avais pas prêté attention au petit convoyeur de livraison à bagages qui se trouvait juste là, tout à côté du poste de police. Les lieux sont si exigus que je ne m’attendais pas à une telle proximité, pensant que nous aurions à marcher plusieurs minutes avant de pouvoir récupérer nos bagages dans une aire de livraison plus conforme à celles que je fréquente habituellement…



Après une telle arrivée comique, nouvelle surprise : voici que pour la première fois de ma vie, après bientôt 4 décennies à voyager et à prendre régulièrement l’avion, j’ai pu me rendre à pied de l’aéroport à notre lieu de villégiature ! Incroyable ! Une fois les valises récupérées, il ne nous a fallu que 10 minutes de marche pour atteindre la villa dans laquelle nous allions résider pour toute la durée de notre séjour !
Et là, quelle surprise… A peine nos valises rangées dans la chambre, j’assiste depuis notre terrasse, au balai des ATR-72 qui atterrissent en contrebas… Nous sommes aux premières loges. La piste sur laquelle nous venons de nous poser se trouve sous nos fenêtres ou presque, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de notre chambre. Je ne pouvais pas rêver meilleur emplacement !


Ici, pas de nuisance nocturne, car la piste ferme vers 20h, pour ne rouvrir que le lendemain matin. Et pas non plus de gros porteurs bruyants. Les plus gros avions qui desservent Grand-Case sont les ATR-72 des deux compagnies Air Caraïbes et Air Antilles. Moment magique auquel j’assiste depuis la piscine à débordement de notre terrasse, les ATR-72 qui sont des appareils à hélices, reculent sans assistance !
Une fois arrivé en bout de piste avant de s’élancer pour le décollage, l’avion recule d’une dizaine de mètres grâce au pas variable de ses hélices, afin de ne pas perdre le moindre mètre de bitume. Une fois immobilisé, le pilote met alors les gaz et lâche les freins… Je suis la manœuvre depuis notre piscine, tel un gosse émerveillé…

(NDLA : les avions turbopropulseurs tels que l’ATR 72-600 sont équipés d’hélices à pas variable qui leur permettent d’effectuer des manœuvres en marche-arrière, en inversant simplement leur pas, c’est-à-dire en faisant varier leur angle d’inclinaison. Cette technique est appelée « beta mode », où les hélices sont tournées dans une position qui génère une force de poussée vers l’arrière, ce qui permet à l’avion de reculer sans avoir besoin d’un véhicule push-back – la plage de variation du pas des hélices passe ainsi de 78,5° à -19°)

Maho Beach, au bout de la piste de l’aéroport international Princess Juliana, le côté hollandais de l’île
Nous y ferons deux passages pendant notre séjour, dont le second, comment vous dire… en fait, la plage ressemblait davantage à un quai d’une gare de métro parisien aux heures de pointe et un jour de grève qu’à un lieu de baignade… bondée ! Une horreur… Heureusement, je réussis à monter sur un petit muret qui me permet de surplomber la foule de quelques dizaines de centimètres, des centimètres salvateurs qui me permettront tout de même de faire quelques images exploitables…
L’explication est très simple : tous les jours ou presque, deux à trois paquebots de croisière font escale à Philipsburg, le côté hollandais de l’île (et clairement le plus moche, sans aucun chauvinisme de ma part) ; ils déversent leurs milliers de touristes qui prennent d’assaut le front de mer ainsi que… Maho beach ! Il se trouve que pour notre deuxième passage sur ce haut lieu des Spotters, nous nous sommes retrouvés au milieu d’une horde de croisiéristes, reconnaissables à leurs petits bracelets ridicules aux couleurs fluorescentes, histoire de bien les reconnaître… Ce tourisme de masse n’est décidément pas fait pour nous !



En revanche, le spectacle des jumbo-jets qui vous passent au-dessus de la tête et leurs trains d’atterrissage qui vous rasent le crâne sont vraiment une expérience à vivre, pour ceux en tout cas que l’aéronautique ne laisse pas indifférents… Le jeu local pour les plus téméraires, ou les plus inconscients, consiste à se tenir sur la plage, derrière les réacteurs des avions qui viennent s’immobiliser en bout de piste avant de décoller, à quelques dizaines de mètres seulement des baigneurs. Lorsque le pilote pousse la manette des gaz à sa pleine puissance, la force du souffle dans l’axe des réacteurs est telle qu’elle provoque une mini tempête de sable sur la plage et qu’elle expédie indifféremment dans l’eau casquettes, serviettes et même les badauds, incapables de résister au souffle des moteurs. Si l’expérience est tentante, elle peut aussi s’avérer dangereuse, voire mortelle. En 2017, une touriste néozélandaise est décédée alors que le souffle des réacteurs l’a projetée sur des blocs de bétons situés à l’une des extrémités de la plage. Navrant.



Mais alors que je pensais avoir vécu à Maho Beach l’expérience la plus impressionnante de notre séjour, j’étais loin de m’imaginer que l’aéroport de Saint-Barth allait m’en réserver une, encore plus époustouflante !

L’aéroport de Saint Jean, sur l’île de Saint Barthélémy
Impressionnant, ahurissant, vertigineux, spectaculaire, délirant, époustouflant… les superlatifs me manquent pour décrire ma stupéfaction à la découverte de cet aéroport probablement parmi les plus sensationnels au monde !


Ici, point de jumbo-jet. De toute façon, la piste est bien trop courte pour qu’ils s’y posent (600 mètres) et encore moins pour qu’ils en décollent… Seuls de « petits » avions privés ou qui assurent des liaisons inter-îles y font escale, ainsi que des hélicoptères.


Bien entendu, les pilotes qui se posent ici ont une qualif bien spécifique, car pour l’approche finale, il faut en fait viser juste pour passer entre deux versants de collines, où à la verticale de cet endroit, les trains d’atterrissage des avions frôlent véritablement le toit des voitures qui circulent sur le rond-point juste en-dessous, avant que le pilote cabre son appareil pour plonger vers la piste située en contrebas. Puis immédiatement après que les roues aient touché le sol, il freine avant d’amorcer un demi-tour à même la piste pour la remonter en sens inverse et gagner l’aérogare… sensations garanties ! Installé aux abords du rond-point ou perché sur un petit promontoire situé tout à côté, le spectacle est garanti !


De retour à Grand-Case pour la fin du séjour, inutile de vous préciser que lorsque le moment du retour en métropole fut venu, nous avons refait le trajet inverse entre notre villa et l’aéroport de l’Espérance, de la même manière qu’à l’aller… à pied !
Un grand merci à nos hôtes pour ce séjour tout aussi mémorable qu’exceptionnel, ainsi qu’à Djamal, le gérant de notre magnifique villa, sur les hauteurs de Grand-Case.


Mille mercis à Sébastien pour ce très bel article passionnant, écrit par un passionné ! Pour en savoir plus, cliquez sur l’article sur leur séjour.
Et au plaisir de vous faire découvrir d’autres lieux aussi exceptionnels, quelque part dans le monde, après les Canaries, –La Palma et la Goméra-, et Saint-Martin et Saint Barthélémy.